Un grand vent souffle sur Paris
Les antennes chantent sur les toits
Le vent s’engouffre dans les cours
Et les nuages filent dans le ciel.
L’orage est le premier rebelle
Qui fait pleuvoir dans nos cœurs
Et nous force à nous lever.
C’est le printemps de la tourmente
Le signe noir de la défaite
N’égaye que les hirondelles.
Partout sur la ville endormie
Au long des berges sinueuses
Au travers des plaines désertes
Des forêts jusqu’aux cimes des montagnes
Un air lugubre traverse le pays.
Ce grand vent qui s’est levé
C’est l’écho de nos peurs et de nos colères
Entravées depuis tant de temps
Accumulées à l’ombre des corps.
Il faudra sans attendre l’aurore
Déplier ces douleurs en nous
Faire craquer nos os
Désentraver nos vieilles attentes
Et nous lever avant que le vent ne retombe.
Il faudra réinventer nos chants
Depuis longtemps atrophiés
Leur donner de nouvelles saveurs
En s’inspirant du chant des campagnes blessées
En s’inspirant de la douleur des bêtes
Entassées comme des marchandises
Sur les étales de nos supermarchés.
Il faudra sortir en courant
Traverser la ville dans l’urgence
De la tempête qui se lève
Et demander sur un air de guitare
A la terre de nous pardonner.