L'on dit que comparaison n'est pas raison. Voyons ! Votre article tout élogieux à l'égard de vos nobles convictions commence par ce rappel de l'un des épisodes d'une campagne présidentielle pas comme les autres, néanmoins portée aux nues, au prétexte que les Français, comme leur tout nouveau président face à Trump, ne s'en laissaient pas conter, je passe sur les lauriers, ni dicter leurs choix par des manœuvres primaires d'appareil. Au vu de votre article qui ne sourira de ces rodomontades gauchistes, en provenance du vedettariat médiatique qui voulait nous faire marcher tous au pas, sur l'air de : nous sommes des tous des godillots de Macron ? Je passe. Lors de la récente élection présidentielle française, dîtes-vous en guise de phase d'introduction, on (le garçon de plage Delanoé entre autres) a parfois mentionné Léon Trotsky et ses mises en gardes prémonitoires et pressantes contre la montée du nazisme. Vous omettez de préciser contre qui et à quel moment de la campagne, entre les deux tours, boum ! ce même Trotsky est cité à comparaître, au titre de témoin à charge : Mélenchon et la France insoumise. Et cela à son importance eu égard au contenu réel de votre article, un plaidoyer pour le trotskysme, victime du stalinisme, ce qui le transforme de facto en une démonstration ahurissante au regard de son point de départ annoncé : la montée du nazisme. Et vous lie aux contempteurs de l'insipide et inodore totalitarisme, heureux de faire oublier l'état français de funeste mémoire. Ce dernier n'est-il pas depuis 1789, la victime éternelle de la Révolution et ses bourreaux ? Mais encore un mot sur cet appel gouvernemental et étatique à Léon Trotsky, en défense de la république menacée. Vous êtes-vous posés, ne serait-ce qu'une seconde, la question de savoir de quelle autorité historique et, puisque nous en sommes là, de quelle autorité morale, les dénonciateurs du lepéno-mélenchonisme pouvaient se prévaloir, sans même parler de leur volonté de ramener la France de 2017 à l'Allemagne de 1938, chose qui n'est à proprement parler que supputation oiseuse. Ou déni idéologique d'histoire ou malhonnêteté intellectuelle de votre part, je vous laisse le choix. Voilà qui préjugeait déjà mal du choix de l'interlocuteur à qui cet article prétend répondre, en vain. Parce que votre article, votre interlocuteur, à l'évidence, s'en moque comme de l'an 40, n'étant tenu par rien. Ce qui, selon lui, j'imagine, n'est pas rien et même ajouterai-je, continuant à l'imaginer en Dupe des dupes, tout ! Autrement dit lui qui est en effet l'auteur d'une prose cultivée sur un siècle de charnier.
Et à propos de duperie volontaire, vous n'êtes pas en reste. Au lieu de dénoncer l'exhumation du vieux, à son corps défendant, par cette gauche anti-socialiste de petits-bourgeois en instance de radicalisation, et qui pour l'occasion lui a trouvé une qualité, la même que vous, celle de voyant, ce qui, comme elle cherchait de quoi défoncer le crâne de la France insoumise, colle parfaitement avec le vol à la roulotte dont il a été l'objet, vous ajoutez foi à cette manœuvre électoraliste, en l'émaillant d'une citation qui dit avant tout aujourd'hui ce qu'en France il convient de dire en pareilles circonstances, la destruction des juifs. Bravo ! Quelle reconstruction mathématique rondement menée ! Voilà ce qui s'appelle poser une clé de voûte, par lévitation, en vue d'élever quelque solide architecture, à supposer que ces fondations soient autres que quadrature physique du cercle. Vous n'êtes pourtant pas sans savoir qu'une citation politique n'a de valeur que rapportée à son contexte historique, car il ne s'agit pas ici de louer un être aimé, par le truchement de quelques vieux vers, voire géométriquement disposés à la moderne, façon poésie d'hôpital et ses échafaudages visibles, dont le charme malgré toutes les injures du temps opère encore, par cette magie qui nous fait aimer, parfois plus que de raison, ce qui n'est plus. Mais mais mais, revenons à nos moutons enragés ! Au moment où le vieux Trotsky s'exprime, tel que vous en rendez compte, au début de votre article, le mouvement ouvrier et socialiste, révolutionnaire