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Billet de blog 3 octobre 2025

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Poutine est-il amnésique ?

Poutine se souvient en 2014 que l’OTAN a fait une promesse en 1990. Il avait eu un trou de mémoire pendant 14 ans. Et voilà maintenant qu’il oublie qu’en 2005, il avait déclaré : « Si d’autres républiques de l’ex-URSS adhèrent à l’OTAN, nous respecterons leur choix. C’est leur droit souverain en matière de défense. ». Décidément, Poutine semble avoir de sérieux problèmes d’amnésie.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Illustration 1

Poutine a répété au moins quatre fois que ses prédécesseurs ont été abusés, qu’on leur a menti, que des promesses ont été faites et n’ont pas été tenues.

  • Le 18 mars 2014, dans un discours prononcé eu Kremlin pour justifier l’annexion de la Crimée, Poutine déclare : “Ils nous ont menti à plusieurs reprises, ils ont pris des décisions dans notre dos, ils nous ont mis devant le fait accompli. Cela s’est produit avec l’expansion de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (ITAN) vers l’est, ainsi qu’avec le déploiement d’infrastructures militaires à nos frontières”. (Transcription complète du discours)
  • En 2015, Poutine déclare : « Rien n’avait été couché sur le papier. Ce fut une erreur de Gorbatchev. En politique, tout doit être écrit, même si une garantie par écrit est aussi souvent violée. Gorbatchev a seulement discuté avec eux et a considéré que cette parole était suffisante. Mais les choses ne se passent pas comme cela ». (Documentaire d’Oliver Stone « Conversations avec M. Poutine »)
  • Le 15 février 2022, il réitère : “Nous avons été escroqués, trompés. On nous avait promis que l’infrastructure de l’OTAN ne s’avancerait pas d’un pouce vers l’est. Ils ont dit une chose et fait le contraire”. (Citation reprise sur Huffington Post)
  • Le 30 septembre 2022, Poutine remet ça : "La promesse ferme de ne pas élargir l'Otan s'est transformée en un sale mensonge" (Cette vidéo à 40 s).

Est-ce un hasard s’il semble retrouver la mémoire à ce sujet au moment où il doit justifier sa volonté d’annexer la Crimée ? Pour répondre à la question, nous allons examiner précisément ce qu’on dit les personnes les plus impliquées à savoir :

  • Le secrétaire d’Etat américain James Baker.
  • Le secrétaire général du Parti communiste russe Mikhaïl Gorbatchev.

Ce que Baker a dit à Gorbatchev le 9 février 1990

Cette promesse aurait été faite le 9 février 1990 par le secrétaire d'Etat américain James Baker à Mickaël Gorbatchev. Nous rapportons ici précisément le dialogue tel qu’il est publié dans « Les promesses faites à Gorbatchev : l'avenir des alliances au crépuscule de la guerre froide » aux éditions PUF.

Au cours d’une discussion étendue, Baker demande :

« Je veux vous poser une question à laquelle vous n’êtes pas obligé de répondre maintenant. En supposant que l’unification [de l’Allemagne] ait lieu, qu’est-ce qui est préférable pour vous : une Allemagne unifiée en dehors de l’OTAN, entièrement indépendante (la version russe dit, samostoiatel’naia), sans troupes américaines, ou bien une Allemagne unie, qui maintient les liens avec l’OTAN, mais avec la garantie que ni la juridiction ni les troupes de l’OTAN ne s’étendront à l’est de la ligne actuelle ? »

Gorbatchev répond :

« Nous allons réfléchir à tout cela. Nous avons l’intention de discuter toutes ces questions au niveau de la direction. Il est entendu, c’est clair, que l’élargissement (rassihirenie) de la zone de l’OTAN est inacceptable (iavliaetsia nepriemlemym). »

Et Baker de répondre :

 « Nous sommes d’accord avec cela »

Depuis, plusieurs acteurs de la période, en commençant par Baker lui-même, ont rappelé que dans cet échange il n’était question que de l’Allemagne. Les mots « à l’est de la ligne actuelle » ne s’appliquaient qu’au territoire de la RDA. L’engagement du secrétaire d’État américain ne concernait donc que l’Allemagne et non pas les pays de l’Est, sujet sur lequel il n’a pas été interrogé et sur lequel il ne s’est pas exprimé.

A-t-il été dit : « Les troupes de l’OTAN ne s’étendront pas d’un seul pouce à l’Est » ? Pour répondre, il faut savoir qu’après une réunion internationale, chaque délégation fait un compte-rendu des discussions appelé un mémorandum. Parfois des petites différences peuvent apparaître entre les différentes versions.

