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Billet de blog 17 septembre 2025

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IL Y A 43 ANS, LES MASSACRES DANS LES CAMPS DE SABRA ET DE CHATILA

Le gouvernement israélien engage l’invasion de la bande de Gaza pour y commettre des massacres qui s’ajouteront à ses multiples crimes, preuves supplémentaires du génocide qu’il organise. C’est l’occasion de se rappeler que, du 16 au 18 septembre 1982, des milliers de palestiniens ont été horriblement massacrés au Liban, dans les camps de Sabra et de Chatila où ils s’étaient réfugiés.

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QUAND IL N’EST PAS OCCULTÉ, LE PASSÉ PEUT ÉCLAIRER LE PRÉSENT

Illustration 1

Il y a 43 ans, ni le Hamas, ni le Hezbollah n’existaient,
ni non plus l’Autorité palestinienne.

C’était le Fatah, organisation laïque, dirigée par Yasser Arafat, qui était la principale force de résistance armée à l’occupation israélienne depuis la guerre des 6 jours en 1967.

Illustration 2

Ariel Sharon, alors ministre israélien de la défense, avait pour objectif d’éradiquer l’OLP et d’éliminer physiquement son chef.

Arafat et les combattants de l’OLP étaient retranchés à Beyrouth-Ouest, et pour atteindre les objectifs fixés par Sharon, l’armée israélienne envahit le Sud du Liban en janvier 1982, puis entra dans Beyrouth au mois de septembre avec le soutien actif des milices libanaises phalangistes d’extrême-droite.

Cette occupation d’une capitale arabe par l’armée israélienne, une première, a été vécue à l’époque comme un véritable traumatisme dans tout le monde arabe.

Les milices phalangistes étaient rassemblées dans les « Forces libanaises » sous la direction de Bachir Gemayel.
Celui-ci, élu président du Liban pendant la guerre civile, était totalement Inféodé à Israël et violemment anti-palestinien.

Illustration 3

Ainsi, il était clair pour tous les observateurs que Sharon et Gemayel avaient des objectifs communs : détruire l’OLP et tuer Arafat ainsi que les « terroristes » qui étaient avec lui.

Les USA, la France et l’Italie ne voulaient pas de cette perspective pour diverses raisons.
Ils agirent de concert pour obtenir d’Israël l’évacuation d’Arafat et des combattants palestiniens vers Tunis (qui devint le siège de l’OLP jusqu’à son installation à Ramallah après les accords d’Oslo), ainsi que la garantie de la « vie sauve » pour les civils palestiniens qui s’étaient réfugiés dans les camps après leurs expulsions de Palestine.

Mais, prenant prétexte de l'assassinat de son proche allié Béchir Gemayel (dans lequel aucun Palestinien n’était impliqué), l'armée israélienne imposa un couvre-feu, et encercla les deux camps de réfugiés de Sabra et de Chatila, alors que Beyrouth était vidé de la résistance militaire de l’OLP,

L’armée « la plus morale du monde » laissa pénétrer les milices phalangistes et, durant cinq jours et quatre nuits, elle les laissa massacrer par familles entières hommes, femmes et enfants par centaines, jusqu'à des bébés dans leur berceau.

Illustration 4

Elle alla même jusqu’à les aider à perpétrer leurs exactions en lançant des fusées éclairantes pendant les quatre nuits en question.

De fait, elle contrôlait tout et avait les moyens de tout arrêter si elle l’avait voulu.

Elle est donc totalement responsable de ces massacres.

Le résultat de ce carnage fut effroyable. Les journalistes présents furent submergés par l'émotion devant l'horreur inimaginable qu'ils découvraient.

Cette horreur eut des résonances importantes en France, y compris dans la presse bourgeoise.

Illustration 5

C’est de cette sauvagerie que naquit le Hezbollah qui engagea des alliances avec l'Iran et avec la Syrie, notamment pour mieux garantir la frontière sud du Liban que l’armée libanaise n’avait pas su (ou pas voulu ?) défendre contre Israël.

