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Ces deux livres suscitent de multiples réactions. Il est bon pour ceux qui les lisent de lire aussi quelques critiques qui pointent des erreurs, des contre-vérités voire des calomnies. Je conseille notamment de verser au dossier :
- la conférence de Daniel Gluckstein "Défense du trotskysme et de Pierre Lambert, réponse à deux faussaires" qui répond au livre de Mauduit et Sieffert.
- le texte de Vincent Présumey qui analyse ce qu'a dit Daniel Gluckstein lors de la conférence précitée.
- un autre texte de Vincent Présumey qui répond au livre de François Bazin.
- les notes de lecture de Jean Hentzen à propos des deux livres publiées sous le titre "Du neuf sur l'histoire du lambertisme ?"
- le texte de Pierre Salvaing qui apporte des éléments de critiques supplémentaires à la fois au livre de François Bazin et aux premières critiques de Vincent Présumey.
A l'issue de la consultation de ces documents, il sera possible d'être assez avisé sur la véracité des faits afin de tracer une biographie de Pierre Lambert. Je ne suis pas certain cependant que l'essentiel aura été dit sur toutes les leçons qu'il faut tirer.
Au vu de toutes ces nouvelles informations, j'ai revu et complété mon texte intitulé : "Chez les lambertistes, le ver était dans le fruit". Je le publie sur mon blog de Médiapart.
J'écris un livre intitulé "Défense du trotskysme III" mais je dois faire des choix et je n'y consacre pas suffisamment de temps. J'invite néanmoins les militants à lire dès maintenant les chapitres que j'ai écrits trop rapidement et qui sont disponibles sur le site de l'AGIMO.
Les conclusions auxquelles je veux arriver et que je n'ai pas encore suffisamment expliquées ressortent aussi de tout le bilan qu'il faut faire à propos du lambertisme. Il faut évidemment en déduire ce que nous devons faire maintenant. Les critiques, qui ne sont pas suivies de propositions pour la construction d'une internationale révolutionnaire, sont étrangères au trotskysme. Je regrette que ceux qui critiquent Lambert et les lambertistes avec une perspective non-trotskyste, voire même antitrotskyste ne le disent pas. Il faut en effet faire le tri entre l'anti-lambertisme et l'anti-trotskysme. Le plus prolixte des critiqueurs de Lambert et des lambertistes est assurément Vincent Présumey, mais il omet d'affirmer qu'il est farouchement anti-trotskyste, notamment sur trois points fondamentaux :
- il est sioniste ;
- il défend l'Union européenne ;
- il a appelé trois fois à voter pour des candidats de la bourgeoisie.
Il faut percevoir dans le parcours de Pierre Lambert les changements d'orientation politique, car il fut un militant exemplaire avant de trahir. Au fil de son parcours, il est devenu, après la guerre, le dirigeant d'une organisation qui a subi diverses crises. La crise pabliste de 1951 était liquidatrice. Nous devons à Lambert et à ses camarades de l'époque d'avoir permis que vive la continuité du combat révolutionnaire pour la quatrième internationale. Puis, tout en développant cette organisation qui est devenue assurément l'une des plus puissantes organisations trotskytes ayant jamais existé, il a imprimé à l'OCI un mode de fonctionnement interne qui s'éloignait de plus en plus du bolchévisme.
De plus, il a commencé à glisser vers la capitulation avec la stratégie de la "Ligue Ouvrière Révolutionnaire" qu'il a préconisée dès 1967. Il s'agissait en fait de renoncer au difficile travail de construction du parti révolutionnaire en se repliant sur la mise en place d'organismes qui n'auraient pas à défendre l'ingralité du programme des trotsksytes. C'est une capitulation face aux difficultés que rencontrent les révolutionnaires pour construire leur organisation. Cette stratégie est expliquée dans le Manifeste de l'OCI. En voici quelques extraits :
"D'une part, les mots d'ordre et la politique des trotskystes trouvent un large écho dans la classe ouvrière (...) D'autre part, ces militants (ceux auxquels les trotskystes s'adressent), dans leur majorité, ne sont pas prêts à rejoindre, dans l'immédiat l'OCI (...) Dans ces conditions, les trotskystes (...) militent pour la constitution, à chaque étape de la lutte des classes, d'organismes regroupant, pour la lutte au coude à coude sur des mots d'ordre et des objectifs communs, les trotskystes avec ces militants d'avant-garde qui, tout en étant convaincus de la justesse des mots d'ordre et des objectifs définis par les trotskystes, ne sont pas prêts à en tirer dans l'immédiat toutes les conséquences (...) Les trotskystes ouvrent la perspective de construire avec ces militants une Ligue ouvrière révolutionnaire, comme une étape sur la voie de la construction du Parti révolutionnaire".