Les versions anglaises et russes du procès-verbal coïncident. Le seul décalage mineur, invoqué par Matlock, c’est que Baker aurait dit : « Les troupes de l’OTAN ne s’étendront pas d’un seul pouce à l’Est » (not one inch eastward). Ce bout de phrase manque dans la version russe, supposément, selon Matlock, parce que le « pouce » ou l’« inch » n’est pas une mesure connue en Russie. Ni le terme technique « dium », ni une variante telle que « 2,5 cm » n’aurait été compréhensible.

Illustration 2

En 1990 Baker et Gorbatchev se rencontrent sur la base Endrew de l’Air Force américaine

Ce qu’a dit Gorbatchev le 16 octobre 2014

Voyons maintenant ce qu’a dit Gorbatchev, le 16 octobre 2014, en répondant aux questions d’un journaliste de RBTH (Russia Beyond). Vous trouverez le texte en anglais dans un article intitulé « Mikhail Gorbachev : I am against all walls ». Précisons que Poutine est, à ce moment, au pouvoir depuis quatre ans et qu’il a mis toute la presse à ses bottes. Il a affirmé 7 mois auparavant que la promesse a été faite. On voit, en lisant la question posée, que le journaliste de Russia Beyond reprend avec insistance la version de Poutine : des promesses de non-extension de l'OTAN ont été faites, en particulier par James Baker. Voici ma traduction de la question et de la réponse.

Question du journaliste :

« L’une des questions clés soulevées par les événements en Ukraine est l’expansion de l’OTAN vers l’Est. Avez-vous le sentiment que vos partenaires occidentaux vous ont menti lorsqu’ils élaboraient leurs projets d’avenir en Europe de l’Est ? Pourquoi n’avez-vous pas insisté pour que les promesses qui vous ont été faites – notamment celle du secrétaire d’État américain James Baker selon laquelle l’OTAN ne s’étendrait pas à l’Est – soient juridiquement codifiées ? Je cite Baker : « L’OTAN ne s’avancera pas d’un pouce plus à l’Est. »

Réponse de Gorbatchev :

« Le sujet de l’« élargissement de l’OTAN » n’a jamais été abordé, et il n’a pas été évoqué pendant ces années. Je le dis en toute responsabilité. Aucun pays d’Europe de l’Est n’a soulevé cette question, même après la fin du Pacte de Varsovie en 1991. Les dirigeants occidentaux ne l’ont pas évoquée non plus. Un autre point que nous avons évoqué a été abordé : garantir que les structures militaires de l’OTAN ne progresseraient pas et que des forces armées supplémentaires de l’Alliance ne seraient pas déployées sur le territoire de l’ex-RDA après la réunification allemande. La déclaration de Baker, mentionnée dans votre question, a été faite dans ce contexte. Kohl et [le vice-chancelier allemand Hans-Dietrich] Genscher en ont parlé.

Tout ce qui pouvait et devait être fait pour consolider cette obligation politique a été fait et respecté. L’accord de règlement définitif avec l’Allemagne stipulait qu’aucune nouvelle structure militaire ne serait créée dans l’est du pays, qu’aucun déploiement de troupes supplémentaires n’y serait effectué, qu’aucune arme de destruction massive n’y serait déployée. Cela a été observé toutes ces années. Il ne faut donc pas présenter Gorbatchev et les autorités soviétiques de l’époque comme des naïfs à la merci de l’Occident. S’il y a eu naïveté, c’est plus tard, lorsque la question s’est posée. La Russie n’a d’abord pas émis d’objection.

La décision des États-Unis et de leurs alliés d’étendre l’OTAN à l’Est a été prise de manière décisive en 1993. J’ai d’emblée qualifié cette décision d’erreur grave. Il s’agissait d’une violation flagrante de l’esprit des déclarations et des assurances qui nous avaient été faites en 1990. Concernant l’Allemagne, elles étaient juridiquement consacrées et sont respectées. »

Gorbatchev n’était pas débile. L’intégralité de sa réponse est parfaitement cohérente. Il n’y a jamais eu de promesse de non extension de l’OTAN vers l’Est. Plus tard, il y a eu effectivement une extension avec l’adhésion de la Hongrie, de la Pologne et de la République tchèque, le 12 mars 1999. Gorbatchev précise que la décision a été prise dès 1993. Nous savons qu’en mars 1991, l’OTAN avait refusé d’intégrer ces trois pays qui remplissaient pourtant les conditions imposées à cette époque. En fait la décision date officiellement du 10 janvier 1994  :

« Lors du Sommet de l’OTAN, tenu à Bruxelles, les 16 dirigeants alliés ont dit qu’ils escomptaient un élargissement de l’OTAN aux Etats démocratiques de l’Est, et qu’ils l’envisageraient favorablement. Ils ont réaffirmé que, comme le prévoit l’Article 10 du Traité de Washington, l’Alliance était ouverte à d’autres Etats européens susceptibles de favoriser le développement des principes de ce Traité et de contribuer à la sécurité de la région de l’Atlantique Nord ».

