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Billet de blog 25 mai 2017

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Aux thuriféraires de la République en soi

Le thuriféraire (porteur d'encens) est le servant d'autel chargé du maniement de l'encensoir lors de la messe ou de certains offices de la liturgie catholique, anglicane ou luthérienne. Qui me lit comparera par exemple avec portefeuille ministériel ou porte-plume figaresque voire porte-avion Jeanne d'arc. Tous puissants outils de combat.

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Les commentateurs autorisés, avisés, cooptés, voire discrètement adoubés à la manière des vieilles confréries, dans le secret d’alcôves ou d'officines, jetons-leur à la face, leurs propres mots, avec lesquels ils flétrissent tout ce qu'ils affectent de prendre en horreur, du haut de leurs chaires imaginaires, ces commentateurs-là donc ne cessent de nous rappeler combien ils défendent, eux et leurs clubs informels et leurs commissions ad hoc, les valeurs républicaines. Mais qu'est-ce que cette périphrase prononcée avec des airs graves et solennels peut bien signifier au juste ? Quelles sont ces valeurs si formidables qu'elles en deviennent innommables ? Car il ne s'agit en aucun cas de cette devise connue dans le monde entier : liberté égalité fraternité. La liberté aujourd'hui est pour chacun pris à part et selon son état social. L'égalité, ni plus ni moins qu'une oppression. Et la fraternité, quelque chose festif et blanc comme plaque de beurre. Sauf que le pain manque. Aussi insistons et reposons la question. Quelles sont ces valeurs hyper présentes, bourdonnant à nos oreilles, comme mouches du coche, et cela tous les jours que le président français fait, dans son infini mansuétude, et dont il se gratifie volontiers ? Quant à cet homme-là, garant des dites valeurs, vite, deux mots, une fois n'est pas coutume. Qui ne voit que comme les valeurs en question, il est partout et nulle part. En photo, derrière micros et caméras, dans la rue, à pied, au pas de course et en voiture blindée... travaillant travaillant travaillant à sauver la France dont Hugo, cette vieille vache espagnole, et lascive et indolente, disait, en pleine orgie parisienne, à savoir au lendemains du premier grand massacre d'ouvriers et du prolétariat parisien, en 1848, qu'elle sera sauvée. Certes ! Mais à quel prix ? Au prix de ces fameuses valeurs républicaines qui ont noms actuels : l'Europe, l'euro, le marché, la dette, les réformes et tout ce clinquant tricolore et tranquille qui attend en retour d'être payé au centuple et que ces commentateurs-là et experts de la vie publique nous invitent à partager, comme le prêtre, le sang et le corps du Christ. Le temps n'est-il pas venu, parce que nous en avons soupé de leurs grimaces, de leur rappeler que cet héritage-là, légué et transmis de génération en génération, nous n'y souscrivons pas, bien que nous continuons à le payer avec nos vies, pour leur plus grand profit et tranquillité d'esprit ? C'est un premier point et non le moindre parce qu'il est constituant du plus grand nombre.