Avec cette nouvelle stratégie, à laquelle Trotsky n'avait pas pensé, les lambertistes vont créer successivement des CAO (Comités d'Alliance Ouvrière), le MPPT (le Mouvement pour un parti des travailleurs), le PT (Parti des Travailleurs)... Dans ces organismes, ils vont laisser leur drapeau de trotskystes dans leur poche. Ils ne parleront plus de ce qui est difficile à accepter pour "les militants qui ne sont pas prêts…". Plus question de révolution socialiste, d'armement du prolétariat… Et, puisqu'on veut contourner les difficultés, il est inutile de parler du passé de pétainiste et de bourreau des nationalistes algériens de celui pour lequel ils vont voter dès le premier tour en 1981…
Certes, il est justifié de se regrouper "sur des mots d'ordre et des objectifs communs" avec des militants qui ne partagent pas totalement notre programme. Les trotskystes le font régulièrement dans les syndicats. Pour cela, il leur arrive de créer une tendance comme ils l'ont fait dans la FEN (Fédération de l’Éducation Nationale). Ils peuvent agir aussi dans des organisations ayant des objectifs spécifiques comme la laïcité ou les droits de l'homme. Ils peuvent à tout moment créer des organismes ad-hoc, mais il n'y a pas lieu de créer une organisation spécifique dans laquelle ils n'auront pas à défendre tout leur programme. Ce qu'a écrit Léon Trotsky dans le Programme de transition est largement suffisant avec les chapitres intitulés : "contre l'opportunisme et le révisionnisme sans principes" et "contre le sectarisme".
Assurément, dès lors, le ver était dans le fruit. En 1981, Lambert a capitulé devant le gouvernement de front populaire mis en place par Mitterrand. À partir de ce moment, toute la politique de Lambert et des lambertistes a tourné le dos au combat révolutionnaire. Cette politique fut ensuite maintes fois pitoyable. J'ai honte d'avoir été membre d'une organisation que Pierre Lambert a dirigée quand je regarde les vidéos sur lesquelles il est candidat du MPPT aux élections présidentielles de 1988. Il n'a plus rien d'un trotskyste et pour cause, le programme qu'il défend n'est plus celui de la révolution socialiste. Il défend un programme pour "ceux qui ne sont pas prêts à rejoindre..."
Mais cela ne doit pas faire oublier que Pierre Lambert fut aussi un jeune militant révolutionnaire. Il adhéra au trotskysme dès l'âge de 15 ou 16 ans dans les années qui sont marquées par les procès Moscou et les trahisons des gouvernements de front populaire en France et en Espagne. Il fut ensuite un courageux militant pendant les années de la guerre.
Pour ma part, c'est en tant que trotskyste, que je critique Lambert et les lambertistes. Je participe en effet au combat pour la reconstruction de la IVème internationale. Voici ma proposition qui répond à la situation européenne essentiellement caractérisée par la guerre en Ukraine et le risque de IIIème guerre mondiale avec aussi le conflit israélo-palestinien qui a des répercussions en Europe.
Il faut convoquer et tenir une conférence européenne pour la reconstruction de la IVème internationale sur les mots d'ordre :
- À bas l'Union européenne !
- À bas la Fédération de Russie !
- Vive les États-Unis Socialistes d'Europe (de l'Atlantique à l'Oural) !
Il faut dès maintenant inviter à cette conférence les organisations suivantes :
- FRANCE - Révolution Permanente
- FRANCE - Groupe Marxiste Internationaliste
- FRANCE - Combattre pour le Socialisme
- FRANCE - Avant Garde Internationaliste du Mouvement Ouvrier
- BELGIQUE - Ligue communiste des travailleurs
- ALLEMAGNE - Revolutionäre Internationalistische Organisation
- ESPAGNE - Corriente Revolucionaria de Trabajadores (CRT)
- ESPAGNE - Partido Revolucionário de los Trabajadores- Izquierda Revolucionaria
- ESPAGNE - Lucha Internacionalista
- ESPAGNE - Spanish State Socialism and Liberty (SOL)
- CATALOGNE - Corriente Revolucionaria de Trabajadores y Trabajadoras
- PORTUGAL - Ruptura/FER
- PORTUGAL - Trabalhadores unidos
- ROYAUME-UNI - International Socialist League
- ITALIE - Partito di Alternativa Comunista
- ITALIE - Frazione Internazionalista Rivoluzionaria
- UKRAINE - Ukranian Socialist League
- BELARUS - SMOT
- RUSSIE - Internationalism and Freedom

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Rassemblement international en 1971 à Essen en Allemagne. L'un des moments où l'OCI était une organisation révolutionnaire. Sur la banderole, Le mot d'ordre "Vive les États-Unis Socialistes d'Europe" en cinq langues.