Non seulement la force barbare n'a pas anéanti les combattants, mais elle a contribué de manière déterminante à leur radicalisation.

C’est une leçon dont les responsables de l’actuel génocide du peuple de Gaza devraient admettre l'évidence : il est impossible de faire disparaître un peuple par les armes, par la violence et par la répression !

On ne peut sortir du cycle de la violence que par un processus politique, surtout quand la racine des problèmes est l'occupation.
Cela suppose que cette réalité soit reconnue par la société israélienne et par les principaux alliés d’Israël et en premier lieu les USA.
On en est très loin !

Illustration 6

Il est utile d’indiquer qu’après les horreurs de ces massacres, il y eut de nombreuses manifestations de masse en Israël : elles permirent la création d’une commission d’enquête dont les conclusions conduisirent à la démission forcée de Sharon.

Rien de tel aujourd’hui : il existe bien en Israël des contestations de la politique du gouvernement Netanyahou, mais elles portent pour l’essentiel sur la meilleure stratégie pour obtenir la libération des otages détenus par le Hamas.

Les oppositions aux crimes commis par l’armée israélienne ne sont guère nombreuses jusqu’alors, et, quand elles existent, elles restent le plus souvent cantonnées à des secteurs relativement minoritaires de la société.

Prémices d'un sursaut moral espéré, elles restent encore très insuffisantes à enrayer la course à l’abime décidée par l’extrême droite qui dirige l’État hébreu

Elles le sont d’autant plus que l’Occident a choisi aujourd'hui, sauf quelques rares exceptions, la connivence, si ce n’est la complicité, pour accorder à Israël l’impunité vis-à-vis des violations du droit international, comme des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité et des crimes de génocide dont nous sommes témoins depuis bientôt trois ans.

La tentative actuelle de la France et de l’Arabie saoudite de faire voter par l’assemblée générale de l’ONU, le 22 septembre prochain, une résolution destinée officiellement à permettre la reconnaissance de l’État de Palestine est particulièrement hypocrite.

Sous ce prétexte fallacieux, leur projet refuse à ce futur État les attributs d’un réel État souverain, il nie de fait le droit à l’autodétermination du peuple palestinien et surtout il exonère définitivement Israël de tous ses crimes, récents comme passés.

Pour comprendre la réalité de ce projet qui est tout à la fois un leurre et un contre-feu, on peut se référer aux analyses développées par l’association des juristes pour le droit international (JURDI  www.jurdi.fr)

Quel contraste avec la mobilisation des USA et de la France il y a 43 ans pour permettre le départ de l’OLP de Beyrouth vers Tunis et sauver la vie de Yasser Arafat !

Aujourd’hui, l’Occident applaudit aux assassinats ciblés commis par les services secrets israéliens y compris à l’étranger, même quand ils mettent en cause la vie et l’intégrité physique de civils (comme dans l’explosion des téléphones mobiles des cadres du Hezbollah au Liban).

Vu l’insensibilité des dirigeants occidentaux face aux horreurs des opérations militaires israéliennes à Gaza, il n’y a guère que la mobilisation des citoyens et des citoyennes de ces pays qui pourrait les conduire à une meilleure attitude.

Illustration 7

Les diverses initiatives de la flottille humanitaire pour Gaza avec la cinquantaine de bateaux, représentant plus de 40 pays, qui naviguent actuellement vers les côtes de Palestine en sont un élément important pour, non seulement apporter de l’aide au peuple palestinien martyrisé, mais aussi pour avancer vers une pays juste et durable.

Plus que jamais, la solidarité populaire active avec le peuple palestinien est à l’ordre du jour, sur tous les plans : humanitaire, alimentaire, sanitaire, juridique, économique, politique, diplomatique, etc.

Illustration 8

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