Ce n’est rien : nous sommes tous des enfants...
Un enfant (de la patrie), ça ne dit rien, ça se tait et ça obéit. A la rigueur, avec un peu de « pédagogie », on peut l’aider à comprendre que ce qui lui est demandé, « c’est pour son bien », un bien dont il est réputé incapable de bien percevoir la complexité, tout comme il ne le peut pas non plus du monde dans lequel il se trouve être présent.
Un enfant (de la patrie), confiné, ça applaudi tous les soirs aux « héros en blouse blanche » qui n’en demandent pour la plupart, pas tant sinon la reconnaissance d’un pouvoir politique qui semble attendre la fin de la crise sanitaire pour transformer la démagogie en revalorisation salariale.
Il est permis d’y croire.
Un enfant (de la patrie), salarié, ça va travailler, ça « s’équipe d’EPI », ça respecte les mesures « barrière », ça attend la deuxième vague et ça regarde la télévision pour écouter celui qui donne les ordres.
Un enfant (dela patrie), ça doit obéir, quand même ! Sinon…
Bon, un enfant, on ne doit pas le frapper, (un enfant de la patrie, si, lorsqu’il subvertit l’usage du gilet de sécurité).
On doit le considérer comme un adulte en puissance, écouter ses besoins.
Mais on doit aussi être attentif sinon intrusif dès-lors qu’il vient à manifester l’écho d’une intériorité qui ne répond pas aux attentes de ses parents. Les outils numériques sont bien utiles, véhiculant les normes sociales dominantes, veillant à leur respect.
Lorsqu’un enfant exprime sa peur face à l’inconnu, il n’attend pas que l’adulte stérilise son environnement et le place en quarantaine pour le préserver du danger.
Il n’attend pas d’être privé de sortie et de relation sociale, espaces dans lesquels il peut s’autoriser à rêver à distance d’une emprise parentale, souvent fantasmée mais aussi en passe d’être tenue grâce aux outils numériques.
Lorsqu’un enfant exprime sa peur, le rôle du parent ou de l’adulte de confiance, est de lui permettre d’en identifier l’objet et de le connaître pour mieux le mettre à distance, pour le confronter à la raison et à l’intelligence commune.
Les affects de peur auxquels, nous sommes, enfants de la patrie, exposés ne procèdent pas directement de ce désormais fameux COVID 19, de sa létalité, de sa dangerosité, de sa présence dans l’espace de nos relations.
Ce sont les affects de peur d’un pouvoir qui redoute de perdre la main qu’il a prise, autoritaire, à l’aube d’un confinement devenu cauchemar pour les plus fragiles d’entre nous.
Emmanuel TODD dans son dernier ouvrage (les luttes de classe en France au XXIème siècle) écrit avant la crise sanitaire, évoque le passage à un monde orwellien à l’occasion de l’installation au pouvoir d’un Emmanuel Macron qui nous plonge collectivement dans un monde absurde et possiblement sans issue dont la « gestion » de la présence épidémie ne constitue qu’une bien triste illustration.