Comme tant d'autres qui trouvent cela insupportable, je ne peux m'empêcher de le dire à mon tour, même si ça ne sert à rien, même si ma petite parole citoyenne n'a aucun poids : ce que fait Netanyahou et son armée à Gaza, ça n'a pas de nom!
Et pourtant, il faudra bien trouver le mot, ou l'inventer, pour catégoriser cette forme de destruction massive, doublée de cruauté aveugle, hors norme, qui crée un précédent dans l'échelle des horreurs... L'expression "crime de guerre" paraît bien faible pour nommer ce qui a lieu sous les yeux du monde entier. Si ce n'est pas un "génocide", ce que je veux bien admettre, quel mot mettre sur ces atrocités, pour que la justice s'exerce un jour, et si possible sans attendre que le pire se produise ?
Mais, dans l'immédiat, nul besoin d'être historien ou juriste pour voir que les mots interdits, "génocide", etc, à ce stade ce n'est pas le problème. Une telle rage de vengeance aveugle, ça n'a pas peut-être pas (encore) de nom, mais il y a cette évidence : ce sont des fous, des fous furieux, des criminels de masse qui portent la vengeance à un tel degré de brutalité.
Le Hamas a commis le 7 octobre des abominations, qui elles non plus n'ont pas de nom, c'est indéniable. Mais comment peut-on justifier qu'on fasse subir aux Palestiniens de telles atrocités, depuis des mois ? Comment peut-on justifier que la "réplique" au "7 octobre" soit aussi déchaînée, au point de rassembler contre Netanyahou de très nombreux Juifs de par le monde, y compris en Israël ?
Comment peut-on commettre de telles choses ? Il faut ne plus être humain. Qui jugera Netanyahou et ses sbires fanatiques ? Quand ? Quand les Etats-Unis, l'Europe, et autres pays "occidentaux" vont-ils se décider à intervenir pour arrêter cette épouvante ? Quand va-on cesser de livrer des armes et des bombes à ces brutes qui s'en servent comme de jouets maléfiques pour donner libre cours à leur perversité ?
Faut-il attendre, semaine après semaine, mois après mois, que des centaines de milliers de femmes, enfants et hommes, parqués dans un enclos comme du bétail, sans possibilité de fuir, meurent sous les bombes, de faim, de soif, de désespoir, au milieu d'un champ de ruines ?
Non, décidément, à ce stade, l'heure n'est pas aux bagarres intestines sur le choix des mots pour qualifier la destruction de masse à Gaza. "Génocide" ou pas, c'est en tout cas l'heure où les pays qui seront restés à regarder sans rien faire pour arrêter cette folie auront perdu leur honneur - si ce mot a encore un sens, tant il paraît anachronique en ces temps de folie meurtrière.
A un moment, la rationalité supposée des diplomaties occidentales, la "real politik", rejoint sa place dans les poubelles de l'histoire. Et nous, les "contemporains" des horreurs, comme en toute époque, oserons-nous faire choeur avec le poème admirable de Villon ?
"Frères humains qui après nous vivez / N'ayez les coeurs contre nous endurcis / Car si pitié de nous pauvres avez / Dieu en aura plus tôt de vous mercis..."
Nous n'avons plus, depuis longtemps, l'alibi de la pauvreté; notre "condition humaine" a depuis des lustres les apparences de l'inhumaine laideur des lâches... Et il est peu probable que des "frères humains", s'ils peuvent encore vivre après nous sur cette planète, auront pitié de notre époque...