Non, Monsieur le Président, le droit à la sûreté n'est pas "une liberté fondamentale" ! C'est seulement... un droit fondamental dans l'état de droit - mais pas une "liberté". Du reste, souvenez-vous que le droit à la sûreté est l'invention de Thomas Hobbes, qui avait lui aussi cette pauvre, cette curieuse idée de « la liberté fondamentale » : celle de se défendre contre ses semblables, dans la « guerre de tous contre tous » à laquelle il réduisait toute forme de société. Hobbes était d’ailleurs un fin logicien : il faut en effet - de façon logique - partir de cette prémisse (qui réduit la liberté à la capacité de se défendre contre ses semblables, toujours soupçonnés d’être des ennemis), pour aboutir à la conclusion que "le droit à la sûreté est une liberté fondamentale"... C'est ce raisonnement logique, basé sur une prémisse fausse, que faisait Hobbes. Et c’est celui que vous faites, Monsieur le Président… Pour définir des "libertés fondamentales", il conviendrait de partir d'une approche anthropologique plus large que celle qui réduit les sociétés à l'état de guerre de tous contre tous. Il conviendrait d'avoir une vision de l'homme incluant notamment son besoin fondamental d'entraide. (Il n'est d'ailleurs pas moins réaliste d'inclure cette dimension de l'entraide dans la vision de l'homme que n'est réaliste la vision étroite de la guerre de tous contre tous). Pour autant que l'on accorde à l'homme ce besoin fondamental d'entraide, il s'ensuit, par contraste avec votre affirmation, Monsieur le Président, que LE DROIT DE S'ENTRAIDER EST, LUI, UNE LIBERTE FONDAMENTALE"... Ne l'oubliez pas, s'il vous plaît, Monsieur le Président ! Ne l'oubliez pas, dirigeants de ce pays, de tous bords... Car, conduits par vos peurs et vos passions (dont celle de conserver vos mandats), vous risquez bien de semer aujourd'hui, à l’instar de M. Bush Jr., de très mauvaises graines dans notre terre pour le futur ! Merci.
Billet de blog 16 novembre 2015
Le droit à la sûreté n'est pas une liberté fondamentale
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