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Billet de blog 23 octobre 2017

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Solipsisme macronien

Emmanuel Macron semble convaincu de la qualité de son point de vue, de la pertinence du regard qu’il adresse à une société qu’il a décidé de transformer : transformer la France revient en effet à transformer la société française.

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Il va sans dire que sa conception de la transformation n’est que très partiellement compatible avec le point de vue de celles et ceux qui ont vocation, au regard de la situation sociale et économique, à être transformés. Il n’est pas question de réforme qui consiste en l’évolution d’une organisation dans le respect de ses fondements, en l’évolution des individus dans le respect de leur identité et de leur personne.

Non, il s’agit ici de substituer à une organisation, une autre organisation, à un individu, un autre individu. Dans l’esprit de notre président libéral, convaincu des bienfaits de sa pensée et de l’opportunité de ses actions, il n’est par contre pas question de substituer à une société une autre société, ce qui reviendrait à remplacer la France par une autre France, un corps social par un autre corps social.

Le chômeur d’aujourd’hui doit donc être l’actif de demain, à n’importe quel prix, fut-ce celui de sa dévalorisation, de son humiliation. Le salarié d’aujourd’hui doit devenir l’entrepreneur de demain, le fonctionnaire d’aujourd’hui quant-à-lui, privé jusque-là du plaisir de la saine compétition à l’emploi, doit accepter de rejoindre la future cohorte des précaires au nom de l’effet positif attendu des situations d’exposition au risque économique sur la productivité.

La condition d’entrepreneur est idéalisée, celle de salarié, considérée comme un frein à la production de richesse et la production d’individus producteurs de richesses, le statut du fonctionnaire comme un archaïsme, une rente et un handicap.

Le précariat est devenu l’horizon à partir duquel il pourra être possible de construire ensemble une nouvelle société dans laquelle chacun devrait pouvoir se reconstruire, se réformer, se transformer.

S’il le fait, ce sera pour mieux s’adapter au mouvement irrésistible et irrémédiable d’une société ou plutôt d’un écosystème en perpétuel remaniement sous l’effet de LA destruction créatrice, véritable phénomène à l’instar de l’ouragan ou du typhon, capable de créer les conditions d’une transformation permanente du monde suivant le modèle d’un organisme vivant confronté à l’exigence d’une lutte contre l’entropie.

Notre actuel président est le produit de ce phénomène, produit de la destruction créatrice appliquée à l’univers politique. Il tire sa légitimité à exercer le pouvoir de la mise en œuvre de ce phénomène indépendamment de l’élection puisqu’il semblait un peu avant la campagne électorale, considérer que la place de président lui revenait : nul besoin de programme, nul besoin de projet.

  1. Macron apparaît comme celui, qui à l’instar du psychanalyste selon Lacan, « ne s’autorise que de lui-même » (« et de quelques autres »), figure de l’homme solipsiste, affranchi du doute cartésien, capable de se faire passer pour un Autre.

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