Gorbatchev avait toute liberté de considérer que, de son point de vue, c’était une « erreur grave » et qu’il s’agissait d’une « violation flagrante de l’esprit des déclarations et des assurances qui nous avaient été faires en 1990 » mais, pour autant, il ne renie pas ce qu’il vient de dire quelques secondes auparavant : « Le sujet de l’« élargissement de l’OTAN » n’a jamais été abordé, et il n’a pas été évoqué pendant ces années ».

Il souligne d'ailleurs qu'ils ne se sont nullement fait manipuler avec de fausses promesses. Il dit : "Il ne faut donc pas présenter Gorbatchev et les autorités soviétiques de l’époque comme des naïfs à la merci de l’Occident." Il contredit ici l'argument de Poutine avancé plusieurs fois. Gorbatchev aurait été abusé par des fausses promesses. On lui aurait menti.

La question du journaliste introduit donc d’emblée une contre-vérité communément claironnée chez les poutinistes quand il dit : « Pourquoi n’avez-vous pas insisté pour que les promesses qui vous ont été faites – notamment celle du secrétaire d’État américain James Baker selon laquelle l’OTAN ne s’étendrait pas à l’Est – soient juridiquement codifiées ? Je cite Baker : « L’OTAN ne s’avancera pas d’un pouce plus à l’Est. ».

Gorbatchev le recadre dans sa réponse en expliquant que : « La déclaration de Baker, mentionnée dans votre question, a été faite dans ce contexte. ». Il s’agissait de « garantir que les structures militaires de l’OTAN ne progresseraient pas et que des forces armées supplémentaires de l’Alliance ne seraient pas déployées sur le territoire de l’ex-RDA ». La déclaration de Baker ne concernait que l’Allemagne de l’Est et Gorbatchev prend la précaution d'ajouter : « Il ne faut donc pas présenter Gorbatchev et les autorités soviétiques de l’époque comme des naïfs à la merci de l’Occident ». Il a raison d’insister car Poutine voudrait maintenant faire croire que les autorités soviétiques et lui-même étaient, à l’époque, de grands naïfs qui se sont fait avoir. Nul doute que si c’était vrai, Poutine ne s’en vanterait pas !

L'absorption dans l'OTAN était inimaginable

Remarquons bien aussi que lorsque la décision a été prise en 1993 d’intégrer dans l’OTAN des pays de l’Europe de l’Est, Gorbatchev considérait qu’il s’agissait d’une erreur et non pas d’une agression caractérisée de l’OTAN. Si les évènements s’étaient déroulés tels que Gorbatchev les souhaitait, l’OTAN aurait disparu en même temps que le pacte de Varsovie car il voulait une entente parfaite entre l’Ouest et l’Est. Une autre hypothèse a été envisagée : l’entrée dans l’OTAN de tous les anciens pays du bloc-de l’Est, Russie comprise. Comment et pourquoi un homme qui souhaite, à ce moment-là, soit la suppression de l’OTAN soit l’intégration de la Russie dans l’OTAN irait-il se préoccuper d’éventuelles promesses sur la non-extension de cette organisation ?

Son ministre des affaires étrangères Edouard Chevardnadze a dit en 2009 dans une interview accordée en allemand que la dissolution du pacte de Varsovie et, a fortiori, l’absorption dans l’OTAN des pays de l’Est et de certaines républiques ex-soviétiques étaient tout simplement quelque chose d’inimaginable : « À l’époque, nous ne pouvions pas croire que le Pacte de Varsovie puisse être dissous. C’était au-delà de notre domaine de compréhension. Aucun des pays participants n’avait de doute sur le Pacte de Varsovie. »

Il faut donc bien voir la différence entre la situation en 1990 et la situation en 1993 pour comprendre qu’il n’y a aucune contradiction dans ce que dit Gorbatchev.

Etapes vers l’extension de l’OTAN

Pour bien comprendre tout cela, il faut suivre l’évolution de la situation pendant les deux années cruciales : 1990 et 1991. Quelles ont été les différentes étapes qui ont mené au premier élargissement de l’OTAN ? Je donne en six points, un résumé de cette évolution :

