Demain, l'Europe va basculer encore un peu plus vers l'abîme... En France, le succès annoncé de Bardella est tellement facile à expliquer qu'on hésite à le répéter: il est dû à la haine que Macron s'est attirée, depuis 7 ans, de la part d'une majorité de Français. Ce qui ne l'empêche pas, lui et ses partisans, de pousser des cris d'orfraie face à la "menace de l'extrême-droite" ! Peut-on être, au choix, soit aussi aveugle, soit aussi hypocrite ?
Si les sondages ne sont pas trop faux (pour une fois...), ce sera en raison des vases communicants : sur les 32% de vote en faveur du RN, environ la moitié viennent de l'électorat "populaire", qui naguère votait à gauche et qui n'en peut plus de boire la tasse, année après année (pas seulement depuis 2017, parce qu'on n'oublie pas ce qu'on fait Sarkozy et Hollande..); quand aux 15% annoncés pour la liste "Renaissance", c'est juste le score que Macron obtient depuis le début !!
Plus largement on annonce un net virement vers la "droite" (disons très, très à droite) pour l'ensemble de l'Europe. On peut dessiner un petit portrait de l'Européen moyen de 2021 : tandis qu'une grande partie du monde subit des inégalités abyssales, subit les effets du réchauffement climatique, subit des guerres et vit chaque jour dans l'extême-violence, l'Européen, installé sur deux siècles de progrès matériel, de consommation de masse, a les yeux braqués sur le "déferlement" des barbares, se désole chaque jour des "intempéries" (cf le JT chaque soir), se lamente au sujet du prix de l'essence à la pompe (sans parler du petit bourgeois moyen qui roule en SUV, passe ses vacances "au soleil" et le reste de l'année, courbe l'échine devant ses chefs...).
Ainsi, l'Européen va choisir demain de donner ses suffrages au camp bleu foncé (du bleu marine au marron) du Parlement. Voici ce qui va en résulter, selon toute probabilité, hélas : le parti de droite traditionnelle, néolibéral, va se voir obligé de "faire des deals" avec les partis d'extrême-droite, désormais incontournables au Parlement. Ne voit-on pas déjà depuis des mois Ursula von des Leyen fricoter avec sa copine Meloni ?...
Quelques exemples de "dossiers" majeurs pour l'avenir. Ecologie : fini les mesures pour tenter de limiter les effets du réchauffement climatique et s'y "adapter"(pourtant déjà très "light"); priorité à l'austérité, priorité au "business as usual". Ukraine: priorité à la "paix", c'est-à-dire, en clair, réduction drastique des aides à l'Ukraine (ce qui, après une possible élection de Trump aux Etats-Unis, verrait une rapide victoire de Poutine et ainsi une défaite de plus de l'Europe, cette fois-ci catastrophique)... Immigration : fermeture encore plus draconienne des frontières externes. "Sécurité" : toujours plus de police, caméras de surveillance dans les grandes villes, toujours plus d'interdiction de manifester... Culture : ah pardon, je blague... On peut s'arrêter là pour l'instant.
En résumé : qu'on soit pour ou contre "l'Union Européenne", qu'on soit nationaliste ou pas, au final, d'ici la fin de la décennie, c'est à la fois l'Europe dans son ensemble, et les pays européens, qui vont être les grands perdants de l'état de guerre mondialisée qui est en cours - un état de guerre qui ne peut que s'amplifier et se durcir au fur et à mesure que la "Nature" va dégrader les conditions de survie sur la planète Terre.
Voilà où en est ce qu'on a nommé depuis deux siècles : la "démocratie"... Quant au capitalisme, il n'est pas besoin d'être devin ou voyant pour voir qu'il est de plus en plus autoritaire, destructeur, et guerrier. Bon vote à toustes !!