Jean Dugenêt (avatar)

Jean Dugenêt

Essayiste politique

Abonné·e de Mediapart

114 Billets

0 Édition

Billet de blog 2 juin 2024

Jean Dugenêt (avatar)

Jean Dugenêt

Essayiste politique

Abonné·e de Mediapart

Élections européennes et contexte international

A l’approche des élections européennes, je reprends ici au nom de l’AGIMO un texte de l’UIT-QI modifié sur quelques points pour l’adapter à la situation en France.

Jean Dugenêt (avatar)

Jean Dugenêt

Essayiste politique

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Illustration 1

Les élections européennes du 6 au 9 juin se déroulent au carrefour d’une profonde crise économique mondiale du capitalisme, de l'invasion russe de l'Ukraine et du génocide du peuple palestinien. La politique de l'Union européenne et des gouvernements des pays adhérents consiste à faire supporter aux travailleurs la totalité de la crise. Cela s'exprime dans tous les pays de l’UE, quelle que soit la couleur politique des gouvernements :

  • gouvernements libéraux de droite comme Macron en France ou Montenegro au Portugal ;
  • gouvernements sociaux-démocrates comme Pedro Sánchez en Espagne ou d'Olaf Scholz en Allemagne ;
  • gouvernements d'extrême droite de Meloni en Italie ou d'Orban en Hongrie.

Ces gouvernements sont complices de l'extermination des Palestiniens. Ils arment Israël et entretiennent des relations privilégiées avec les institutions et les entreprises israéliennes. Les déclarations d'Ursula von der Leyen sur le soutien inconditionnel à Israël ont dû être nuancées après les grandes manifestations qui ont eu lieu dans toute l'Europe. Les masques de l'impérialisme européen tombent. L'Allemagne est le deuxième exportateur d'armes vers Israël (30% du total), et son gouvernement composé de sociaux-démocrates et de Verts défend Israël contre la plainte de l'Afrique du Sud auprès de la Cour internationale de l'ONU, tout en réprimant avec force l'immense mouvement de solidarité en faveur du peuple palestinien. Cette répression s'abat aussi sur ceux qui sont à l'initiative du soutien au peuple palestinien comme en France, en Grande-Bretagne, aux Pays-Bas ou en Italie.

Aujourd'hui, la jeunesse étudiante européenne, à la suite du mouvement initié par les universités américaines, a dénoncé la complicité des gouvernements et des institutions universitaires avec l'État génocidaire d'Israël notamment lors de diverses occupations de campus universitaires. Le spectre des immenses mobilisations de masse contre la guerre au Vietnam refait surface. Les puissants se souviennent que ces manifestations ont été essentielles à la défaite impérialiste. Les peuples voient dans la lutte palestinienne le symbole de la lutte des peuples contre l'impérialisme. La répression croissante qui s'exerce aujourd'hui contre toutes les expressions de la solidarité avec la Palestine s'exercera demain contre les manifestations sociales. Nous sommes aux côtés de la résistance palestinienne, pour la fin de l'État sioniste et de son régime d'apartheid, pour la rupture des relations à tous les niveaux avec Israël, pour une "Palestine libre de la rivière à la mer" c'est-à-dire du Jourdain à la mer.

Pour les intérêts impérialistes, Israël est un élément stratégique et l’Ukraine est devenue une monnaie d'échange dans les négociations entre les impérialismes russe et américain. C'est la résistance du peuple ukrainien qui a empêché l'occupation complète de l'Ukraine en trois jours, ce qui a forcé l'impérialisme américain et l'UE à prendre officiellement position en faveur des ukrainiens. Ils ont ensemble livré des armes au compte-gouttes pour être cohérent avec leur posision offcielle mais en se gardant bien de fournir ce qui aurait permis aux ukrainiens de chasser l’envahisseur. Dans une confrontation entre un impérialisme (qu'il soit majeur ou mineur) et un État semi-colonisé comme l'Ukraine nous sommes du côté du pays opprimé quel que soit son gouvernement. Contre l'invasion russe, nous sommes avec la résistance du peuple ukrainien. Nous avons envoyé 4 convois de matériel et nous continuerons à soutenir la gauche antiautoritaire ukrainienne et les syndicats militants.

L'agression russe a produit l'effet inverse de celui qu'elle voulait poursuivre. Elle a permis à l'OTAN de renaître de son coma après la défaite en Afghanistan. Une renaissance qui s'est traduite par l'adhésion de nouveaux pays à l'Alliance et par une augmentation généralisée des dépenses militaires. Ce n'est pas la livraison d'armes à l'Ukraine qui justifie cette montée du militarisme. Il est évident que les États-Unis et l'UE ont limité la livraison d'armes lourdes et de munitions ainsi que d'avions de combat, ce qui montre que leur objectif est de négocier avec Poutine et non de le vaincre. La tendance des impérialismes européens à perdre leur poids spécifique s'accentue aux mains d'autres impérialismes, tels que les États-Unis, la Chine ou la Russie. Cette tendance est évidente en termes économiques et politiques, comme le confirme le récent retrait de la France en Afrique subsaharienne. Nous sommes contre l'augmentation des dépenses militaires, pour la dissolution de l'OTAN et la fin des bases impérialistes américaines et russes en Europe.

