C’est au sortir (s’il on peut, dire, une sortie virtuelle dans un monde qui s’existe qu’à travers les écrans) d’une « webconférence » (un néologisme de plus : j’attends avec impatience la production d’un ouvrage nous présentant tous ces termes qui viennent dissoudre notre réalité matérielle), considérant le malaise évident des intervenants, (les plus âgés semblent les plus marqués par cette épreuve) que je me suis interrogé une fois de plus sur l’époque et ce qu’elle me renvoie d’inanité, d’absurdité, de « dy (i) s » (dystopie, disruption, …).
Je ne parle pas ici des promoteurs de la politique numérique : je les crois perdus pour l’humanité ou hérauts d’une humanité dévitalisée devenue pour eux un véritable terrain de jeu, virtuel sur lequel tout est possible, tout est potentiellement vrai.
La désormais insupportable technologie appauvrit le collectif, isole l’intelligence humaine de ses interactions concrètes, écarte toute perspective d’une communauté de destin capable de refuser le « virage numérique »
Syndiqué, je suis informé des offres de formation numérique, et leurs fameux modules qui apportent une équivalence à partir de laquelle il est possible de poursuivre un parcours réel (c’est-à-dire tangible et sensible : un lieu, une chaise, un pupitre, une ambiance, des interactions croisées) ou bien entendu, virtuel si le pouvoir politique (imperium) l’ordonne, à partir des informations faussées qu’il distribue à la connaissance apeurée de sa population.
Le pouvoir politique dispose d’un pouvoir de vie et de mort (physique, sociale, économique, éthique) sur une population réputée devoir faire corps derrière un masque qui me fait penser à la croix des chrétiens, objet signe pour les uns d’une culpabilité collective, pour les autres d’un horizon commun.
Ce pouvoir n’est en effet pas sans évoquer celui de l’Église comme le montre bien l’ouvrage de P. Dardot et C. Laval (Dominer) avec son lot d’excommunication et de censure.
La nouvelle religion m’apparaît aujourd’hui comme « le numérique » au service d’une minorité qui est sortie de son monde pour détruire le nôtre, ses liens humains, de l’intérieur.
Cela passe par l’adultération et la corruption des esprits.
J’ignore quel est le but du pouvoir en place (qui ne se réduit pas au pouvoir d'un mouvement politique qui n'en constitue qu'un moyen), à part durer et poursuivre son expérience grandeur réelle, de conditionnement et d’asservissement d’une population dont il va falloir cependant orienter le vote pour l’emporter (à nouveau) dans les urnes.
Gageons que le « numérique » et son empire, lui permettront de parvenir à ses fins.