Après tous ces échanges, ces derniers jours, et après mes billets précédents, une précision que je souhaite faire pour lever toute ambiguïté : si je penche personnellement plutôt pour l'abstention, je tiens à préciser que je ne fais en aucun cas un "appel", à qui que ce soit, en faveur de l'abstention...(et d'ailleurs, qui, à part quelques vieux amis, s'en préoccuperait ?)
L'évidence du danger: on ne peut pas tout à fait écarter qu'une forte abstention conduise à une impensable victoire du FN - avec des conséquences tragiques pour nous tous, pour le pays, et même au-delà...
D'un autre côté, une victoire nette de Macron risque fort, après des décennies de perte de repères, de reniements et de déceptions, de déboucher sur une catastrophe générale pour la gauche, et pour des millions de gens qui vont subir encore plus de restrictions et de souffrances...
Ce qui me retient du côté de l'abstention: le risque très lourd de voir ce qui reste de la gauche s'effondrer, et la campagne des Législatives se finir en Bérézina, malgré l'élan d'espoir du mouvement des Insoumis (avec un Mélenchon déprimé qui partirait en vacances ou en maison de repos). Faudra-t-il en passer par là? La "mobilisation" claironnée par beaucoup aura-t-elle lieu ?? Aura-t-elle un quelconque effet sur le rouleau compresseur des ordonnances et autres lois délétères (sans compter l'état d'urgence permanent) ? .... On a vu si souvent, ces dernières années, les flots de manifestations n'avoir aucun effet sur les gouvernements successifs, de droite, et de gauche... La méthode Coué ("si, si, on va le faire !") n'est pas mon truc. Il va vraiment falloir être à la hauteur.
Et puis, autre chose : on n'est pas habitués aux défaites totales et définitives, dans l'histoire de ce pays, mais tant d'autres pays ont sombré irrémédiablement après une grande débâcle. Cette possibilité n'est pas rien.
Voilà pour l'instant. Rendez-vous le 8 mai (jour de la victoire, tiens, tiens, voilà le calendrier qui s'en mêle, en apportant la note d'humour au tableau... Un bon signe peut-être ?).
On pourra au moins se dire, pour se remonter le moral, que c'est souvent dans les périodes les plus dramatiques de l'humanité que la poésie, la littérature et le théâtre ont donné leurs plus grands chefs d'œuvre (?). C'est peut-être ce que nous réserve l'avenir... Qui sait ? Pour être de bons révolutionnaires, devenons des poètes. Nous aurons besoin de chant et de musique, pour nous accompagner. A nous de jouer !