Mais il est vrai qu'en même temps, l'histoire, cette grosse boule puante, par eux, universellement haïe, ne les retient plus. Mais alors plus du tout. Trop archaïque, rétrograde, ringarde, au point qu'elle semble toute recroquevillée sur elle-même et comme fermée au monde. D'ailleurs, l'histoire à présent supprimée, par décret de société civile, vile et veule, conviendrait mieux, il n'y en a plus. Tout bonnement. Ce n'est à leurs yeux que bruit et fureur qu'il conviendrait d'effacer avec du sang et des larmes, comme l'a encore dit, il y a peu, l'un de leurs tonitruants trublions qui nous a carrément invité, lui, au langage de portefaix, à dégager ! Où ? Il ne l'a pas dit. Mais ses paroles médiatiquement relayées ont été entendues et toute une flopée de pioupious s'est envolée pour la Syrie, migration politique inattendue et à rebours des valeurs républicaines, traduisant ainsi dans les faits, son désir d'un entre-soi entres personnes bien nées, choisies et triées sur le volet. Ah ! Il a tout lieu d'être satisfait de son identité surfaite, monsieur pignon. Mais revenons à nos moutons enragés qui se répandent sur les ondes, en y propageant leur douce utopie, en tant qu'unique alternative au Mal, au Chaos et à tous ses mots qui leur collent à la peau et leur servent de petite laine. Souffle ici en effet une bise glaciale que seuls les morts, s'ils pouvaient parler, nous envieraient. Car certes, en nous, la vie, même si ravalée au rang d'écritures comptables, demeure. Aussi devons-nous faire en sorte qu'elle nous serve à marteler avec force qu'eux non plus et leur mode de vie dispendieux ne nous retiennent plus. Pourquoi ? D'abord et avant tout parce que c'est une vie qui croît et se développe, en se déployant à partir de montagnes de cadavres dont ils se glorifient avec un culot inouï. N'en débattent-ils pas depuis des décennies et de commémoration en commémoration, avec le succès nationaliste que tout le monde sait ? Partout en Europe la xénophobie progresse, dont nous serions, nous, les rien du tout, comptables. La preuve qu'on ne prête pas qu'aux riches et que tout le monde en démocratie a droit à sa part d'héritage. À l'évidence, l'histoire mise au placard, comme vierge de procession contre l'orage, est loin d'être perdue pour tout le monde. Simplement tout toujours se transforme et fait signe en fonction de l'époque. Ce dont tous les commentateurs-vedettes jouent, rarement avec brio, l'époque n'est plus à l'éloquence, mais toujours avec la même assurance de celui qui domine son petit monde, croyant par là avoir dompté les ombres qui le hantent, en faisant des juifs, serfs coloniaux et esclaves, une peau supérieure en puissance à celle d'Achille ou Siegfried. Ce qui n'a empêché Kennedy de se faire assassiner. Fort heureusement, tout du moins pour une partie ou une autre du monde, Oswald n'était pas un terroriste mais un tueur à gages, semble-t-il. Voire un de ces idiots utiles à quelques lobbys rivaux. La piste Ho-chi-minh ayant fait long feu.

Et justement quant à parler terreur, régressons au premier stade républicain afin, comme ils disent, biberonnant de grands mots, de mieux transgresser les tabous républicains, assez de filiations, ne massacrons plus pères et mères, c'est déjà fait, la république s'en est chargée, et crevons allègrement l'histoire en vidéo, pour aller droit à l'histoire réelle, d'où nous vient leur république, cinquième du nom, république présidentielle, qui n'a plus, pour se prévaloir, que cette périphrase citée plus haut, volant de bouche en bouche, comme paroles d''évangile. Encore faut-il gratter loin et en profondeur, sans avoir peur de plonger dans le poisseux, le funeste et le frénétique, au lieu de se livrer aux habituelles homélies sur la supériorité constitutive de nos belles démocraties. Oui ! Les philosophes d'antichambre nous disent que c'est en re-lisant Tocqueville, Renan et windsor que sera résolu et la question de l'état et celui de son gouvernement. Heureux les idiots qui ont touché du doigt la lune par le biais de leurs lectures. S'ils n'en sont toujours pas revenus, encore en quête de grand pas, au moins ce survol de chouette leur procure-t-il l'occasion de faire pelote et pompon d'honneur. C'est à se demander si la France a bien été ce pays des révolutions et contre-révolutions concaténées qui provoquent à la fois l'effroi et l'admiration, chez ses partenaires et concurrents. Mais comme ils adorent les métaphores, commençons par leur en donner une courte. La première république a eu, comme Ramsès II, une vie courte. Cependant comme Pharaon, elle a gagné en échange, une vie éternelle. Et c'est en tant que momie qu'elle a accompli son long périple, parvenant jusqu'à nous, coiffée d'un beau tuyau-de-poêle doré, ronflant au-dessus du chaudron des partis. La preuve qu'une hirondelle fait le printemps français. Mais cessons-là la facétie, parce que déjà des voix s'élèvent pour dire : c'est un fasciste ! Pendez-le à un croc de boucher ! Sachons entrer dans leur jeu, en leur renvoyant leurs propres mots à la figure, ainsi qu'ils le font avec nous, tous les jours, avec sournoiserie et perfidie dont il paraît qu'elles sont choses proprement anglo-saxonnes. C'est mal connaître l'exception gauloise et sa théologie salique et gallicane. Qu'est-ce que tout cela, à la fin, peut bien signifier ? Eh bien que l'histoire n'est pas un chouette concept ou un rapace sans foi ni loi, ni la république, une chose à malaxer pour bâtisseurs d'empire. Le fait est qu'en France toutes les républiques, à l'exception de la première, sont nées, soit par trempage dans le sang ouvrier, soit, plus ignominieux encore, dans le sang indigène et juif. Ce qui n'a pas empêché « notre état » de poursuivre sa besogne séculaire, en fusillant et guillotinant de l'ouvrier et du résistant, et tout cela au nom de « notre peuple ».

