Jean-François COFFIN (avatar)

Jean-François COFFIN

Citoyen

Abonné·e de Mediapart

82 Billets

0 Édition

Billet de blog 16 avril 2020

Jean-François COFFIN (avatar)

Jean-François COFFIN

Citoyen

Abonné·e de Mediapart

Distance

"Comment l’espace public des villes pourrait être réaménagé pour faciliter la distanciation sociale" : c'est le titre d'un article du Monde du 16 avril 2020. Son contenu interroge tout autant qu'il répond à la menace désormais inscrite dans le temps et dans nos espaces de vie, d'un virus en passe de transformer nos vies.

Jean-François COFFIN (avatar)

Jean-François COFFIN

Citoyen

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Comment l’espace public des villes pourrait être réaménagé pour faciliter la distanciation sociale

Bon, c'est entendu : il va falloir de la distance. Combien de temps ? Nous l'ignorons tout en devinant que cela risque de durer et de modifier nos espaces de vie, des espaces qui n'auront plus rien de commun. Voilà venu le temps de la séparation des corps, de la peur inscrite dans nos quotidiens, la peur de l'autre, le porteur réel ou fantasmé, toujours supposé de ce virus qui, s'il ne nous rend pas la vie commune radicalement impossible, aura constitué au cours de l'histoire de ce début de siècle, l'opérateur d'un changement anthropologique majeur.

Nous sommes déjà privés de notre liberté, le peu d'autonomie dont nous pouvions disposer, offert aux forces des différents marchés qui broient nos existences et les livrent à la sélection. Nous pouvions encore, vivre sans inquiétude, parmi les autres, anonymes, invisibles, parfois soucieux d'attirer le regard, mais en tout état de cause inoffensifs, ne constituant pas la menace que nous allons tous devoir incarner pour les autres et la société, la "sécurité sanitaire" au cours des mois, des années à venir.

Gageons que nous ne serons plus anonymes, mais surveillés, tracés, épiés par des outils numériques, soumis aux œillades de celles et ceux qui viendront à nous croiser, le visage à demi couvert par un de ces masques d'usage obligatoire au risque d'une exposition à la vindicte silencieuse, celle là même qui viendra témoigner auprès des représentants de l'ordre public, de notre inconséquence porteur potentiel (la seule probabilité ayant alors valeur de réalité) d'un de ces germes dont le caractère pathogène tient moins à son degré de transmission ou à sa létalité qu'à sa capacité à détruire toute forme d'insouciance et de sentiment de liberté dans l'espace public.

Nos vies vont devenir de véritables enfers ; un enfer total pour celui ou celle qui place la liberté au cœur de son existence, au travail, dans nos relations sociales soumises à des lois marchandes qui ne cèderont pas à la volonté de quelques idéalistes politiquement désarmés.

Je m'étonne, enfin en vérité, pas vraiment quand même, de la tolérance aux règles de vie qui restreignent déjà nos existences, les réduisant au simple rôle d'exécutants d'une volonté politique qui a su se saisir des circonstances pour nous imposer l'ébauche d'un monde totalitaire sous couvert de nous protéger de la maladie, celle que nous pourrions transmettre par l'effet du hasard et des circonstances.

Je ne sais pas si j'ai bien compris, je m'égare peut-être mais tout cela vient réduire le risque du hasard tout aussi bien que maitriser l'espace-temps de circonstances qui pourront dans le monde qui nous guette, disparaître pour laisser place à une organisation de plus en plus précise et prévisible d'existences qui pourraient bien, à terme, perdre toute raison lucide d'être.

Sommes nous en capacité de réagir ? Je l'ignore et le degré de conviction de la population désormais atteint au regard de l'idée bien ancrée de la nécessité de se protéger des autres et d'être protégé des autres et à travers eux de soi, semble indique que si nous disposons encore du pouvoir de renverser la tendance en cours, le temps est désormais compté.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.