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Billet de blog 11 décembre 2018

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Quand Macron fait l’aumône aux pauvres, le Sénat favorise l'exil fiscal des riches

Au moment où Macron faisait son discours censé apaiser les Gilets Jaunes, le Sénat votait l'allègement de l'exit tax, permettant ainsi aux plus fortunés de s'exiler avec leurs plus-values sans payer d'impôts ! Clin d'oeil vilainement ironique de l'actualité parlementaire, ou bras d'honneur des « représentants du peuple » à la France en colère ?

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Tandis que Macron faisait ses tours de passe-passe télévisuels pour tenter de calmer les colères populaires, le Sénat votait l'allègement de l'exit tax. Le gouvernement voulait supprimer cette taxe pour permettre aux plus fortunés de s'exiler tranquillement avec leurs plus-values de vente d'actions, sans payer d'impôts. Face au climat d’insurrection qui règne en ce moment, il se contente pour l'instant d'un « allègement ».

Comme le résume, d’une phrase joliment neutre, un journaliste parlementaire sur le site Public Sénat : « Les plus fortunés, partis à l’étranger, attendront entre 2 et 5 ans, avant de vendre leurs actions sans être taxés. »

Au moment où depuis des semaines la France est chamboulée de part en part par l’accumulation des meurtrissures et le débordement des colères, voilà un "acte de bravoure" parlementaire bien digne de nos "représentants du peule" !

L’argument lancé en choeur par les droites macronienne et « la-républicaine » : cette taxe ne servait à rien et n'empêchait pas les plus riches de partir à l'étranger. Argument d'une suprême mauvaise foi quand on sait qu'il y a beaucoup plus de riches qui viennent investir en France, où ils accumulent des centaines de milliards d'euros de profit chaque année, que de riches qui "partent à l'étranger" !

On peut d'ailleurs admirer le "courage" de ces rares esthètes multimillionnaires qui n’en peuvent plus de surplomber les quais de scène parisiens à travers les bow-windows de leurs appartements de luxe, qui trouvent leurs résidences secondaires sur les côtes normandes ou dans les campagnes verdoyantes du Limousin tellement invivables qu'ils préfèrent s'exiler sur un rocher dans le Pacifique, dans une datcha russe ou dans tout autre « paradis » que leur offrent les nombreuses "démocraties illibérales" de la planète – où ils espèrent payer moins d'impôts !

Nos dignes sénateurs, si soucieux du moindre risque de crise d’urticaire de quelques belles fortunes face au « poids de la fiscalité », n’ont donc pas hésité à les alléger de ce fardeau. Au risque que ce genre de clin d'oeil amèrement ironique de l'actualité soit perçu comme un bras d'honneur au peuple. Les historiens du futur pourront s’en étonner, mais dans l’immédiat il n’est pas sûr que les Gilets Jaunes, et avec eux une grande majorité des Français, apprécient... 

Un tel aveuglement d'une institution censée être au coeur de la République laisse une fois de plus pantois. De plus en plus inquiétant. A moins que ce ne soit un signe d'espoir de plus, dans la mesure où l'on voit mal comment les Français pourront supporter longtemps encore cet aveuglement et cette arrogance de la classe dominante...

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