Depuis mars, je me suis constitué une petite somme d’articles qui balisent les cycles de l’épidémie, du confinement autoritaire et martial, infantilisant mais présenté comme provisoire (d’où l’après qui a mobilisé bien des pensées et produit bien des ouvrages), à la situation actuelle qui me fait penser à un basculement circonstanciel dans un système illibéral. Tout est désormais réuni pour imposer un ordre politique nouveau marqué par l’assentiment d’une majorité apeurée de citoyens. La minorité de plus en plus silencieuse n’aura bientôt pour seule solution que celle de consentir (librement) à la soumission avant que le (librement) ne soit plus une option possible.
Je viens de créer un nouveau dossier, « après le jour d’après » en m’inquiétant de l’évolution possible de la tonalité de ses articles. Il y a avait de l’espoir dans la perspective du « jour d’après », de l’utopie, une certaine fraicheur intellectuelle, de la créativité, une pensée en germe capable de nourrir des actions une fois revenu le temps de la très relative liberté qui autorise le cours de nos existences à ne pas se réduire à l’entretien du cycle économique de la production et de la consommation.
Gageons qu’il risque bien d’en être autrement désormais, à l’espoir certes un peu dérisoire pour l’esprit critique, il est probable que succède un temps de dépression collective dans un environnement lui-même en plein processus de dégradation.
La nouvelle de ce « couvre-feu » et la fermeture de tous les lieux dans lesquels vient à s’exprimer autre chose que la faculté de produire pour consommer, m’a un peu sonné.
Non pas que je me sente directement concerné puisque j’ai passé l’âge du sport de compétition (je pense à ces sportifs privés d’entraînement), puisque je me suis aménagé un espace pour dépenser de l’énergie physique, évitant par la même la surcharge psychique et limitant le risque dépressif, puisque je ne fréquente que rarement les lieux culturels.
Mais je me sens solidaire de celles et ceux qui éprouvent le besoin et la nécessité de ces pratiques sportives et culturelles et que j’ai intégré depuis longtemps que seule la liberté est nourricière et que les restrictions de l’accès aux espaces sportifs et culturels peuvent être source de dévitalisation, comme peut l’être l’impossibilité désormais pour ainsi dire inscrite dans la loi sanitaire, d’être en proximité avec les autrui les moins familiers, de témoigner de notre existence commune autrement qu’en partageant le port d’un masque et la peur de l’autre.
Ce qui me pose le plus question, je l’ai développé dans d’autres billets, c’est bien la demande de confinement de certain, leur critique de tout point de vue alternatif à l’opinion dominante véhiculée et instillée par presque la totalité des media.
Nous sommes quelques-uns à partager ce point de vue et quelque chose de l’ordre de la sidération, d’un vague sentiment d’extranéité personnelle et d’étrangeté du monde perçu.