Gouvernement Attal : coup de jeune pour la vielle gauche ?

Chassez le naturel il revient au galop …

Il semble que la constitution du gouvernement Attal, très fortement teinté de sarkozysme, remplisse d’espoir plus d’un des ténors du PS, nostalgiques du hollandisme.

Au lieu d’y voir surtout un coup de barre à droite, accompagné de clins d’œil aux couches les plus réactionnaires de la société et une fort probable aggravation de la situation économique et sociale des couches populaires, ils se félicitent de voir s’ouvrir d’un « espace politique » pour la social-démocratie, justifiant a posteriori leur trahison de la Nupes.

Sans trop se soucier apparemment du risque politique d’un renforcement des extrêmes droites.

Ainsi, l’un commente la composition du gouvernement par : il n’y a plus rien de gauche , comme s’il y en avait eu , à parti des transfuges du PS comme Véran, Ferrand, Dussopt, Borne et ….Attal

Un autre analyse que la droitisation aurait commencé lors du vote de l aloi immigration de décembre 2023, oubliant toutes les mesures antisociales prises par Macron depuis 2017, et tout particulièrement la réforme des retraites

Dans ces conditions, ils se mettent à rêver d’attirer les électeurs macronistes venus « de la gauche » lors du scrutin européen, considérant que de leur candidat tête de liste, le sortant Glucksmann, a le profil idéal pour séduire un électorat social-démocrate ou même centriste.
Compte tenu de la nature particulière de cette élection, cette formule peut évidemment avoir un certain succès, tant les résultats y sont souvent plus affaires de « casting » que de programma politique, avec les appuis dont ils disposent dans la caste médiatique.

Mais il semble hasardeux de penser qu’il pourrait préfigurer d’éventuels rééquilibrages politiques, en faveur du centre-gauche notamment.

Les scores importants des listes écologistes n’ont jamais permis dans le passé à ce courant politique de gagner le leadership que ses dirigeants revendiquaient pour d’autres échéances
L’exemple de l’élection présidentielle de 2022 est particulièrement significatif à ce sujet, le chef de file des eurodéputés EELV n’ayant pas réussi à réitérer le score de son parti en 2019, loin s’en faut.

La reconnaissance dont les uns et les autres ont récemment témoignée à l’écart de Jacques Delors, un des artisans du « recentrage » de la CFDT et de l’installation du rocardisme au sein du PS, le responsable du "virage" de la rigueur en 1983 et de l’approfondissement du néolibéralisme en Europe, nous rappelle utilement quelles sont au fond leurs conceptions en matière économique et sociale.

Il suffit pour cela de relire ce que déclarait leur mentor, qui était alors président de la commission européenne, devant les membres du 42^ème congrès confédéral de la CFDT, le 10 avril 1992 :

« Puisque nous sommes entre amis et en petit comité, je puis vous dire que je suis également extrêmement fier d’avoir réussi à faire trois choses importantes à mes yeux, quand j’étais au gouvernement.
Premièrement j’ai réussi à désindexer les salaires, ce qu’aucun gouvernement de droite n’a jamais réussi à faire alors qu’ils en rêvaient depuis toujours.
Deuxièmement j’ai réussi à imposer au pays, sans révolte sociale, un plan de rigueur qui a dû faire pâlir Raymond Barre de jalousie.
Troisièmement et surtout, j’ai réussi à convaincre mes amis socialistes qu’il fallait donner la primauté au marché et donc rétrocéder au secteur privé marchand les services publics non régaliens. »

Il a été ensuite applaudi de manière quasi unanime, avec les très rares exceptions de celles et de ceux qui allaient ensuite créer le syndicat « Solidaires ».

Qui pourrait croire aujourd’hui que les principaux dirigeants du PS ainsi que la plupart de ceux des écologistes ont vraiment renié cet héritage désastreux ?

Leur promptitude à jeter aux orties le programme de la NUPES et le projet européen élaboré par ses organisations de jeunes se au profit de leurs petits calculs électoralistes en dit suffisamment long sur la solidité de leurs convictions sociales et démocratiques.

Comme sur la nature des intérêts qu’ils entendent défendre : les leurs e ceux de leurs clans !