  1. Aucune demande d'adhésion à l'OTAN n'a été officiellement formulée de la part des pays du "bloc de l'Est" avant 1991 exception faite de l'Allemagne de l'Est qui a été intégrée dans l'OTAN le 12 septembre 1990. Le traité de Moscou stipule : "Après l'achèvement du retrait des forces armées soviétiques du territoire de l'actuelle République démocratique allemande et de Berlin, des unités des forces armées allemandes affectées aux structures d'alliance de la même manière que les unités stationnées sur le reste du territoire allemand pourront également stationner dans cette partie de l'Allemagne, bien que sans vecteurs d'armes nucléaires. Ceci ne s'applique pas aux systèmes d'armes classiques qui peuvent avoir d'autres capacités en sus de leur capacités classiques mais qui, dans cette partie de l'Allemagne, sont équipés à des fins classiques et affectés seulement à celles-ci. Des forces armées et des armes nucléaires ou des vecteurs d'armes nucléaires étrangers ne seront pas stationnés dans cette partie de l'Allemagne et n'y seront pas déployés » C’est la seule promesse concernant l’OTAN qui ait été faite et elle a, évidemment, été respectée.
  2. L'OTAN a refusé les demandes d'adhésion des pays de l'Europe de l'Est pendant au moins deux ans : en 1991 et 1992. Les explications en ont été données dans le compte-rendu d’une réunion préparatoire à une réunion du CAN. Cette réunion préparatoire à en lieu à Bonn le 6 mars 1991. J'ai publié et commenté le compte-rendu dans un article intitulé : « En 1991, l’OTAN a refusé d'intégrer des pays d’Europe de l’Est ». Raymond G. H. Seith, sous-secrétaire d’Etat des USA a argumenté ce refus en déclarant notamment : "Nous ne devons pas fournir un prétexte aux tenants de la ligne dure en Union Soviétique pour construire des sentiments anti-occidentaux".
  3. Le putsch de Moscou raté qui s’est déroulé du 19 au 21 août 1991 a grandement changé la donne. Les « tenants de la ligne dure en URSS » ont été mis en échec et le risque qu’ils tentent à nouveau un coup de force fut dès lors minime. Les craintes qui amenaient les dirigeants de l’OTAN à refuser l’adhésion de nouveaux pays ont disparu.
Illustration 3

Manifestants contre le putsch devant le parlement russe, le 22 août 1991

  1. Les demandes d’adhésion se font faites plus pressantes. Les représentants des pays concernés l’ont dit et expliqué nettement et publiquement. Au cours de l'année 1993, l'OTAN a officieusement accepté les adhésions de la Pologne, la Hongrie et la République Tchèque.
  2. Le 10 janvier 1994, « lors du Sommet de l'OTAN, tenu à Bruxelles, les 16 dirigeants alliés ont dit qu’ils escomptaient un élargissement de l’OTAN aux Etats démocratiques de l’Est, et qu’ils l’envisageraient favorablement. Ils ont réaffirmé que, comme le prévoit l’Article 10 du Traité de Washington, l’Alliance était ouverte à d’autres Etats européens susceptibles de favoriser le développement des principes de ce Traité et de contribuer à la sécurité de la région de l’Atlantique Nord. ». C’est donc, officiellement à ce moment que la décision d’intégrer de nouveaux pays à l’OTAN a été prise.
  3. Le 12 mars 1999 la Pologne, la Hongrie et la République Tchèque adhèrent à l'OTAN. Les étapes qui ont permis de passer de la décision du 10 janvier 1994 à cette adhésion sont données dans ce document de l’OTAN.  

Des obstacles supplémentaires pour adhérer à l'OTAN

Il faut maintenant faire table rase d’un autre mythe fabriqué par Poutine. Il veut faire croire que toutes les mobilisations populaires aboutissant aux demandes pressantes de certains pays d’adhérer à l’OTAN résulteraient de manipulations des USA et de l’OTAN.

L'OTAN a seulement répondu aux demandes de pays qui voulaient échapper à l'emprise de Moscou. Ce n'est nullement l'OTAN qui était à l'initiative. D'ailleurs les conditions d'adhésion sont devenues plus difficiles. Si l'OTAN avait cherché à s'étendre le plus vite possible, elle aurait fait l'inverse. Au début les candidats ne devaient remplir que trois conditions :

  • Le consensus entre pays membres devait être obtenu.
  • Les candidats devaient apporter une contribution positive à l’Alliance atlantique.
  • Seuls des "États européens" pouvaient candidater.

A partir de 1995, les candidats devaient répondre à cinq critères supplémentaires :

  • Avoir un système politique démocratique fonctionnant bien et reposant sur une économie de marché.
  • Traiter les populations minoritaires de manière équitable.
  • S’engager à régler les conflits de manière pacifique.
  • Être capables et désireux d’apporter une contribution militaire aux opérations de l’OTAN.
  • Être attachés au caractère démocratique des relations entre civils et militaires et des structures institutionnelles.

De plus, même si ce n’était pas une condition explicite, les pays candidats à l'intégration devaient être également prêts à rejoindre la structure militaire intégrée. Les américains ne voulaient pas que d’autres pays fassent comme la France qui s’était retirée des structures du commandement militaire intégré de l’Alliance en 1966. On se souvient que De Gaulle avait alors exigé le démantèlement des bases de l’OTAN situées sur le territoire français. Dorénavant, le processus se veut en outre conditionnel et graduel. Depuis 1999, les candidats entament un dialogue intensifié avec l’OTAN puis peuvent se voir proposer le « Plan d’action pour l’adhésion », qui lui-même est seulement susceptible de se conclure par l’adhésion sans que la garantie en soit acquise à l’avance.

