LA MER NOIRE QUI MONTE
(extrait du recueil "Le Règne des deux mondes")
C’est l’heure de la colère
de la mer noire qui monte
aux quatre coins
du monde soudain
éberluée de voir
s’ouvrir
le gouffre des multitudes
le tremblement de terre
un tremble et dans
le ciel zébré soudain
les signes annonciateurs
des remous de l’histoire.
C’est tout ce que les lumières
de la
lumière de la révolte
font renaître là
au cœur de l’humanité
meurtrie
d’un bloc de terre parcourue de pluies diluviennes
en suspens soudain
dans la lueur du soir cette
soudain cette
petite musique des airs populaires.
Cette flamme invisible qui se rallume
cette flamme
des gens qui se souviennent
de leurs pères autrefois
montés à la ville
en flots de chants
flots unanimes
fourches de bois
torches au poing.
C’est une longue nuit là-bas
longue
nuit à l’horizon
tout autour de la
nuit de la terre
le soubresaut de ceux
le sursaut de ceux
qui se soulèvent
le signe inscrit là
inscrit dans la
colère de dire non
de tracer une brèche dans la
colère de l’avenir.
Puis ce n’est au début
ce n’est au silence de l’aube
au-dessus des toits
qu’une rumeur qui passe
au long des rues étroites
au long du chuchotement
du jour qui s’annonce
le faible écho des pas sur les pavés.
Qui pourrait croire que sur
qui pourrait sur les midis
croire tout à l’heure
que l’impossible se produise
tombé du ciel
un possible coup de foudre
le chant des nuages affolés
qui courent au loin se réfugier ?
Surgie de rien c’est la
fureur de la misère
tapie
dans les creux du passé
une montée de la
fureur des eaux dans le lit des rivières
sur les berges inondées
dans leur lit
les eaux où frappent les coups
les berges de tonnerre
la confusion le cri
des cœurs blessés.