Mais, en réalité, ils ne font que revenir à leurs orientations fondamentales, telles qu’elles ont été mises en œuvre systématiquement pendant le mandat présidentiel de François Hollande de 2012 à 2017, et dont la plus « pure » illustration du social-libéralisme est la loi « travail » portée par la ministre El Khomri.
La séance de nuit du dimanche 9 novembre à l’Assemblée nationale fournit un exemple frappant de ce retour aux sources et aux fondamentaux antisociaux du groupe PS et apparentés.
Ce reniement ouvertement assumé a sidéré sur presque tous les bancs du parlement.
Il s’agissait d’examiner un amendement proposé par le groupe PS portant sur le texte de loi sur le financement de la sécurité sociale. I
Ce texte proposait de donner le pouvoir aux médecins de prescrire à leurs patients du télétravail au lieu d’un congé maladie.
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Analysons comment une telle disposition pourrait être mise en œuvre si elle était votée.
Un médecin, qu’il soit généraliste ou médecin du travail ne peut que constater que le patient est malade et que son état nécessite, non seulement un traitement, mais aussi un arrêt de travail lui permettant de se soigner, de se reposer, de reprendre des forces et d’éviter de contaminer d’autres personnes, dans les transports et dans son entreprise.
Sur quelle base d’expertise pourrait-il apprécier la compatibilité de la pénibilité des activités professionnelles de son patient avec son état de santé ?
Non seulement il n’est pas ergonome, mais en plus il ignore forcément la nature des tâches qu’effectue précisément son patient.
Il n’a évidemment pas non plus la compétence lui permettant d’envisager la possibilité de transposer ces tâches dans une solution de télétravail, alors qu’il ignore même si le télétravail est possible dans l’entreprise en question et si le patient a les moyens d’n bénéficier.
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De fait, l’arrêt maladie (et non « arrêt de travail ») est déterminé par le médecin en fonction de l’état de santé de son patient, et non de sa situation professionnelle.
Cet amendement du PS a finalement été repoussé après que les ministres macronistes aient formulé un avis très défavorable en raison des discriminations et de la confusion qu’il provoque à propos du sens de l’arrêt maladie.
Tous les députés LFI ont voté contre l’amendement du PS ainsi que EELV, et le PCF.
Tous les députés PS, tous les LR, tous les RN ont voté pour l’amendement du PS.
Ces convergences de vote en disent long sur le caractère « social » de l’amendement !
On peut se demander, tant ce projet était imparfait, violent et irréaliste, quels étaient réellement les objectifs de ses auteurs.
Bien sûr, il vient immédiatement à l’esprit qu’ils sont d’ordre comptable
Remplacer des journées d’arrêts maladies par des journées de télétravail permettrait d’économiser autant d’indemnités journalières.
Mais surtout, le pot aux roses a été dévoilé en séance par une députée PS qui a avancé presque ingénument l’argument selon lequel ce serait une « belle façon de lutter contre l’absentéisme » (sic).
Dans ces conditions, on comprend qu’il s’agit surtout d’intimider les salariés malades et de les « convaincre » de « choisir » le télé travail plutôt que l’arrêt maladie en cas de problèmes de santé.
Cela montre bien que ce projet s’inscrit dans la lignée anti-sociale du libéralisme.
Il illustre le retour du PS aux orientations économiques et sociales de la période du mandat Hollande, retour qu’il assume désormais ouvertement.
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Voilà qui explique clairement le changement d’alliance auquel nous assistons depuis plusieurs mois de la part du PS, car ces (nouveaux ?) choix sont totalement compatibles avec la politique de l’offre macroniste, inaugurée par Hollande et mise en œuvre par Macron
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Il n’est pas non plus impossible que les députés PS aient voulu faire du zèle pour prouver leur sincérité de néo-libéraux à leurs nouveaux alliés.
Si ce n’est pas le cas, cela y ressemble quand même beaucoup.
Mais le coup a raté puisque c’est avec la droite et l’extrême droite qu’ils ont finalement mêlé leurs voix !
Et qu’en définitive l’Assemblée n’a pas adopté ce texte insensé et abject.
Mais il convient malgré tout de rester vigilant car il n’est pas impossible que des pratiques d’intimidation des salariés et d’incitation auprès des médecins soient expérimentées au niveau local dans certaines entreprises et, surtout, dans certaines collectivités territoriales, à l’initiative d’élus PS.
Certains d’entre eux sont probablement prêts à beaucoup de reniements pour montrer leur (nouvelle ?) conversion au social-libéralisme.
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