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Billet de blog 25 décembre 2020

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Un virus sous contrôle

Le mal est profond et ne se réduit pas à un virus dont le signifiant semble désormais concentrer toutes les anomalies d’une époque marquée par autant de dérives que d’impasses.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le problème de la démocratie, c’est que pour s’exercer, elle suppose un sentiment partagé d’utilité parmi celles et ceux qui se définissent avant tout comme citoyens. L’utilité devant s’entendre ici des deux points de vue, utilité du citoyen, capable de percevoir les effets de son action dans l’espace public et utilité de la démocratie capable de produire des effets attendus par la majorité de celles et ceux qui consentent à déléguer leur pouvoir d’agir au niveau collectif.

Comme sortir du marasme ?

L'épidémie de covid semble avoir produit l’effet d’une altération radicale d’un pouvoir démocratique d’agir déjà bien entamé, plus que jamais délégué de fait à une minorité très active, l'occasion lui ayant été donné de « prendre la main »  sous l'autorité de l'exercice d'une obligation de sécurité aux déterminants et moyens désormais illimités et inconditionnels.

La période actuelle est peut-être propice à la reprise en main démocratique d’un destin collectif qui ne saurait se réduire à « vivre » avec un (ou des virus), à se protéger des autres.

Si cela est le cas, les conditions politiques du renversement ne semblent pas encore être réunies.

Le mal est profond et ne se réduit pas à un virus dont le signifiant semble désormais concentrer toutes les anomalies d’une époque marquée par autant de dérives que d’impasses.

Ce mal est un « bien » circulant au gré de la volonté individuelle : le désir est devenu un problème qu’il convient de contrôler et de maîtriser lorsqu’il n’appelle pas les conduites attendues de soumission inconditionnelle et d’obéissance aveugle à la décision politique.

La technique semble dans l’impossibilité de le contrôler, en identifiant les « variantes » et cherchant à produire des remèdes capables de « relancer » l’économie dans la plénitude de ses interactions vivantes : ces échanges dans un environnement réduit à sa fonction lucrative ne semblent plus pouvoir procéder de la liberté des hommes mais de leur contrôle.

 Nous l’avons bien perçu à travers les moyens mis en œuvre par les pouvoirs publics dans leur entreprise très aléatoire de maîtrise épidémique : la force publique s’emploie sous toutes ses formes à limiter les possibilités d’expression contingente d’une liberté devenue un problème politique et écologique là où elle était, il y a encore peu, la solution à tous les problèmes économiques et sociaux.

La prochaine étape déjà bien entamée peut consister en la réduction des droits attachés à l’exercice des libertés individuelles dans le but affiché de réduire les risques liés à la circulation des « biens » et des maux qui les accompagnent. Les idées semblent pouvoir être comptées en leur nombre, partageant avec le virus une « non-rivalité » qui rend possible un effet exponentiel de diffusion dans un corps social qu’il convient de faire évoluer grâce au génie génétique et de produire ses propres agents protecteurs.

Semblent se faire écho ici, d’un côté l’idée politique de l’usage autoritaire d’un virus devenu l’expédient du moment capable de sortir certains pouvoirs de l’impasse d’une démocratie libérale ; de l’autre la volonté autoritaire de réduire le risque politique de diffusion d’idées libérales dans un corps social à placer sous contrôle.

Ce qui peut encore être considéré comme le temps de la suspension d'un possible projet politique positif, produit les effets prévisibles d’une diffusion mortifère de la négation du pouvoir d’une société sous contrôle.

Le virus aura été le condensateur d’une négativité politique déjà bien active mais seul un sursaut démocratique et le libre jeu de la liberté au service du commun peut en venir à bout.

N.B.

Il y aurait en outre quelque chose à écrire à propos de ce qui est apparu depuis quelques mois comme la volonté sinon le besoin de détecter tous les porteurs du virus, les cas positifs dont nous savons que bon nombre d’entre eux ne doivent leur positivité qu’au recours à un nombre excessif de cycles par leur test PCR (CQFD).

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