Paris est mort.
Le Paris opposé à Londres, Vienne, Moscou, Berlin et leurs rois et empereurs et leurs uhlans et cosaques. Oui ! Austerlitz et Waterloo ne sont que des hameaux consulaires et princiers. Quelque chose pourri couvé sous l'or voluptueux et débonnaire.
Paris est mort.
Le Paris bancal au coeur qui chavire en raison de sa vie déchirée. Paris peuple Paris pénal Paris disséqué de son vivant par une presse féroce et vénale. La Transylvanie y a longtemps tenu ses quartiers puis a cherché son paradis aux antipodes.
Paris est mort.
Mort, ce matin, non ! Ce n'est pas une nouvelle qui se lit dans les journaux. Mais il a longtemps brillé non en vain après s'être éteint. Mais ce Paris-là n'a jamais été sur aucune carte, si ce n'est d'état-major et dans des livres d'appel à la mémoire avilie.
Paris est mort.
Le Paris émeutier et vendu à l'encan par quelques chefs plus français ou allemands que républicains. Paris d'épaules nues d'Arabes abattus l'ignominie continue. Analogie et amalgame se promènent mano dans la mano des Tuileries au faubourg Saint-Honoré.
Paris est mort.
Le Turc n'y est pour rien. D'ailleurs le sang chrétien, le Romain l'a sifflé jusqu'à la lie. Et maintenant il vit comme pou puissant au cul d'une grue. Paris n'est plus qu'un marigot où faire ses courses et planter fève ou haricot géant, comme un ballon en plastique brillant.
Paris est mort.
Adieu Paris-casse-croûte ! Tous les croque-morts perdurent, te recouvrant d'une liberté végétale. C'est l'adieu au guéridon des donneurs de vie, par le petit bout de la lorgnette, et de leçons. Et autour de Paris-mort veille le tout-Paris des lumières d'antichambre.
Paris est mort.
Et sur Paris-mort s'étend un Paris mielleux qui se fait dorer la brioche. Paris-néo Paris pro-tôt Paris bras et cuisses écartelées entre Bruxelles, Berlin, Béziers et Bamako. La quadruple capitale alternative à l'Utopie. Enfilez une Rolex ! Soyez sexe !
Paris est mort.
Mais ce matin, à Athènes, Sidi-Bel-Abbès, Saïgon, Santiago-de-Cuba... étalés dans les journaux, nous nous sentons toujours jeunes et parisiens. A savoir plus que jamais libres du vieux monde, le vieux-vieux et le vieux-jeune gavés de viagra, vivant dans la peau de Diogène.
Paris est mort, hourra !
Ce n'était pas un œuf de Pâques, abandonné par un lapin pressé du rendez-vous avec un merveilleux Géorgien, ni œuf conçu par Fabergé, puis raflé et retrouvé par Tintin le reporter et son âme aboyant au diable au vent au vide... pour conjurer Paris devenu en un sens monde ?