À la suite de la chute du régime de Bachar el-Assad, des polémiques au sujet des attaques chimiques en Syrie sont relancées.
Il est certain, qu’en ce qui concerne l’attaque du 21 août 2013 sur la Ghouta de multiples autorités ont rejeté très rapidement la faute sur le gouvernement syrien sans avoir mené, avec toute la rigueur nécessaire, les investigations qui s'imposaient. Évidemment, dès que les défenseurs du duo des plus monstrueux criminels actuels (j’ai cité Poutine et el-Assad) ont eu connaissance de documents à ce sujet, ils ont sauté sur l’occasion pour atténuer le plus possible la responsabilité d’el-Assad. C'était pour eux un bon moyen pour faire diversion au moment où les pires abominations dont el-Assad est coupable, et sur lesquelles il n’y a aucun doute, apparaissent au grand jour.
François Asselineau s’est, encore une fois, particulièrement fait remarquer à ce sujet dans une interview sur TF1. (Voir cette vidéo). Il enfonce le clou avec son culot habituel. Apprécions son introduction au débat. Il dit : « Là, on nous annonce d’un seul coup que Bachar el-Assad aurait gazé des enfants ». Il fait comme si cette information était nouvelle et complètement saugrenue.
Il faut, quand on cherche la vérité au sujet de cette attaque du 21 août 2013 sur la Ghouta, faire état d'un rapport bien documenté venant notamment de Théodore Postol et Richard Lloyd. Ce rapport suggère que les roquettes chargées de gaz sarin avaient probablement une portée limitée et qu'il est peu plausible que ces roquettes aient été lancées depuis des zones contrôlées par le gouvernement syrien. Notez bien que cette analyse ne nous donne aucune indication sur l'identité de ceux qui ont envoyé les roquettes. Elle nous permet seulement de tracer sur une carte les zones à partir desquelles il est possible que les roquettes aient été envoyées. Ce rapport pointe donc une insuffisance dans le rapport officiel du gouvernement américain.
Vous pouvez télécharger sur internet une compilation open source de 57 pages détaillant cette analyse à l’adresse suivante : https://www.docdroid.net/hDXmIkl/syria-ghouta-chemical-attack-2013-open-source-evidence-pdf

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Après sa brillante introduction au débat, Asselineau ajoute (entre 44 s et 54 s) : "Le rapport très récent du MIT, c'est-à-dire l'institution la plus prestigieuse des États-Unis, a conclu que très probablement en fait, ça venait des zones rebelles". Quel magnifique redresseur de torts cet Asselineau ! Ce qu'il dit là est faux ! Ce rapport n'a rien à voir avec les activités du MIT (Massachusetts Institute of Technology). Le MIT n'est nullement impliqué dans cette polémique. Cela ne le concerne pas du tout. Il s'agit d'une déduction rapide et abusive d'Asselineau qui vient sûrement du fait que des personnes impliquées travaillent ou ont travaillé au MIT. Nous savons notamment que Théodore Postol, actuellement retraité, fut un enseignant du MIT. Je signale d'ailleurs que même les articles publiés dans le magazine bimensuel "MIT Technology Review" n'engagent que leurs auteurs. Dans le cas présent, ce n'est, bien évidemment pas, au nom du MIT que ces personnes se sont prononcées.
Asselineau a voulu user de l'argument d'autorité, qui n'est jamais une preuve, mais il a bien raté son coup. Laissons-le à ses divagations pour revenir à notre sujet. Je rappelle qu’il y a eu deux autres attaques avec des armes chimiques : l’attaque de Douma (2018) et l’attaque de Khan Cheikhoun (2017). Les puissants services de désinformation de Poutine s’évertuent à lancer aussi des contestations et des polémiques à propos de ces deux attaques. Pourtant, il n’y a guère de doute sur la responsabilité du gouvernement de Bachar el-Assad, au moins au sujet de l’attaque de Khan Cheikhoun. Nous disposons de suffisamment de faits sur cette attaque pour affirmer que les enquêtes internationales aboutissent à des conclusions robustes et reconnues. Les enquêtes de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) et du Mécanisme d’enquête conjoint ONU-OIAC ont conclu que des armes chimiques, notamment du gaz sarin, avaient été utilisées par des forces gouvernementales syriennes.

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Rappelons que : « Cent personnes sont mortes et 400 autres ont été victimes d'asphyxie dans une attaque "chimique" dans un fief rebelle et jihadiste du nord-ouest. Au moins 11 enfants figurent parmi les personnes tuées dans le raid aérien qui a frappé tôt Khan Cheikhoun, dans la province d'Idleb, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Un précédent bilan de l'organisation indiquait 65 morts. »
C’est dans ces termes que les reportages de l’époque décrivaient les faits. Je viens de citer un reportage de « 7sur7 » du 4 avril 2017. Profitons-en pour apprécier à sa valeur la déclaration de François Asselineau : « Là, on nous annonce d’un seul coup que Bachar el-Assad aurait gazé des enfants ».
Le fait que le régime de Bachar el-Assad ait "gazé des enfants" est une certitude et cela est connu depuis longtemps. Mais, au moment où le monde découvre toutes les horreurs commises par ce régime, notamment dans la prison de Saidnaya, François Asselineau a trouvé un moyen de semer le doute et la confusion. Il manifeste ainsi sa solidarité avec les bourreaux.

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