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Billet de blog 19 mars 2017

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L'alternative : pensable mais impossible ?

L'alternative ne semble plus possible. Nous pouvons toujours la penser, l'imaginer mais les différents murs qui nous entourent en limitent l'écho jusqu'à l'étouffer, lui laissant pour seul théâtre, un espace intime, un espace privé lui-même attaqué par un bien curieux conformisme qu ne s'avoue jamais ; chacun conservant par devers soi l'illusion d'être le porte parole d'une pensée originale.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La pré (s) election d'E. MACRON nous interroge quant à l'intérêt de nous accrocher à l'idée d'une possible alternative politique, sociale, manageriale. Il semble que la notion même d’alternative soit à être bannir de notre logiciel intérieur et de notre vocabulaire à usage social ou professionnel.

Illustration :  dans le secteur médico-social, secteur du handicap, nous savons que notre activité va être décomposée, calibrée, quantifiée à l’aune de tarifs opposables aux prestataires, "opérateurs" médico-sociaux.

Nous sommes tous paralysés, incapables de réagir, comme figés dans la posture d’obéissance qui nous est imposée par ceux qui semblent avoir consacrés leurs existences à réduire au nom d’un artifice économique, celles des autres à un rôle d’agent au service d’une cause somme toute mortifère.

Nous serons donc, bientôt, sans le moindre doute, comme nos collègues du sanitaire, obligés de répercuter à travers nos actes et nos paroles, une pensée qui transforme la réalité du travail en données chiffrées et organise les conditions d’une de ces exaltations technocratiques qui sert de catalyseur à l'action politique en général.

Opposer toute forme de résistance serait désormais une démarche vaine et inutile, dérisoire. Nous sommes depuis quelques années confrontés aux effets de prophétie anxiogène et infantilisante d'un traumatisme annoncé : acte terroriste, élection de M. Le Pen.  Pour l’éviter, nous devrions après avoir consenti à renoncer à quelques unes de nos libertés, voter utile.

Nous revoilà en 2002 avec la « menace Le Pen ». Au maintien au pouvoir d’une droite sans conviction, devrait donc succéder celle d’une gauche libérale qui refroidit toutes les ardeurs de la pensée alternative, qui invalide toute production d'utopie, ancrée dans le principe de réalité qui devrait gouverner l’existence de chacun d’entre nous pour nous préserver de toute recherche de liberté alternative, de toute autre voie d’expression de nos ressources vitales, un principe de plaisir délié de toute utilité économique, de toute production systématique de valeur.

La campagne électorale actuelle est un affrontement quantitatif sur fond de rivalité idéologiques du côté des tenants du social-libéralisme évoqué par Jean-François Bayart. Du côté des autres candidats, il y a une volonté plus ou moins affirmée de promouvoir les idées, un projet de société délié de l’obligation désormais impérieuse, d’en « chiffrer » le « coût » des mesures concrètes.

Face à cette quantophrénie si bien décrite par Alain Supiot, le choix de la résistance morale et concrète s’impose dans nos vies de citoyens, dans les choix que nous devons faire du refus de ce qui vient se substituer au plaisir pour les tenants d’une société de rapports de force, la jouissance morbide qui procède tout aussi bien du contrôle permanent de nos paroles, de nos actes et même de pensées que nous ne pouvons plus nous permettre de dévoiler au risque de l’effacement social, que de l’exercice d’un pouvoir économique qui se nourrit de l’attrition et de l’impuissance d’un nombre toujours plus grand de citoyens.

La réalité n’a d’intérêt que si elle peut être abordée dans un espace qui autorise des lignes de fuite, un degré de liberté assez grand pour évacuer les tensions qui accompagnent l’existence, la vie en société, l’activité quotidienne, le poids des contraintes matérielles.

Cet espace se réduit jour après jour mais il ne tient qu’à nous, individuellement et collectivement pour le préserver au quotidien, de ne pas accompagner le courant politique qui nous conduit aujourd’hui à faire avec une réalité sociale et matérielle de plus en plus pénible, utilitariste et réductionniste qui quantifie nos existences ramenées à leur seule dimension économique.

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