Alors que l’OTAN n’a fait que rendre plus difficile l’adhésion de nouveaux pays en instituant des conditions d’admission plus restrictives, Poutine a plus tard accusé les dirigeants occidentaux de vouloir étendre l'OTAN le plus vite possible vers l'est. A l'inverse, l’OTAN a répondu, avec beaucoup de réticences, à une demande pressante qui venait de ces pays issus de l’Europe de l’Est et de l’ancienne URSS. Les dirigeants de ces pays voulaient tous adhérer au plus vite à l’UE et à l’OTAN. Ils pensaient ainsi se mettre à l’abri, définitivement, des ambitions impérialistes de la Russie. Les internationalistes sont loin de s’en réjouir car ils combattent l’OTAN et l’UE. Nous estimons que ce n’est pas une bonne solution de se jeter dans les griffes d’un impérialisme pour se protéger d’un autre impérialisme. Nous nous prononçons pour les Etats Unis Socialistes d’Europe. Mais, il faut examiner la réalité des faits pour comprendre en quoi les discours de Poutine sont mensongers. Il veut seulement trouver une justification à ses agressions. En fait, il veut reconstruire l’empire des tsars et de Staline.

Le compte-rendu déclassifié de la réunion du 6 mars 1991

Nous avons une autre preuve encore bien plus flagrante que l’OTAN n’a jamais cherché à s’étendre le plus vite possible à l’Est. Je l’ai signalée au point 2 du résumé des étapes menant vers l’extension de l’OTAN (chapitre précédent). Je rappelle donc qu’au début de 1991, la Pologne, la Hongrie et la République Tchèque ont demandé à adhérer à l’OTAN et leur demande a été rejetée. Cela est évidemment en complète contradiction avec les discours des poutinistes.

Nous disposons d’un compte-rendu classé secret, mais maintenant déclassifié, d’une réunion qui s’est tenue à Bonn le 6 mars 1991. C’était une réunion préparatoire à la prochaine réunion du CAN (Conseil de l’Atlantique Nord). Vous trouverez ce compte-rendu, sur papier rose, ci-dessous. Cette réunion était convoquée pour préparer la réponse qui sera envoyée aux trois pays candidats à l’entrée dans l’OTAN. Les participants savaient d’emblée qu’ils allaient refuser l’adhésion. Ils voulaient chercher une argumentation et proposer des mesures compensatoires.

J’ai consacré tout un article intitulé : « En 1991, l’OTAN a refusé d'intégrer des pays d’Europe de l’Est » à ce compte-rendu. Je ne vais donc pas le reprendre ici. Je reprends seulement deux arguments qui ont été avancés :

  • John Weston, secrétaire adjoint du cabinet et directeur politique au foreign office, représentant le Royaume-Uni a déclaré : « Il serait important dans notre réponse de ne pas ostraciser les Russes. »
  • Raymond G. H. Seith, sous-secrétaire d’Etat, représentant les USA a déclaré : « Nous ne devons pas fournir un prétexte aux tenants de la ligne dure en Union Soviétique pour construire des sentiments anti-occidentaux ».

Il est donc clair que l’OTAN a, sur cette question, fait exactement l’inverse de ce que disent les poutinistes.

Illustration 4

Peut-on faire des promesses orales sans traité ?

Il suffit d'ailleurs de réfléchir un peu pour se rendre compte que, sans qu'il y ait un traité, personne ne peut être en mesure de faire de telles promesses et cela de manière très générale. Imaginerait-on, par exemple, qu'aujourd'hui Emmanuel Macron fasse une promesse sur ce que sera la politique de la France après les prochaines élections présidentielles ? A fortiori, personne ne peut faire de promesses sur ce que sera à l'avenir la politique de l'OTAN laquelle engage plusieurs pays. C'est encore plus évident quand on connait le mode de fonctionnement institutionnel de l'OTAN avec les réunions du CAN et les sommets de l'OTAN. La politique de l'OTAN évolue constamment en fonction de la situation et des évènements politiques. Seuls des traités entre des Etats sont en fait des promesses. La seule promesse concernant l'OTAN qui ait été faite est celle du traité de Moscou à propos de l'unification de l'Allemagne. L’article 5, tel qu’il est formulé par Wikipédia, stipule : « Les forces de l'OTAN pourront ensuite stationner à l’est de l’Allemagne, mais s’engagent à ne pas faire stationner d’armes nucléaires après l’évacuation de l’ex-RDA par les troupes soviétiques. » Cette clause, comme toutes les autres, a été respectée.

