Hier soir, A., ma nièce de 25 ans, que j'ai vue dans son berceau et que j'ai vue ensuite grandir, m'a parlé de sa peur du FN, et cela, bien sûr, me bouscule un peu, et m'inspire un angle différent pour essayer de penser ce moment abrupt pour le pays.
Que puis-je faire de sa peur ? Cela doit-il influencer mon vote (ou mon non vote) ? Pour qui, au fond, est-ce que je m'apprête à faire un "choix" ?...
"A nos âges", comme on dit, il serait bon de se demander aussi : à qui appartient vraiment "mon" vote (ou mon non vote) ? Au nom de quoi est-ce que je vais, ou non, voter ? "Moi" ? Mes enfants (si j'en ai) ? Les êtres qui me sont chers ?
Dans notre monde si centré sur l'individu, on ne se pose pas la question, ou pas explicitement, et cela compte peut-être plus qu'on ne le croirait à cette occasion républicaine de l'élection. Il est si naturel de penser "je". Est-ce saugrenu, cette question ? Ou au contraire est-ce en fait évident ?
Je suppose que n'importe quelle mère de famille pense à ses enfants au moment où elle vote, et sans doute que cela influe beaucoup sur son "choix"... Mais un homme qui vote, est-ce qu'il vote en tant que mâle dominant ou tant que père ? Questions que les sociologues et politologues ne semblent pas avoir encore ouvertes, et qui pourraient être fertiles - politiquement...