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Billet de blog 6 juin 2025

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Venezuela : les bureaux de vote étaient vides

Je propose un article qui vient de la section vénézuélienne de l’UIT-QI. Le titre original était : « Venezuela : le gouvernement a commis une nouvelle fraude dans un contexte de très forte abstention ».

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Illustration 1

Le dimanche dernier, 25 mai, se sont tenues des élections législatives et régionales dans notre pays. Selon le Conseil national électoral (CNE), le Parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV) au pouvoir et ses alliés auraient obtenu 4 553 484 voix, soit 82,6 % des suffrages exprimés, tandis que les partis des différents secteurs de l'opposition patronale auraient atteint 17,3 %, répartis comme suit : L'Alliance démocratique a obtenu 344 422 voix (6,25 %), l'alliance Un Nuevo Tiempo y Única, dirigée par Manuel Rosales et Henrique Capriles, 285 501 voix (5,18 %), et Fuerza Vecinal a obtenu 141 566 voix (2,57 %). Le CNE a indiqué que le taux d'abstention aurait été de 57,4 % du total des électeurs.

Le PSUV a remporté la majorité des sièges à l'Assemblée nationale. L'Alliance démocratique a obtenu 3 députés : Timoteo Zambrano, Bernabé Gutiérrez et Alfonso Enrique Campos.

L'UNT-Única a obtenu 3 autres députés : Henrique Capriles, Stalin González et Luis Emilio Rondón. Le gouvernement a remporté 23 gouvernorats sur 24, dont celui de la Guyane équatoriale. Il a récupéré les gouvernorats du Zulia, de Nueva Esparta et de Barinas, tandis que l'opposition bourgeoise a conservé celui de l'État de Cojedes.

Le taux d'abstention élevé est le fait le plus marquant de ces élections. Le CNE l'a estimé à un peu moins de 58 %. Pourtant, les images diffusées sur les réseaux sociaux ont révélé une absence alarmante d'électeurs dans tous les bureaux de vote à travers le pays.

Selon certaines enquêtes, l'abstention aurait avoisiné les 80 %, voire 85 % selon des sources non officielles. Si le gouvernement lui-même parle d'une participation qui n'a pas atteint 43 %, l'abstention a certainement été beaucoup plus élevée. Dans les semaines qui ont précédé les élections, le désintérêt de la population était manifeste et contrastait avec la grande volonté de voter qui s'était manifestée dans les jours précédant les élections présidentielles de juillet dernier.

María Corina Machado et ses partisans souhaitent s'attribuer une victoire supposée grâce à la forte abstention. Ils tentent de faire croire que celle-ci est le résultat de leur appel à ne pas voter. En réalité, la forte abstention était l'expression d'un ras-le-bol et d'un mécontentement sincère qui rongent le peuple. Elle était une manifestation de rejet du gouvernement et de méfiance à l'égard du système électoral. Le peuple n'a pas voté parce qu'on leur a dit de ne pas le faire. Les Vénézuéliens prennent massivement conscience de ce qu’est la démocratie bourgeoise. Ils ne perçoivent tout simplement pas que la voie électorale ne garantit pas la possibilité de changer la situation politique et sociale du pays.

Après la fraude scandaleuse commise par le gouvernement lors des élections présidentielles de l'année dernière, des millions de personnes ont pris conscience qu'il y avait peu de chances de battre le gouvernement aux urnes. De plus, ils ne s'identifient pas non plus aux candidats de l'opposition patronale qui ont participé aux élections après avoir conclu des accords avec le gouvernement, comme ce fut le cas d'Henrique Capriles, qui a négocié son éligibilité en échange d'une participation aux élections sans trop critiquer le gouvernement.

L'opposition patronale, dirigée par María Corina Machado et ses alliés, a suscité de faux espoirs lors des dernières élections du 28 juillet 2024. Un processus entaché d'irrégularités, d'abus, d'invalidations, de vols de cartes électorales, de répression et de persécutions dès sa convocation.

Cette opposition a démobilisé le mécontentement qui s'était exprimé au lendemain des élections, ce qui arrange bien le gouvernement dictatorial de Maduro. Lors de ces élections, la fraude était flagrante, et pour celles qui viennent d'avoir lieu, les conditions antidémocratiques persistaient, aggravées par la répression brutale qui a suivi le 28 juillet.

En effet, comme nous l'avions déjà indiqué dans notre déclaration avant les élections, celles-ci allaient se dérouler dans des conditions défavorables, avec quelque 900 personnes détenues pour des raisons politiques et 10 000 autres faisant l'objet de mesures préventives, ainsi que des dirigeants politiques en exil ou disqualifiés, des partis illégaux ou sous tutelle de la Cour suprême de justice, et d'autres dont les demandes d'enregistrement n'avaient pas été traitées. Même dans les jours qui ont précédé les élections, une nouvelle vague de répression gouvernementale a eu lieu, qui s'est soldée par l'arrestation d'environ 70 personnes. Tout cela s'est déroulé dans un contexte d'utilisation abusive des ressources de l'État par le parti au pouvoir.

Le gouvernement commet ainsi une nouvelle fraude en contrôlant tous les instruments du régime politique dans le but de se maintenir à tout prix au pouvoir.

Il ne reste plus qu'à lutter pour un plan ouvrier et populaire ainsi que pour les libertés démocratiques.

Au sein du Parti Socialisme et Liberté, nous affirmons que seule la lutte, la mobilisation unitaire et massive, nous permettra de récupérer les libertés démocratiques bafouées, d'obtenir des élections libres et transparentes, de libérer les prisonniers politiques et de vaincre le plan d'austérité appliqué par Maduro en accord avec le patronat.

Ce n'est qu'avec notre mobilisation indépendante du gouvernement et de l'opposition patronale sous toutes ses formes que nous pourrons imposer un plan d'urgence populaire et ouvrier pour répondre à tous les maux graves qui affligent le peuple travailleur.

26 mai 2025

Parti Socialisme et Liberté

(Section vénézuélienne de l’Unité Internationale des Travailleuses et des Travailleurs – Quatrième Internationale (UIT-QI)

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