Compter, toujours compter. Les salariés « en retrait » malgré eux devront très probablement, s’ils ne sont pas parents dans l’obligation de garder leurs enfants, déduire leurs jours d’absence de leurs droits à congés payés et RTT.
C’est donc pour des motifs d’ordre public, qu’ils sont amenés à prendre leurs vacances aujourd’hui, à poser leurs RTT pour ne pas pénaliser l’employeur. Ce « repos forcé » ne devrait pas en effet (espérons le) excéder la durée de leurs droits à congés annuels (au moins 5 semaines de congés payés).
Je ne sais pas ce qu’il faut dans ce très bas monde pour qu’il soit possible de se détacher, un temps, de cette folie comptable, de l’idée selon laquelle tout doit être payé, tout est question de dette à régler, de découvert à combler, de perte à compenser.
La générosité semble avoir définitivement quitté le monde de la politique après avoir été exclue du champ économique pour des raisons liées à la gratuité des actes qu’elle suppose dans sa mise en œuvre : donner, recevoir et rendre sans qu’il soit forcément question d’argent, de quantification du temps.
A travers la prise en charge par l’assurance maladie du retour en famille des enfants scolarisés pour cause de pandémie, c’est au jeu cynique des pouvoirs publics que nous assistons, refusant de faire supporter par le budget de l’Etat la conséquence d’une décision de police.
S’il doit y avoir générosité, il semble bien qu’elle sera destinée aux entreprises et pas à leurs salariés. Les exonérations et autres reports de charge, fiscale ou financière, permettront de préserver leurs résultats (peut-être pas leurs bilans pour celles qui sont cotées !) d’autant plus que la charge des salaires de leurs employés placés par les pouvoirs publics en situation de chômage partiel ou maintenues chez eux pour garder leurs enfants, sera supportée par l’UNEDIC ou l’assurance maladie.
A défaut d’être généreux, d’être humainement appréciables, nos comptables au pouvoir sont ingénieux, montrant une disposition particulière à neutraliser les effets de leurs choix dès-lors qu'ils risquent d'affecter celles et ceux auxquels il sont amenés à rendre des compte, pour les faire supporter par d'autres qui n'ont d'autre alternative que d'y consentir sans discuter.