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Billet de blog 5 avril 2020

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L'autonomie du politique

Petite digression inspirée par un article publié sur le site "The conversation".

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

https://theconversation.com/nos-identites-a-lepreuve-du-confinement-135101

La question de l'autonomie apparaît centrale alors que nous en sommes actuellement presque totalement privés, soumis à l'autorité de l'état d'urgence sanitaire qui expose à toutes les dérives sécuritaires au nom de la protection des populations (et d'un service public de santé abimé par dix ans de restrictions de ses moyens). Cette situation ne constitue en définitive que l'extension à nos vies de moins en moins privées (puisque surexposées au contrôle numérique) à ce que nous avons chacun eu l'occasion de vivre dans le monde du travail. Gageons que l'issue de cette crise n'arrangera rien à nos affaires professionnelles et à la qualité de notre existence dans des contextes où notre autonomie de pensée et d'action est  quasiment inexistante et attaquée sauf à pouvoir s'affirmer, discrètement à l'intérieur (à l'abri) de collectifs qui viennent redoubler les règles organisationnelles et managériales d'ajustement des rôles professionnels. D'un point de vue plus général, il me paraît impossible de ne pas redouter l'après de cette épidémie. En attendant, d'une certaine façon, il est possible de se protéger d'un risque qui ne se limite pas à la seule contagion du virus. Il est possible de résister au quotidien à cette peur instillée par les médias et entretenue par les pouvoirs publics inquiets des limites de la seule invocation du danger comme raison suffisante à la limitation des mobilités individuelles à l'exercice du droit à répondre à quelques besoins fondamentaux et à travailler (avec ou sans protection ) au service des autres (et du Marché, notre grand Autre du moment). La puissance d'action du pouvoir politique sur l'épidémie tend à se réduire à l'exercice d'une parole performative dont la crédibilité ne résiste pas à l'épreuve de la réalité. S'il convient d'interroger les limites de l'autonomie, considérons donc également celle du pouvoir politique, considérons sa légitimité à réduire nos existences à la simple condition d'exécutants d'une volonté dont la seule puissance consiste à l'affirmation d'une autorité à laquelle bon nombre de citoyens n'accordent plus aucun crédit. L'autonomie du pouvoir politique se trouve en effet elle-même sous l'influence du pouvoir de l'économie financiarisée. Cette forme d'économie ne contribue en aucune façon à l'autonomie des citoyens dans une définition qui ne se limite pas à leur condition de consommateur. La dimension politique du pouvoir tend ainsi à se réduire à l'usage d'instruments législatifs et normatifs de contrainte et de restriction du champ dans lequel peut de moins en moins s'exercer une autonomie personnelle créatrice de valeurs et d'actions collectives.

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