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Billet de blog 5 février 2017

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Soutenir Hamon, malgré tout

L'élection à venir n'est pas une élection de plus, pour rien... c'est une élection qui va agir sur nos existences quelle que soit notre opinion, quel que soit le degré de notre déni de l'influence de la volonté politique sur notre destin...

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

"C’est l’appel de démarches dans un désarroi dont on ne se cache plus. Que faire? N’importe quoi. N’importe l’attitude qui s’affranchisse des modes funestes de la médiocratie et n’importe l’idée qui contribue à l’élaboration d’une vie publique dignement instituée, il y va d’avancées sans garanties. Pour Patrice Loraux, «une politique de gauche est une politique qui ne sait pas où elle va». Quitter les sillons de la débandade annoncée pour créer un sillage dans lequel abondera le banlieusard moyen devenant dubitatif le jour où il lui en coûte davantage de remplir le réservoir d’essence de sa voiture que ce que lui rapporte sa journée de travail. Quand le refrain de l’idéologie jurera, ce jour, souverainement, co-rompre. C’est le pari de Pascal adapté à la politique. Faire comme si nos actions tendaient nécessairement à rendre révolu un ordre dévastateur à grande échelle par-delà ses prétentions à nous nourrir à la petite cuiller, tabler sur le jour où vacillera la confiance de la majorité envers ses discours, escompter le caractère visible et criard de sa duplicité, avancer en une pensée néanmoins empreinte de précaution envers elle-même, croire que les actions mises en œuvre sont destinées à réussir dans l’histoire, afin qu’elles aient lieu en réalité, le cas échéant, et puissent alors porter au large."

Cet extrait du livre d'Alain DENAULT (La médiocratie ; éditions lettres libres) vient bien résumer ce qui m'apparaît aujourd'hui comme une nécessité : dépasser l'idée que rien n'est possible en dehors de ce qui nous est imposé au nom d'un ordre libéral immanent plus ou moins aménagé pour être plus ou moins supportable.

Aujourd'hui, nous ne savons rien de l'issue de nos élections présidentielles. Doit-on à ce propos en attendre quelque chose ? Oui ; l'exemple étasunien nous enseigne qu'il ne faut pas se détourner de la chose publique et du demos qui vient l'animer. Nous sommes continuellement invités à nous résigner et nous soumettre à un ordre qui n'est qu'une idée de l'ordre elle même subvertie par ceux qui tentent de l'imposer.

Je ne parlerai même pas de notre résignation à la soumission dans le cadre de nos existences professionnelles ni à celles à laquelle nous consentons dans la jouissance que nous pouvons avoir à partir de nos consommations. Notre contribution à l'ordre économique, à ses excès, à sa sauvagerie est inévitable dans un contexte où il nous est collectivement impossible de renverser la table.

Nous sommes prisonniers de paradoxes qui d'une certaine façon rendent notre existence possible, un certain confort matériel, une certaine sécurité immédiate et à court terme qui suffit à nous détourner d'une lecture plus ambitieuse de l'existence humaine comme le note Alain DENAULT un peu comme le dit Cynthia FLEURY qui considère le caractère irremplaçable de l'individu.

L'exemple de notre ami FILLON illustre bien ce qui s'apparente à une dérive autoritaire du pouvoir d'une minorité qui persiste à prétendre n'exister qu'à travers sa représentation d'une majorité. Par représentation, il faut entendre là tout aussi bien la dimension élective que l'image qu'un FILLON entend projeter dans l'espace public ; image d'une majorité, d'un peuple dont il aurait la capacité à réduire la complexité à quelques slogans.

La période qui s'annonce est périlleuse :

- pour la démocratie d'abord mais peut-on contester un vote démocratique, considérant son issue probable comme inacceptable ?

- pour nos vies individuelles déjà encadrée par un nombre croissant de règles qui saturent nos espaces professionnels et tentent de coloniser nos espaces domestiques. Mais comment concilier le respect de l'individu, son ipséité tout en lui apportant des réponses sociales à des besoins dont il aimerait s'affranchir par différentes formes de capture (des richesses matérielles, du pouvoir politique...) ?

Il y a bien d'autres questions à soulever auxquelles l'avenir apportera ses réponses.

Mais nous pouvons y contribuer, nous le devons.

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