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Billet de blog 16 février 2024

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Rino Della Negra, footballeur du Red Star et résistant, va entrer au Panthéon

Le transfert au Panthéon de Missak Manouchian, mercredi 21 février, sera accompagné d’une plaque commémorative en hommage aux 23 résistants qui ont été condamnés à mort avec lui. Parmi eux, se trouve le nom d’un jeune d’Argenteuil, Rino Della Negra, fils d’immigrés italiens, footballeur du Red Star, qui est mort fusillé à l’âge de 20 ans, le 21 février 1944, au Mont Valérien.

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Illustration 1

Le transfert au Panthéon de Missak Manouchian, mercredi 21 février, sera accompagné d’une plaque commémorative en hommage aux 23 résistants qui ont été condamnés à mort avec lui.

Parmi eux, se trouve le nom d’un jeune d’Argenteuil, Rino Della Negra, fils d’immigrés italiens, footballeur du Red Star, qui est mort fusillé à l’âge de 20 ans, le 21 février 1944, au Mont Valérien.

Passé dans la clandestinité pour échapper au Service du travail obligatoire (STO), il avait ensuite rejoint les Francs-tireurs partisans (FTP) d’Argenteuil (Val-d’Oise) et participé à une quinzaine d’opérations avant d’être arrêté en novembre 1943 par la police française.

Il fait partie de « l’armée du crime », selon la propagande nazie, aux côtés de Missak Manouchian et 22 d’autres résistants immigrés, immortalisés sur l’« affiche rouge ».

Cette affiche fut massivement placardée par les Allemands dans toute la France sous l’Occupation.

Mais ce placardage de plus de 15 000 exemplaires a en réalité produit l’effet inverse de celui qui était escompté par les nazis, puisque l’affiche rouge, immortalisée par le poète Louis Aragon, est rapidement devenue l’emblème du martyre et qu’elle transforma ces résistants en héros.

Quand le Président Macron, le 18 juin 2023, a décidé le transfert au Panthéon de Missak Manouchian et de son épouse Mélinée, elle-même résistante, il a accepté que ces transfert s’accompagnent d’un hommage aux autres membres du groupe Manouchian.

Cet hommage se traduira, non par une plaque, mais par des lettres fixées dans un mur du Panthéon.

Y figureront les 23 condamnés à mort, dont les 22 qui ont été fusillés au Mont Valérien le 21 février 1944, la seule femme du groupe, Olga Bancic, ayant été décapitée trois mois plus tard en Allemagne).

Ainsi, entreront au Panthéon pour la première fois des premiers résistants communistes.

Dans la dernière lettre de Missak Manouchian à sa femme, il écrivait : « Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la Liberté sauront honorer notre mémoire dignement ».

Voila qui sera fait le 21 février, et ce le sera pour tous les autres martyrs de l’affiche rouge, comme le jeune Rino Della Negra dont le nom sera inscrit en cinquième position su r le mur du caveau n°13 du Panthéon.

Si à Argenteuil, une cérémonie est organisée chaque année dans le quartier où il a vécu, la mémoire de Rino Della Negra doit beaucoup aux supporters du Red Star qui ont donné son nom à la tribune du stade où se réunissent les plus fervents d’entre eux.

Tous saluent le symbole que constitue pour tous ces immigrés qui ont donné leur vie pour la France leur entrée au Panthéon.

Il n’est que trop tôt que Missak Manouchian, Rino Della Negra soient reconnus à la hauteur de leur sacrifice

Cela est tout particulièrement important dans le contexte actuel des débats délétères contre l’immigration.

Mais heureusement, la mémoire de leurs combats et de leur martyrs a été constamment entretenue par les héritiers de leur engagement  

Certains membres du groupe Manouchian se rencontraient parfois dans un commerce situé dans la commune d’Arnouville (Val d’Oise) où résident depuis longtemps de nombreuses familles d’origine arménienne.
il y a été érigée une stèle en leur mémoire, au carrefour des rues Jean Jaurès et Missak Manouchian.

Chaque année, le 21 février, un rassemblement est organisé pour commémorer leur martyr.
Il revêtira en 2024 une signification plus importante encore

Vous pourrez pendre connaissance ci-dessous de l’allocution que j’y ai prononcée en 2023


Arnouville les Gonesse – 19 février 2023

HONNEUR aux immigrés, martyrs et héros de la Résistance morts pour la France

NON au racisme, à la xénophobie et aux discriminations, sous toutes leurs formes

REFUSONS la nouvelle loi anti immigrés de Darmanin et Macron


HOMMAGE AUX 23 IMMIGRÉS FUSILLÉS DE L’AFFICHE ROUGE


Jean-François PIN

Nous sommes réunis ici, à l’initiative des groupes d’insoumis.es de la région de Sarcelles-Domont, devant la stèle qui honore la mémoire des 23 héros et martyrs de la Résistance connus sous le nom de « ceux de l’affiche rouge »
Fusillés le 21 février 1944 (à l’exception de la seule femme du groupe, Olga Bancic, déportée en Allemagne pour être décapitée à la hache), tous étaient des immigrés : Arménien, Italien, Espagnol, Hongrois, Polonais, Roumaine, …

L’occupant nazi et ses collaborateurs ont tenté de monter le peuple français contre ces résistants, et à travers eux contre tous les résistants, en placardant sur les murs de Paris une affiche montrant leurs portraits sur fond rouge, avec le titre provocateur :« La libération par l’armée du crime ».