Alors certes, comme disent les gens alertes, toujours déjà alertés par de possibles retours indésirables d'ascenseur, il faut savoir tourner la page. C'est bien ! Encore faudrait-il ne pas jeter les évangiles au feu, afin que tous en disposent en totalité, au lieu de recevoir, de manière fragmentaire et scolaire, pour tout viatique républicain, quelques morceaux retenus après de laborieux conciles, œuvrant à établir des interdictions, sous forme de lois, en vue de préserver un ensemble de mémoires, se livrant à une guerre sans merci et servant par là-même d'holocauste purificateur à une république une et indivisible. Chapeau ! Les artistes ! Mais la cinquième, combien d'escadrilles de faucons, pour protéger leur belle colombe, tout de paix et d'amour entre les peuples dans le bec ? Plus qu'il n'en faut, tous libéraux et conservateurs qui jurent la main sur le cœur leur amour indéfectible de la France. Bigre ! Il faut repeindre « notre drapeau » en gris, avec la figure de Félix le chat, sur un bord, pour nous avertir du retour de couleurs. Ne soyons pas dupes de notre propre histoire ! Voilà ce que ces messieurs-dames-là nous enseignent malgré eux. Et plutôt que de tourner et retourner la page, au risque d'une histoire sans fin, voire sans queue ni tête, lisons directement dans le grand livre ouvert de la vie politique, économique et sociale, les résultats de leur énième projet pour la France. Autrement dit la gestion et l'administration de leur état qui n'est en rien nôtre. Sauf à considérer que la remise en cause récente de leur propre code du travail, pondu en 1910, un siècle après le code pénal, ce qui en dit long sur l'ordre des choses et leur perspective à long terme, est déterminé par nos besoins et bien-être. Il n'est qu'à considérer la question du dimanche travaillé pour comprendre ce qui les anime : l'esprit d'entreprise et les profits qui en résultent, en esquivant la question de notre propre mode de vie, par une rhétorique populiste qui énonce que, tout compte fait, l'intérêt des salariés qui sont aussi des consommateurs, ayant gagné le droit de jouir de leurs revenus, prime. Telles sont leurs valeurs réelles toujours au faîte des besoins des marchés et de la civilisation capitaliste dans son ensemble qui a réduit les élections à du folklore, tout en proclamant, en France, que rien de plus important et urgent que d'élire un président. Le reste, la main-d’œuvre salariée, étant, en dernière analyse, un surplus de marchandises extra dont il faut user à volonté. Bonne, il va de soi. Sans quoi adieu à la belle image démocratique et aux valeurs républicaines qui la confortent. Il est donc clair que, hormis la langue et encore conviendrait-il d'examiner la chose en détail, nous n'avons rien de commun avec toutes ces couches et classes qui décident, dirigent et organisent la vie en général, selon leurs propres impératifs et exigences, dont d'ailleurs elles se demandent parfois elles-mêmes quels sont-ils réellement ? Le monde est si instable et dangereux, n'est-il pas ? Mais cette dangerosité, de quel repli surgit-elle ? D'un mélange de torchons et de serviettes qui ne partagent pas les valeurs républicaines. Voilà une ONU non identifiée, à la communauté pour le moins bigarrée !

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