Ne craignons pas de supposer l'impossible pour tenter... l'impossible. Nous voudrions en effet convaincre les plus récalcitrants des poutinolâtres (Mission impossible !). Supposons, un instant, que ces promesses aient existé. Si c'était le cas, alors la réunion du 6 mars 1991, dont nous avons beaucoup parlé (« En 1991, l’OTAN a refusé d'intégrer des pays d’Europe de l’Est ») aurait été inutile. Rappelons qu'il s'agissait de trouver une argumentation pour justifier que l'OTAN refusait l'adhésion de la Pologne, la Hongrie et la Tchéquie. Il aurait alors suffi de dire que cette intégration était impossible puisque la promesse avait été faite à la Russie qu'il n'y aurait pas d'extension vers l'Est de l'OTAN.

Ce que disait Poutine avant 2014

De plus, si ces promesses avaient existé, nous ne voyons pas pourquoi Poutine aurait attendu aussi longtemps pour dénoncer qu'elles ne soient pas respectées. Il n’en a jamais parlé avant 2014 même quand des premières divergences sont apparues. Ce fut le cas entre George W. Bush et Vladimir Poutine lors de leur rencontre du jeudi 24 février 2005 à Bratislava (Slovaquie) au sujet des « révolutions de couleurs ».

Les désaccords apparaissent plus nettement dans le discours prononcé par Poutine le 10 février 2007 devant la Conférence de Munich sur la sécurité mais il n’est toujours pas question de ces promesses. Lors de cette conférence, il critique le monde unipolaire que semble vouloir les USA et il fait part de sa volonté d’avoir un monde multipolaire. Mais, ce discours est loin d’être une remise en question du système de collaboration entre l’OTAN et la Russie notamment dans le cadre du COR (Conseil OTAN-Russie). Bien des commentateurs ont laissé entendre que ce discours marquait une rupture. C’est loin d’être le cas. (Transcription écrite et le discours en vidéo)

Ce n'est qu'en 2008 que les relations entre la Russie et l'OTAN se sont légèrement dégradées en raison de la guerre menée par la Russie en Géorgie. Le CAN  (Conseil de l'Atlantique Nord) a condamné la décision prise par la Fédération de Russie de reconnaître l'indépendance des régions géorgiennes d’Ossétie du Sud et d’Abkhazie. L'ONU et la plupart de ses États membres ne reconnaissent pas cette indépendance et considèrent l'Ossétie du Sud et l'Abkhazie comme des territoires géorgiens occupés par la Russie. C'était, dès 2008, un prélude à ce que Poutine voulait faire avec la Crimée.

J’ai consacré tout un article à l’évolution des relations entre Poutine et les dirigeants des USA pendant cette période. J’y renvoie le lecteur.

Voyons plus précisément ce qu’était la position de Poutine en 2005. Le 7 mai 2005, alors qu'il était interrogé à propos de la politique de l'OTAN, voici exactement ce que Poutine disait en réponse à une question de Christian Malard, journaliste de France 3. (Vidéo entre 2 mn 22 s et 3 mn 40 s).

Question : "Depuis la fin de la guerre froide, quel jugement portez-vous aujourd'hui sur l'OTAN qui essaye d'étendre son influence à vos voisins, à vos partenaires comme l'Ukraine et la Géorgie."

Réponse : "Le fait que l'OTAN exerce une grande influence sur l'Ukraine et la Géorgie ne nous indispose pas. En revanche, tout élargissement de l'OTAN n'améliorerait pas la sécurité du monde. Je ne vois pas en quoi l'élargissement à nos voisins Baltes, par exemple, peut améliorer la sécurité du monde. Cela dit, si d'autres républiques de l'ex-URSS adhèrent à l'OTAN nous respecterons leur choix. C'est leur droit souverain en matière de défense, mais certains problèmes pourraient surgir dans le cadre de notre coopération militaire avec l'Ukraine qui est énorme. Cette coopération est à un tel niveau que, s'il devait y avoir une présence militaire de l'OTAN en Ukraine, je n'y maintiendrais plus nos technologies de pointe et nos armements sensibles. L'Ukraine pourrait alors avoir des problèmes. Je le dis franchement. Enfin, au moment où nous allons commémorer le soixantième anniversaire de la victoire, je veux dire que c'est une chance de pouvoir tourner définitivement cette page douloureuse de l'histoire de l'Europe. Elle est à la base de la concorde, de la réconciliation. Cela nous permettra d'élaborer des principes clairs et compréhensibles qui vont nous guider dans les années à venir."