a été écrasé, sous les coups conjoints du SPD, la gauche allemande de gouvernement très remontée, d'abord, et du stalinisme ensuite, ce totalitarisme anti-totalitaire, le temps d'un quinquennat mondial, et venu au secours de la démocratie capitaliste en danger. Vous n'êtes pas sans ignorer en effet que le chancelier social-démocrate Scheidemann et son acolyte Noske ont tous deux brillé, en janvier 1919, 19 ans avant 38, par la répression sanglante de la révolution spartakiste et par l'assassinat de Rosa Luxembourg et Karl Liebknecht, au moyen de bandes nationalistes de soldats démobilisés, les corps francs. Cela dit pour rappeler qui précisément a construit les premiers kilomètres d'une autoroute qui a emmené l'Allemagne dans les bras du chancelier Hitler. Se remémorer avec des mines graves et solennelles les crimes passés et oublier les causes, et pour cause, qui les ont rendus possible, telle est l'hypocrisie commune aux nobles états démocratiques occidentaux. Et ce sont les bénéficiaires au long terme de ces petits-bourgeois de gauche radicalisés à droite ou à gauche, qui prétendent faire barrage à l'extrême-droite. Comment ? Avec les armées russes et US ? Tiens ! Encore une ruse de l'histoire ! Ou, comme récemment, avec le soutien des marcheurs chinois très-chinois à la Miller, faisant barrage au lepéno-mélenchonisme, en agitant le panneau de vérité où mélanger serviettes et torchons ? À chacun sa Jérusalem céleste.
Un article oui a toujours un cœur qui bat, quand bien même sous une tonne de graisse et tel est le vôtre affecté d'un haut-le-cœur. C'est moi qui souligne en gras et corrige entre parenthèses.
D’autant plus grande est notre surprise — et, pour être clairs, notre dégoût —, de voir réapparaître ces horreurs, il y a quelques jours, dans une revue bon chic bon genre, La Règle du Jeu, sous l’intitulé le bal des lepénotrotzkystes (avec ou sans pompiers et feux d'artifices ?) et sous la plume de Jacques-Alain Miller (*) (une souris à plumes voilà qui est original). Cet article semble se prononcer en faveur d’un vote Macron pour faire barrage au Front National — ce qui fut, publiquement et clairement, notre position. Mais les déformations de sources y sont si nombreuses et les erreurs factuelles si grossières et si stupéfiantes que son honnêteté intellectuelle s'en trouve spectaculairement remise en cause (qu'est-ce que cela change au fait d'avoir appelé à voter macron comme vous l'avez fait ? Ou bien les consignes de vote dépendraient-elles, selon vous d'un certificat de bonne conduite, délivré par quelque témoin de moralité ? Dans ce cas que faîtes-vous du vote fillon pour macron ?).
Si vous ne manquez pas de bagout pour vanter votre ragoût, qu'imaginiez-vous, en criant au loup avec les loups ? Que les égouts du Front Républicain étaient roses et parfumés ? L'histoire dont vous paraissez faire si grand cas, quand bien même réduite au sort sanglant réservé aux opposants communistes au stalinisme, cet agent russe du capitalisme occidental, ainsi que l'histoire l'a démontré, cette histoire commune aux hommes ne vous a donc rien appris, excepté à vous complaire dans la défaite, en vous remémorant les noms et les actions des vaincus ? Et à quoi bon dénoncer les noms et les actions de leurs vainqueurs, si c'est pour louer ceux qui sont les bénéficiaires directs et indirects des crimes commis et qui trouveront encore, si besoin, et les moyens et les hommes pour défendre bec et ongles cet héritage riche en or et en crime, leur belle Europe montée par Jupiter dont il sera difficile de dire qu'il est jupitéro-trotskyte, je vous l'accorde ? Mais avec ce grand faiseur-moteur de Jacques-Alain, il ne faut jurer de rien. Ce gars-là, j'en suis sûr à partir de ses cochonneries jetées dans son panneau des quatre vérités, tirerait un islamiste, en l'attrapant par la queue, pour le montrer à ces messieurs-là qui gouvernent démocratiquement. Et vous derechef d'être dégoûtés ! Décidément la défaite est votre ADN ou logiciel, comme disent les cerveaux médiatiques, en panne d'images. C'est que leur poésie n'est qu'échafaudage. Manque l'objet réel qui lui donnerait sens.