Jean-François COFFIN (avatar)

Jean-François COFFIN

Citoyen

Abonné·e de Mediapart

82 Billets

0 Édition

Billet de blog 24 août 2017

Jean-François COFFIN (avatar)

Jean-François COFFIN

Citoyen

Abonné·e de Mediapart

Emploi aidé: emploi aidant

La réduction du nombre d'emplois aidés marchands et non-marchands a été décidée au nom de leur inefficacité supposée et dans l'attente d'une réforme de la formation professionnelle. C'est ne pas considérer que ces emplois peuvent s'avérer tout aussi aidants qu'aidés même s'il leur manque une dimension de soutien et d'accompagnement social et psychologique. Témoignage.

Jean-François COFFIN (avatar)

Jean-François COFFIN

Citoyen

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

C'est aussi une histoire d'expérience personnelle. C'était il y a trente ans mais cela n'est probablement pas très éloigné de ce que vivent aujourd'hui des personnes à la limite de la rupture sociale et économique, confronté à un écart entre ce qui est attendu du côté des employeurs et de ce qu'ils sont en capacité d'apporter dans le contexte de leur demande.

Cela m'a occupé neuf mois : travail (le mal nommé) d'utilité collective dans une collectivité locale, homme à faire ce que les agents présents ne voulaient pas faire : classer, copier, détruire... 1 250 Francs par mois pour mi-temps : j'aurai préféré un SIVP (temps plein marchand à 2 500 Francs par mois) mais mes recherches s'étaient heurtées au mur des exigences d'employeurs soucieux de disposer d'un salarié à part entière rémunéré à 60% du SMIC de l'époque. Autre temps : même cynisme.

J'ai eu la chance de trouver un emploi de vendeur en CDI pendant mon deuxième contrat de six mois : je n'en pouvait plus des conditions de travail qui m'étaient imposées et il me fallait en sortir dès que possible.

C'est un courrier rageur destiné au directeur de l'agence locale pour l'emploi qui m'a permis de décrocher un rendez-vous avec un conseiller qui disposait dans son fichier d'un emploi vacant de vendeur de prêt-à-porter.

Depuis, j'ai fait mon chemin en rencontrant régulièrement des personnes aidantes capables de faire confiance sans trop se poser de question métaphysique concernant les risques et les chances et toutes ces questions qui concourent à transformer l'envie de changer de travail en chemin de croix.

Au cours de ces 9 mois, j'ai été amené à "compléter" mes revenus par du porte-à-porte non déclaré. Une petite annonce dans le journal local demandait des vendeurs de calendrier et de bons de soutien pour une association de mal-voyant nationale : j'y avais répondu et cela m'avait amené à rencontrer des personnes eux aussi à la limite de la marginalité sociale, obligées d'arpenter les rues de la ville pour solliciter la générosité de donateurs à seule fin de conserver 20% des sommes perçues.

J'ignore ce que ces personnes sont devenues. Mais à tout bien considérer, il vaut mieux un emploi aidé à ce type de situation que bien des chercheurs d'emploi désespérés doivent encore aujourd'hui choisir pour ne pas disparaître de la scène économique.

Il m'a manqué comme cela fait toujours défaut un accompagnement psychologique et social capable d'étayer celui ou celle qui s'accroche à son emploi aidé pour ne pas se laisser happer par le vide social et économique qui persiste à le menacer pendant ce qui aura été pour moi une période d'apaisement après quelques semaines d'errance.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.