En Argentine, les trotskystes sont désormais la troisième force politique derrière le « Front de Todos », qui est une coalition péroniste, et « Juntos por el Cambio » qui est une coalition de droite. Cela ne peut s’expliquer que par l’histoire de l’Argentine. Sans entrer dans les détails, disons que le mouvement péroniste en Argentine pourrait être comparé à ce que fut le gaullisme en France. L’importance du trotskysme vient de l’histoire du mouvement ouvrier argentin qui n’a jamais vu une forte implantation des partis de la IIème et de la IIIème internationale et aussi au rôle exceptionnel joué par le trotskyste Nahuel Moreno.

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Lors des élections du 14 novembre 2021 où se jouait le renouvellement de près de la moitié (127 députés sur 257) du Parlement, d’un tiers du Sénat (24 sénateurs sur 72) et aussi de certains conseillers municipaux, la coalition de quatre organisations se réclamant du trotskysme remporte une victoire avec près de 6% des voix et un quatrième siège de député.
Cette coalition s’appelle le FIT-U (Frente de Izquierda y de los Trabajadores – Unidad) ce qui se traduit par « Front de Gauche et des Travailleurs – Unité » ou par « Front Unique de la Gauche et des Travailleurs ». Elle est composée de quatre partis qui se réclame du trotskysme : le Parti socialiste des travailleurs (PTS), le Parti Ouvrier (PO), la Gauche socialiste (IS) et le Mouvement des Travailleurs Socialistes (MST).
Ces élections ont été l’occasion d’une déclaration de soutien internationale au FIT-U. C’est, du point de l’AGIMO, ce qui est le plus important dans la perspective de la reconstruction de la IVème internationale,
Cette déclaration de soutien a reçu les signatures de centaines de responsables politiques et syndicalistes dans le monde. Voici la liste des 38 pays concernés : Allemagne, Australie, Biélorussie, Bolivie, Brésil, Canada, Chili, Colombie, Costa Rica, Cuba, Equateur, Espagne, Catalogne, Etats-Unis, France, Grèce, Italie, Kenya, Liban, Mexique, Nicaragua, Norvège, Pakistan, Panama, Paraguay, Pérou, Portugal, Porto Rica, Royaume Uni, République Dominicaine, Syrie, Suède, Tunisie, Turquie, Ukraine, Uruguay, Venezuela.
Disons-le d’emblée, les organisations ainsi rassemblées sont trop disparates, à l’image du FIT-U, pour constituer, en l’état, l’internationale révolutionnaire qui pourrait assumer la continuité du combat pour la révolution socialiste mondiale. Certaines, comme le PO, n’ont d’ailleurs pas le combat pour une internationale à leur programme. De plus, la LIT-QI, qui revendique l’héritage de Nahuel Moreno, n’est pas représentée dans cette coalition car son implantation en Argentine est faible mais elle a un important parti au Brésil et nous estimons que c’est un fleuron de la lutte pour la reconstruction de la IVème internationale.
Cependant, le rassemblement qui s’opère avec cette déclaration peut être comparé avec les conférences de Kiental et de Zimmerwald où se réunissaient les internationalistes qui avaient refusé la capitulation de la deuxième internationale alors qu’ils n’étaient pas tous d’accord avec les orientations de Lénine et de Trotsky. Certains n’ont pas participé à la création de la IIIème internationale.
Le texte de la « déclaration de soutien » fait ressortir une base d’accord sur un aspect essentiel de la lutte des révolutionnaires. Il montre clairement la volonté des signataires de se prononcer pour un combat classe contre classe sans faire de concessions. Les signataires refusent les gouvernements de type Front Populaire dans lesquels les organisations ouvrières sont liées aux partis du capital. Ils refusent que la classe ouvrière soit saignée dans des plans d’austérité pour payer une soi-disant dette que les travailleurs n’ont jamais contractée. Il rejette ainsi toutes les désastreuses expériences récentes en Amérique Latine avec notamment le chavisme. Il refuse d’accorder leur soutien à des gouvernements de conciliation de classe comme celui d’Evo Morales en Bolivie, celui de Lula ou Dilma au Brésil, celui de Castillo au Pérou, celui de Pinera au Chili. Pour ce qui concerne l’Europe la déclaration indique notamment :
« on a vu des partis de centre-gauche et pseudo-progressistes, qui ont promis une rupture avec les politiques d'austérité, mais ont fini par appliquer eux-mêmes ces mesures d’austérité. C'est le cas de Podemos dans l'État espagnol, qui fait partie du gouvernement « néolibéral progressiste » du PSOE. Avant, Syriza avait promis un gouvernement anti-austérité, mais a fini par être le meilleur élève du FMI et de l'UE (Union Européenne) pour mettre en œuvre les plans de la troïka, ouvrant ainsi la voie au retour de la droite. »
L’AGIMO prend acte que tous les signataires, en particulier les signataires français, refuse cette politique de collaboration avec le FMI et l’UE qui ne peut qu’aboutir à la mise en œuvre des plans anti-ouvriers. L’AGIMO estime que cela ouvre de nouvelles perspectives pour la construction d’une future section française de la IVème internationale.
Vous trouverez le texte de cette déclaration en français sur le site de l’AGIMO. Le texte original est en Espagnol. Nous l’avons traduit de notre mieux sans garantir que le résultat soit optimal. Nous laissons donc un lien sur la version en espagnol qui est suivie de la liste des signataires. Vous constaterez que je suis évidemment signataire de cette déclaration au nom de l'AGIMO.