On le sait, chaque régime oppresseur, ou chaque puissance occupante, cherche à faire passer pour des criminels, ou pour des terroristes, ceux qui combattent l’oppression et l’occupation.

Dans ce cas, cette pitoyable tentative s’est retournée contre ses auteurs.
L’affiche est devenue un emblème de la résistance sous le nom de « l’affiche rouge », magnifiée par le grand poète et résistant Louis Aragon.

Comme vous le savez, le gouvernement Macron-Borne-Darmanin veut une fois de plus faire voter au Parlement une loi anti-immigration avec le soutien officiel ou tacite de l’extrême droite de Le Pen et Zemmour, ainsi que de la droite de Ciotti Pécresse Bertrand.

Quel symbole que le lieu choisi pour ériger la stèle rappelant le sacrifice de ceux de l’affiche rouge

  • au carrefour de la rue Jean Jaurès (ce grand tribun socialiste, internationaliste, pacifiste, assassiné par l’extrême droite en 1914 en raison de son opposition à la guerre)
  • et de la rue Missak Manouchian (le chef de ce groupe de résistants, rescapé du génocide arménien, ouvrier et poète, membre du parti communiste français)

Morts pour la France, exécutés par les nazis avec la complicité de la police parisienne, aucun d’entre eux n’avait pourtant la nationalité française, et plusieurs d’entre eux étaient juifs.

Mais ils avaient pris les armes, dans la clandestinité, au péril de leur vie, pour défendre la pays qui les avait accueillis et qui était ainsi devenu leur nouvelle patrie.

Alors que tant de Français dits « de souche » étaient encore passifs face à l’occupant nazi, quand ils n’en étaient pas les complices ou les collaborateurs.

Au-delà de la mémoire de ces 23 martyrs et de leur sacrifice héroïque, nous voulons témoigner aujourd’hui, nous les insoumis et insoumises de la région de Sarcelles-Domont, de notre combat contre toutes les formes de racisme, de xénophobie et de discrimination.

Les communes de notre région ont toutes connu, au long du 20ème siècle, et de manières différentes, l’arrivée de nombreux travailleurs avec leurs familles, venant de contrées plus ou moins lointaines :

  • Les Arméniens rescapés du génocide et dont la présence est si visible ici à Arnouville
  • Les Italiens (par exemple venus du Frioul travailler dans les nombreuses briqueteries, et dont on peut voir le symbole sur certains ronds-points, à Domont notamment, avec leur valise et parfois leurs grands chapeaux)
  • Les Espagnols républicains exilés après la guerre civile et pourchassés par le régime franquiste
  • Les Portugais fuyant la misère, la dictature et les guerres coloniales
  • Les Algériens, Marocains et Tunisiens recrutés massivement par les entreprises françaises après-guerre, et dans les années 60-70, pour reconstruire la France
  • Les Vietnamiens victimes de la longue guerre d’indépendance contre la France et les USA
  • Les Chiliens survivants des tortures de Pinochet
  • Les Africains des anciennes colonies françaises et portugaises, de l’Afrique de l’Ouest comme de l’Afrique équatoriale, contraints de quitter leurs pays maintenus en sous-développement par le néocolonialisme
  • Les réfugiés des guerres dans les Balkans après l’éclatement de la Yougoslavie, notamment les Roms, victimes de la tsiganophobie qui s’est encore manifestée récemment près de chez nous, rappelant tragiquement le génocide perpétré par les nazis contre ceux qu’on nomme « les gens du voyage »
  • Et plus récemment, les victimes des conflits sanglants du Moyen Orient, en Turquie, en Irak et en Syrie : Kurdes, Assyro-Chaldéens principalement, …

Nous savons bien que ce n’est pas de gaîté de cœur qu’ils ont quitté leur pays natal et que, souvent, ils ont dû affronter de nombreuses épreuves avant d’arriver en France ; sans compter que certains membres de leur famille, ou des compagnons de route, n’ont pas survécu à ce voyage périlleux.
Ils ont affronté d’autres épreuves dans notre pays, et ils en connaissent encore aujourd’hui, même plusieurs années après.

Autant de blessures qui s’ajoutent aux douleurs de l’exil.
Et que subissent aussi fréquemment leurs enfants et leurs petits-enfants.

Qu’ils sachent que nous gardons la mémoire de ce qu’on fait pour la France les 23 immigrés de l’affiche rouge il y a 80 ans, comme les tirailleurs sénégalais ou les goumiers marocains de la 1ère guerre mondiale (à l’image de ceux qui sont enterrés au cimetière d’Ecouen), et ceux qui ont participé aux combats de la seconde guerre mondiale pour la libération du pays, en Afrique, en Italie, en Provence et jusqu’en Allemagne.

Nous voulons ici affirmer que la terre où habitent à présent leurs familles, cette terre qui proclame au monde - Liberté Égalité Fraternité - est devenue la leur dès lors qu’ils s’inscrivent dans ces valeurs universelles.

Non seulement ils sont chez eux en France, mais ils sont la France, parce qu’ils la font vivre.

Pour nous insoumis.es, ils sont nos frères et nos sœurs en République.

Nous sommes ici pour le leur dire, et pour le leur promettre devant les martyrs de l’affiche rouge.

L’affiche rouge : https://www.youtube.com/watch?v=RaGfKg0ZC3I

Illustration 2

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