Nous voyons d'une part que le ton était déjà menaçant à propos de l'Ukraine, bien avant le Maïdan, et d'autre part, qu'à cette époque, Poutine était encore pleinement respectueux du droit international. Il disait vouloir respecter le choix des républiques de l'ex-URSS désireuses d'adhérer à l'OTAN. Même s'il se demandait si cela améliorerait la sécurité du monde, il n'envisageait pas de s'y opposer. Rappelons qu'à cette époque les élargissements du 12 mars 1999 (adhésion de la Hongrie, de la Pologne et de la République tchèque) et du 29 mars 2004 (adhésion de la Bulgarie, de l'Estonie, de la Lettonie, de la Lituanie, de la Roumanie, de la Slovaquie et de la Slovénie) étaient réalisés et que Poutine ne les critiquait pas. Les menaces à propos de l'Ukraine restaient vagues puisqu'il dit seulement "je n'y maintiendrais plus nos technologies de pointe et nos armements sensibles" mais nous percevons bien qu'il envisageait pire que cela "L'Ukraine pourrait alors avoir des problèmes. Je le dis franchement". Il n'avait pas besoin de laisser entendre qu'il y avait une manipulation des USA. En examinant ce qu'il disait à cette époque, nous voyons s'écrouler les mythes construits par la suite. Il n'est pas du tout question, après ces deux élargissements, de promesses qui n'auraient pas été tenues ou de manipulations des USA.

A vrai dire, il est évident qu'il s'agit d'une fable.

La vérité est dans la déclaration de Gorbatchev :

Illustration 5

La vidéo de Berruyer

Le grand champion des révélations complotistes-alternatives actuelles est Olivier Berruyer. Il veut dépasser Thierry Meyssan. Nous nous souvenons qu’après les attentats du 11 septembre, il avait trouvé un créneau qui lui semblait très bon pour se faire voir dans le domaine de la contestation. Il voulait déjà faire concurrence à Meyssan. Mais, quelques temps plus tard, il s’était aperçu que ce créneau le privait de l’accès aux plateaux de télévision. Il avait donc renié toutes ses critiques. Il fait son retour sur ce nouveau créneau de la contestation qui lui semble très porteur. Il relaie la propagande du Kremlin sur son site « Les Crises » et y apporte en plus ses propres contributions.

Et, il ne fait pas dans la dentelle. Il tire sur les plus grosses ficelles. Il nous fait le coup de l’exhibition du contenant pour affirmer ce qu’est le contenu. Il fait mieux, ou du moins plus, que Colin Powel qui exhibait sa fiole à l’ONU. Il exhibe une vidéo de son cru en prétendant que dans cette vidéo, on verra Roland Dumas faire une déclaration sensationnelle qui prouve, une fois pour toute, que Poutine a raison. Il ne se contente pas de mentir, il falsifie.

Illustration 6

Absolument rien ne prouve que ni le rouleau de papier ni la vidéo ne contiennent la moindre preuve. Quiconque prétend montrer qu’une preuve se trouve là-dedans devra nous énoncer dans quels termes il est écrit ou dit par quelqu’un qu’il y a eu ces promesses. Vous prétendez que Roland Dumas a écrit quelque chose dans ce rouleau de papier hygiénique où qu’il a dit quelque chose dans cette vidéo alors montrez-nous ce qu’il a dit !

Pourtant, très sérieusement, une quantité de poutinolâtres affirment et répètent que le pauvre Dumas aurait dit dans cette vidéo qu’il est témoin que des promesses de non-élargissement de l’OTAN à l’Est ont été faites. Je dis bien qu’ils affirment et répètent à satiété que Dumas a dit cela. Mais évidemment, ils le font avec le style indirect : « Dumas explique que... », « il affirme que… », « il convient que… », « il confirme que… ». Jamais ils ne citent les prétendues paroles que Roland Dumas aurait dîtes. Ils invitent leurs interlocuteurs à aller chercher eux-mêmes ces paroles, cette preuve… que, bien évidemment, ils sont incapables de donner. Parfois, ils ont le culot de dire qu'on trouve cela à 4 mn 32 s ou 15 mn 04 s... Il est évident que si Roland Dumas avait dit quelque chose du style : tel diplomate américain a dit à tel diplomate russe qu'il n'y aura pas d'extension de l'OTAN, les paroles de Roland Dumas auraient été reproduites en caractère gras avec une énorme police de caractères. Elles auraient même été publiées à Moscou depuis longtemps. 

Ceux qui ont tellement envie que ce soit vrai se font berner par le titre tapageur qui est tout autant catégorique que mensonger : "Comment l'Occident a promis à l'URSS que l'OTAN ne s'étendrait pas, par Roland Dumas, ex-ministre" avec en plus un second titre sur l'écran d'ouverture de la vidéo : "La promesse non-tenue de l'OTAN".

