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Billet de blog 10 mai 2017

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Deux écueils des temps : l'élitisme et le populisme.

Deux écueils des temps : l'élitisme et le populisme. Pour moi, une seule voie pour échapper à ces deux sources de discorde : essayer, en toute circonstance, de s'adresser à l'intelligence de chacun...

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Deux écueils des temps : l'élitisme et le populisme. Pour moi, une seule voie pour échapper à ces deux sources de discorde : essayer, en toute circonstance, de s'adresser à l'intelligence de chacun... Une utopie ? Non, une ligne de vie. 

Une ligne de vie qui devrait sous-tendre tout projet politique, tout projet en matière d'éducation, de culture, d'économie. Bref une ligne de vie sur la voie de la démocratie.

S'adresser à l'intelligence de chacun, ce n'est pas un "humanisme" naïf. Ce n'est pas se faire croire que nous sommes bons par nature. Et pas non plus mauvais par nature. C'est justement chercher un peu plus loin que le bien et le mal. Elitisme et populisme se nourrissent de bien et de mal, en veux-tu, en voilà.

Ce n'est pas non plus cette forme d'individualisme agressif, qui nous adresse cette injonction: "allez, libérez vos talents!". Parler ainsi, c'est s'adresser à un troupeau. C'est au contraire une adresse qui est faite en tête-à-tête, à celui qui est devant nous. Ce "tu" à qui on s'adresse ainsi, ce ne sera jamais un troupeau, mais au contraire celui avec lequel on peut partager la condition humaine.

S'adresser à l'intelligence de chacun, c'est considérer celui qui est devant nous capable d'entendre, de voir, de penser, d'agir, avec ses qualités et ses limites. C'est aussi le bousculer dans ses certitudes, et ce faisant, se bousculer soi-même. 

C'est s'exposer à l'intelligence de celui-là et s'exposer soi-même, c'est s'adresser à soi-même ce défi : tâche d'être à la hauteur de la situation... Une ligne de vie, une ligne de crête, difficile, mais possible. 

S'adresser à l'intelligence de chacun, c'est ne pas se contenter des slogans, c'est s'interroger sur le sens des formules toutes faites qui nous assaillent et font de nous des automates. C'est entrer au coeur de la langue, en ce qu'elle a de vivante. C'est faire exploser les réflexes de la communication et donner sa chance à l'image poétique.

S'adresser à l'intelligence de chacun c'est offrir à chacun l'occasion d'aller chercher en soi-même des possibilités, des habiletés. C'est se donner la chance d'essayer, de tatonner. Et d'en éprouver du plaisir, parfois, quand quelque chose qui n'était pas prévisible sort de soi-même.

S'adresser à l'intelligence de chacun c'est s'imposer une ligne de conduite : ne pas attendre des réponses toutes faites, ne pas se contenter de dire ce que les autres attendent qu'on leur dise. C'est un acte de courage. Et le courage est la vertu qui nous manque le plus, à nous qui sommes en train de laisser détruire le monde.

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