AUX HÉSITANTS

AUX HÉSITANTS
un poème de Berthold Brecht (1933)

Berthold Brecht, poète, dramaturge, metteur en scène, et écrivain allemand, est très connu pour ses œuvres Grandeur et misère du IIIème Reich, Mère Courage, L’opéra de quat’sous, La Décision, La résistible ascension d’Arturo Ui, ….

Membre du Parti communiste allemand, contemporain de la montée du fascisme, il voyait où allaient les choses, à partir d’une analyse lucide et sérieuse de la situation

C’est pourquoi il écrivit en 1933 le poème « Aux hésitants » (en allemand « An den schwankenden ») véritable hymne à l’engagement, à l’optimisme, mais aussi à la critique.
Il tente ainsi d’expliquer l’échec de la lutte contre la fascisme en Allemagne, où la gauche n’a pas réussi à constituer un Front populaire comme cela a été le cas en France quelques années plus tard.

Alors que nous vivons une période qui, sur bien des aspects, a des analogies avec celle qu’évoque Berthold Brecht, ce texte peut nous faire réfléchir, … et agir.

AUX HÉSITANTS

TU DIS :

« Pour nous les choses prennent un mauvais pli. Les ténèbres montent. Les forces diminuent. 

Maintenant, après toutes ces années de travail, Nous sommes dans une situation plus difficile qu’au début. 

Et l’ennemi se dresse plus fort qu’autrefois. On dirait que ses forces ont grandi. Il paraît désormais invincible. 

Nous avons commis des erreurs, nous ne pouvons plus le nier. 

Nous sommes moins nombreux. 

Nos mots sont en désordre. Une partie de nos paroles, L’ennemi les a tordues jusqu’à les rendre méconnaissables. 

Qu’est-ce qui est faux dans ce que nous avons dit,  Une partie ou bien le tout? 

Sur qui pouvons-nous compter ?

Sommes-nous des rescapés, rejetés d’un fleuve plein de vie ? 

Serions-nous dépassés ?

Ne comprenant plus le monde et n’étant plus compris de lui ?

Aurons-nous besoin de chance ? »

Voilà ce que tu te demandes. 

N’ATTENDS PAS D’AUTRE RÉPONSE QUE LA TIENNE.