Certains commentateurs tentent de nous « vendre » depuis quelques jours l’habileté de Macron à nommer comme premier ministre son jeune clone ATTAL : il le poserait ainsi en concurrent du non moins jeune Bardella, successeur de Le Pen à la tête du RN, en prévision de la difficile campagne des élections européennes qui attend le camp présidentiel.
Mais la jeunesse ne fait rien à l’affaire : quand on veut bien se plancher que les « exploits » récents de celui que certains appellent l’arriviste arrivé, on s’aperçoit aisément qu’il n’y a guère de différence entre eux.
Ainsi, dans ses très brèves fonctions de ministre de l’Éducation, le nouveau 1er ministre s’est illustré par l’ouverture brutale d’une polémique sordide sur les tenues vestimentaires des jeunes filles de culture musulmane, créant artificiellement des discriminations insupportables dans l’accès à l’école.
Au point que plusieurs membres du Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU critiquent l’interdiction de l’abbaya à l’école, qui selon eux, « ouvre la porte à l’arbitraire, au harcèlement et à la discrimination », voire au « profilage racial ».
On sait en réalité que cette décision a permis à certains chefs d’établissements d’en interdire l’entrée à des jeunes filles qui portaient des robes amples ou des kimonos n’ayant pourtant aucun caractère religieux, en raison de leur couleur de peau et/ou de leur patronyme.
Pour bien montrer sa convergence avec les thèses les plus ultra droitières, l’ancien ministre de l’Éducation nationale, vient d’inaugurer ses nouvelles fonctions en compagnie du ministre de l’Intérieur maintenu à son poste malgré les excès de ses troupes en martelant que l’ordre et la sécurité font partie de ses principales priorités.
Après avoir fait voter la loi « immigration » reprenant les principales mesures contenues dans le programme de Le Pen, et adoubé Le Pen et Zemmour dans « l’arc républicain » on peut légitimement se demander ce qui distingue encore la Macronie de l’extrême droite, alors que déjà leurs conceptions respectives en matière économique et sociale, sont analogues (en témoigne les votes d RN sur la réforme des retraites, sur l’augmentation du SMIC, sur le gel des prix, …)
La composition du nouveau gouvernement ne fait que confirmer ce qui n’est pas seulement une dérive mais bien un choix politique délibéré de marquer cette nouvelle étape du quinquennat par la promotion des thèses les plus réactionnaires.
C’est le cas notamment sur les sujets de société, certain.es de ses membres ayant été de farouches opposant.es au mariage pour tous.
Ou au plan international avec le soutien inconditionnel au gouvernement d’extrême droite israélien.
La choix de s’inspirer ainsi de la stratégie de Sarkozy, qui avait réussi en 2007 à braconner sur les terres électorales du Font national pour se faire élire président, risque bien d’être 20 ans plus tard un pari très hasardeux : la force électorale des Le Pen a progressé s’est déployée sur le territoire, et, a force de voir légitimer ses phantasmes sécuritaires et xénophobes par les partis traditionnels (y compris à gauche), son éventuelle arrivée au pouvoir, comme dans d’autres pays européens, ne suscite plus autant de rejet qu’autrefois dans l’opinion publique.
Soyons conscients qu’il pourrait bien arriver en France, comme l’expérience l’a montré encore récemment au Pays-Bas, que les électeurs préfèrent toujours l’original à la copie.
On mesure mieux la responsabilité historique de celles et ceux, parmi les composantes de la gauche et de l’écologie, ne cessent de pratiquer la division et le sectarisme sous les prétextes les plus divers.
Pourtant, face à la menace de l’extrême droite, à court terme comme à moyen terme, il n’est pas d’autre solution que l’union des forces populaires.
La méthode a porté ses fruits avant-guerre après les émeutes fascistes de 1934, malgré les divisions existantes dans le camp ouvrier, en débouchant 2 ans après sur le Front populaire.
Pourquoi ne serait-ce pas possible en 2024 pour préparer 2027 ?
Ce n’est au fond qu’affaire de lucidité, de courage et d’esprit de responsabilité … et d’intervention résolue du peuple pour exiger cette union.
Jean-François PIN
12 janvier 2024