Illustration 7

Je précise que dans la vidéo l'interviewer (Berruyer), et non pas Dumas, parle bien d'une prétendue "garantie que l'OTAN ne s'étendrait pas". A 13 mn 11 s, voici exactement ce qu'il dit :

"Donc, à ce moment de la signature du traité de Moscou où vous vous rappelez avoir vous-même avoir fait... donné cette garantie que l’OTAN ne s’étendrait pas y a eu de grosses négociations sur ce point-là ou ça a été accepté assez rapidement ?"  (C’est l'interviewer qui dit cela et non pas Dumas)

Remarquons bien que lorsque Berruyer dit cela Dumas n'est pas visible sur la vidéo. Dans ce qui suit immédiatement, Dumas apparait, et, sans aucune transition, il parle d'un sujet complètement différent. Il parle de la libération en 1945 et cela sans aucune ambiguïté possible puisqu'il dit : "Tout le monde applaudissait à la paix. Tout le monde était heureux de la victoire. (...) C’était quand même la fin de la guerre". Voici l'intégralité de ce qu'il dit à 13 mn 22 s :

« ça a été accepté, tout le monde a crié à l’évidence. Si l’on en parle aujourd’hui avec l’atmosphère de crise actuelle c’est anachronique. Bon ! Mais à l’époque c’était un climat autre. Tout le monde applaudissait à la paix. Tout le monde était heureux de la victoire. Et donc ça allait dans le sens de ce que les délégations souhaitaient. C’était quand même la fin de la guerre. »

Quand Dumas dit "ça a été accepté", ce n'est donc pas une réponse à l'interviewer. La falsification est grossière. Dumas n'a jamais entendu ce qu'a dit Berruyer. Dumas n'est pas visible quand il dit cela puisqu'il est masqué par des documents placés au montage en premier plan. De plus, le message dans sa globalité est un truandage tant le décalage est énorme entre les titres tapageurs et la réalité du contenu de la vidéo.

Illustration 8

C'est Berruyer lui-même qui a réalisé l'interview de Dumas sur la vidéo. Il est bon d'y revenir pour que chacun apprécie le niveau de l'honnêteté de ce Berruyer.

Depuis 2014, date à laquelle Poutine a commencé à faire de cette question d’une prétendue promesse un axe de sa propagande, ils sont nombreux les journalistes qui ont voulu aller chercher des preuves... Ils ont d’abord interrogé ceux qui étaient censés témoigner qu’on leur avait fait des promesses : Gorbatchev, Chevardnadze... En vain.

Berruyer veut faire mieux. Il choisit le pauvre Roland Dumas quelque peu vieillissant. Est-ce un hasard ? On sait que les discours ambigus et confus de Dumas ont déjà été largement et abusivement exploités par les complotistes-alternatifs. On se souvient de l’espèce de déclaration où il disait qu’on lui avait confié que quelqu’un avait dit qu’ils étaient quelques-uns à préparer quelque chose pour la Syrie et que c’était donc la preuve que les anglo-saxons voulaient envahir la Syrie.

Berruyer interview Roland Dumas avec l’intention affichée de lui faire dire qu’il y a eu les fameuses promesses. Les propos de Roland Dumas sont souvent confus et ambigus. On le perçoit fier, vu son âge avancé, qu’on lui prête de l’importance et heureux de faire une démonstration. Il répète plusieurs fois : « Je me souviens très bien... » et quand il le dit c’est vrai ! Il se souvient de faits et de détails précis. Quand il ne le dit pas c’est plus ennuyeux. Il est plus difficile de situer dans le temps les faits qu’il évoque. Il parle des années 1950-60. Il dit à un moment que Poutine a protesté. A partir de quelle date Poutine a-t-il pu intervenir dans une réunion d’ambassadeurs ? Il parle aussi du traité de Moscou (septembre 1990) et fait référence à une réunion précise où l’ambassadeur américain (Baker) est arrivé tardivement. C’est probablement la réunion à Moscou sur le traité de Moscou. Je rappelle que ce traité ne concernait que l'Allemagne qui n'était pas encore réunifiée. Toutes les discussions sur l'extension de l'OTAN à ce moment-là ne portaient que sur l'extension à l'Allemagne de l'Est. Dans l'interview Dumas fait part de son sentiment, de ses idées, de ses opinions sur ce qu’a été la politique de désarmement. C'est avec ça que Berruyer se permet de mettre en titre :"Comment l'Occident a promis à l'URSS que l'OTAN ne s'étendrait pas, par Roland Dumas, ex-ministre ». Avec sur l'écran d'accueil de la vidéo cet autre titre : "La promesse non-tenue de l'OTAN".

Illustration 9

Berruyer bat tous les records. Même Colin Powel qui exhibait sa fiole à l’ONU ne faisait pas pire que Berruyer exhibant sa vidéo très personnelle de Roland Dumas. Il ne se contente pas de mentir, il falsifie.

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Les qualités de menteur et de faussaire de Berruyer sont appréciées au Kremlin. Quand Lavrov passe à Paris, il lui arrive de l’inviter.

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