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Billet de blog 3 décembre 2018

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La mer noire qui monte

Ce n'est peut-être pas l'heure de poétiser. Pas l'heure de faire du lyrisme. Peut-être. Mais faudra-t-il attendre le pire pour que la parole, au-delà du temps des médias et des réseaux sociaux, se mette à nouveau à la recherche de sa possibilité de poésie ? Justice sociale et poésie (est-ce un hasard?), depuis des décennies, l’une bafouée inexorablement, l’autre, disparue des sphères médiatiques.

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LA MER NOIRE QUI MONTE

(extrait du recueil "Le Règne des deux mondes")

C’est l’heure de la colère

de la mer noire qui monte

aux quatre coins

du monde soudain

éberluée de voir

s’ouvrir

le gouffre des multitudes

le tremblement de terre

un tremble et dans

le ciel zébré soudain

les signes annonciateurs

des remous de l’histoire.

C’est tout ce que les lumières

de la

lumière de la révolte

font renaître là

au cœur de l’humanité

meurtrie

d’un bloc de terre parcourue de pluies diluviennes

en suspens soudain

dans la lueur du soir cette

soudain cette

petite musique des airs populaires.

Cette flamme invisible qui se rallume

cette flamme

des gens qui se souviennent

de leurs pères autrefois

montés à la ville

en flots de chants

flots unanimes

fourches de bois

torches au poing.

C’est une longue nuit là-bas

longue

nuit à l’horizon

tout autour de la

nuit de la terre

le soubresaut de ceux

le sursaut de ceux

qui se soulèvent

le signe inscrit là

inscrit dans la

colère de dire non

de tracer une brèche dans la

colère de l’avenir.

Puis ce n’est au début

ce n’est au silence de l’aube

au-dessus des toits

qu’une rumeur qui passe

au long des rues étroites

au long du chuchotement

du jour qui s’annonce

le faible écho des pas sur les pavés.

Qui pourrait croire que sur

qui pourrait sur les midis

croire tout à l’heure

que l’impossible se produise

tombé du ciel

un possible coup de foudre

le chant des nuages affolés

qui courent au loin se réfugier ?

Surgie de rien c’est la

fureur de la misère

tapie

dans les creux du passé

une montée de la

fureur des eaux dans le lit des rivières

sur les berges inondées

dans leur lit

les eaux où frappent les coups

les berges de tonnerre

la confusion le cri

des cœurs blessés.

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