La crise économique capitaliste internationale, loin d'être résolue tend à s'aggraver. Avec l'Allemagne, moteur de l'Europe, en récession, l'Union européenne est au service des multinationales. Alors que les grands patrons font de gros profits, les mobilisations des travailleurs l'année dernière pour demander des augmentations de salaires face à une forte inflation, ou les grandes mobilisations pour arrêter la réforme des retraites en France, étaient la réponse des travailleurs à la dégradation des conditions de travail et des retraites. Il y a quelques années, c'étaient les mobilisations des gilets jaunes qui venaient en réponse aux attaques contre les plus démunis. Il y a quelques mois, les mobilisations dans les campagnes de toute l'Europe venaient en réponse à un appauvrissement croissant de la petite bourgeoisie des villes et les campagnes laquelle est également touchée avec la masse des travailleurs.

L'Union européenne permet aux multinationales une nouvelle division du travail. Les pays méditerranéens comme le Portugal, l'Espagne ou la Grèce ont démantelé leur capacité industrielle. Le prétexte des capitalistes était leur manque de compétitivité ce qui permettait de renforcer le poids des grands industriels allemands. Le destin des pays méditérranéen dans la nouvelle répartition du travail était de devenir une zone agricole, de services et de tourisme, secteur synonyme d'emplois précaires, de bas salaires, de déréglementation des conditions de travail. Loin de tendre à l'égalisation entre les peuples, ces différences dans les activités économiques s'intensifient avec la crise par le biais de gouvernements capitalistes, d'institutions et de conditions économiques dictées par l’UE. L'euro a agi sur les économies les plus faibles d'Europe comme une dollarisation sous contrôle allemand : il a creusé les différences et conduit à la création d'une énorme dette extérieure qui, pour renégocier ses tranches, oblige les États et les gouvernements du Sud à mettre en œuvre les plans dictés par les multinationales allemandes et françaises.

La politique de l'Union européenne s'élève contre les migrants. Alors que ses multinationales, ainsi que celles d'autres impérialismes — USA, Chine ou Russie – pillent ces pays et maintiennent des dictateurs à leur service contre les peuples, l'Union européenne transforme ses côtes en forteresse inabordable pour les migrant ce qui entraine des milliers de morts noyés en Méditerranée. Elle finance les États tiers, sans tenir compte qu'ils ne respectent pas les droits minimaux des migrants, afin de rendre l'accès aux pays d’Europe plus difficile. Mais, les dirigeants de l'UE savent que la répression n'arrêtera pas les milliers de personnes qui fuient la faim, les guerres ou les dictatures. La répression policière frappe notamment dans des secteurs tels que l'agriculture pour imposer des conditions qu'un travailleur bénéficiant d'une convention collective n'accepterait pas.

Les grandes mobilisations qui ont surgi dans le feu de la résistance lors de la première phase de la crise de 2008-2009, ont eu leur expression dans la recherche de nouveaux référents politiques, Syriza en Grèce, Podemos en Espagne, Corbin dans le Labour britannique, la France Insoumise ou le Bloc de Gauche au Portugal. Mais ils étaient tous l'expression d'un néo-réformisme incapable de répondre aux besoins de la classe ouvrière et des secteurs populaires et, à peine montaient-ils en puisssance qu'ils retombaient dans le déclin. Aujourd'hui, face à la nouvelle aggravation de la crise et aux tensions sociales croissantes qui en découlent, l'extrême-droite cherche à approfondir l'attaque des capitalistes contre la classe ouvrière et les libertés démocratiques. Le 19 mai dernier, Abascal de Vox, avec Meloni, Le Pen, Morawiecki, Orab et André Ventura, ainsi que Milei d'Argentine et Kast du Chili, se sont présentés à Madrid pour lancer la campagne pour les élections européennes.

Faire barrage à l'extrême-droite, c'est faire émerger une alternative, à partir de la mobilisation ouvrière et populaire, une alternative de rupture avec le système capitaliste.

Ni les travailleurs ni les peuples ne peuvent attendre quoi que ce soit de bon de l'Union européenne. L'Union européenne est conçue comme un club d'États et de gouvernements capitalistes. Il ne faut donc donc pas s'attendre à ce que l’UE soutienne les peuples opprimés. L'UE est conçue de telle sorte qu’elle ne puisse pas être réformée. Notre alternative contre l'Union européenne n'est pas de revenir à la souveraineté d'anciens États, mais de confronter le projet de l'UE à une Europe des travailleurs et des peuples, une Fédération des républiques socialistes.

C'est pourquoi nous, les militants internationalistes, appellons les travailleurs et les jeunes à continuer à lutter contre les coupes sociales et à défendre leurs revendications dans chaque pays et dans toute l'Europe.

Lors des élections européennes du 6 au 9 juin, nous appelons à ne pas voter pour les candidats Macron, Pedro Sánchez, Georgia Meloni, Olaf Scholz, ni pour aucun candidat des partis capitalistes, qu'ils soient libéraux, sociaux-démocrates ou d'extrême-droite.

  • Non au génocide israélien à Gaza.
  • Soutien à la résistance ukrainienne contre l’invasion russe.
  • Non aux coupes sociales.
  • Pour la défense des salaires et des pensions.
  • Pour la défense des services publics.
  • Plus de privatisations.
  • Pour la nationalisation des banques et des entreprises stratégiques sous le contrôle des travailleurs. Pour abroger les lois sur les étrangers avec notamment la suppression des camps de rétention en France.
  • Pour le droit à l'autodétermination des nations opprimées.
  • Non au remboursement de la dette.
  • Des augmentations d'impôts pour les riches pour financer un plan d'urgence pour les travailleurs et les peuples.
  • Solidarité avec les peuples qui luttent contre l'impérialisme.
  • Pour des gouvernements de travailleurs.

Pour l’AGIMO, Jean Dugenêt le 29 mai 2024

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.