Le Pouvoir exécutif semble avoir bien compris comme le montrait en son temps Gustave LEBON, le caractère imprévisible et dangereux de la foule, masse mimétique d’individus capables de s’exposer à des risques qu’ils se garderaient bien de prendre en d’autres circonstances.
C’est le rappel de ces risques qui a le pouvoir de ramener l’individu à la « raison », à sa faculté d’évaluer le rapport coût-bénéfice de son engagement.
Là où il s’autorisait à s’oublier pour mieux son droit à la contingence et à l’indétermination de son destin, le voilà « pris à partie », extrait d’une foule interdite et ramené à sa condition d’individu exposé à l’arbitraire de la loi et de ses agents.
Si le pouvoir persiste dans cette voie, il est fort possible que seuls quelques irréductibles inconscients ou individus n’ayant plus grand-chose à perdre, continueront à sortir pour manifester leur opposition aux mesures liberticides prises dans la plus grande indifférence d’une majorité silencieuse.
Le silence s’oppose ici à la résonance récemment théorisée par H. ROSA, chacun se trouvant isolé et exposé à des messages anxiogènes qui visent à interdire toute velléité de rapport à l’autre capable de créer les conditions d’un mouvement collectif.
Imposer le silence
Le pouvoir exécutif doublement armé par ses forces de l’ordre physique et ses forces de l’ordre médicale est parvenu à imposer l’idée du principe de précaution comme organisateur d’une vie sociale qui semble désormais devoir « se vivre » au rythme des interdits sécuritaires.
La prochaine étape pourrait bien consister à imposer le silence
Ce n’est que moyennant le recours à des technologies de la communication et de la surveillance de plus en plus intrusives que ce pouvoir peut espérer pouvoir imposer son modèle d’une existence au service de l’économie, d’une vie débarrassée de ses affects sociaux, silencieuse et simplement préoccupée de sa viabilité organique au service d’une conception autoritaire du gouvernement des hommes.