Le Printemps Républicain est-il en hibernation ?

Alors qu’ils occupaient systématiquement les plateaux TV pour s’attaquer à la place de l’islam dans notre pays, et qu’ils fustigeaient consciencieusement tout ce qu’ils considèrent comme des atteintes inadmissibles à la laïcité de la part de nos compatriotes musulmans, les chantres du Printemps Républicain semblent particulièrement muets ces derniers temps.

Il y aurait pourtant matière, pour eux, à analyser la complexité de la situation syrienne, où un régime où un régime sanguinaire mais aussi ultra-laïc (le seul du Moyen Orient) vient d’être renversé par des groupes rebelles islamistes, affiliés auparavant à Dash et à Al Qaida, et qui apparaissent aux yeux de la population syrienne et semble-t-il du monde entier, comme des libérateurs.
Cette situation apparemment paradoxale devrait les conduire, peut-être, à nous livre quelques explications.

Mais nos grands défenseurs de la laïcité gallicane étaient plus occupés à encenser l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, injustement incarcéré pat la régime algérien, alors que ce prétendu héros de la lutte contre l’obscurantisme est en réalité un véritable partisan des thèses islamophobes de l’extrême droite.

Là n’est pas cependant le plus significatif de leur silence actuel.

Déjà, aucun d’entre eux n’a relevé le caractère particulièrement ambigu de la cérémonie de réouverture de la cathédrale Notre Dame de Paris.
Cette cérémonie a associé sans grande précaution une dimension culturelle et profane avec une manifestation liturgique religieuse sous la forme d’une messe en grand apparat.

Plus gênant encore la décision du Président de la République de prononcer son discours d’introduction et de remerciements aux divers acteurs de la reconstruction la l’intérieur de la cathédrale et non pas à l’extérieur.
Il a pourtant toujours été de règle, en raison de la séparation de l’Église et de l’État (loi de 1905, chaque fois que des manifestations impliquant l’État soient organisées à l’extérieur Notre Dame de Paris.

Ainsi, lors de la libération de la capitale , le général de Gaulle, pourtant catholique fervent, a prononcé son fameux discours (sur le parvis de Notre Dame et non à l’intérieur.

On nous a présenté ce choix du locataire de l’Élysée comme étant rendu nécessaire en raison des risques météorologiques
Comme si une partie au moins des importants moyens logistiques déployées pendant plus de 5 ans pour reconstruire la cathédrale n’aurait pas pu être mise à profit pour sécuriser une cérémonie extérieure qui était prévue de longue date.  

Toujours est-il que nous avons été les témoins d’une nouvelle entorse subreptice à un principe fondamental de la laïcité, décidée par les plus hautes instance de l’État … sans que nos beaux esprits laïcs, n’en disent le moindre mot
Que n’aurait-on entendu, si un quelconque député de gauche avait été aperçu à l’intérieur d’une mosquée de banlieue !!!

Le plus grand affront aux principes de la loi de 1905 s’est néanmoins produit quelques jours plus tard à Ajaccio , à l’occasion de la visite du Pape François en Corse.
Précisons que cette visite n’était pas effectuée par le Pae à l’invitation de la France, et qu’il ne s’agissait pas non plus, a fortiori, de la visite officielle du chef d’État du Vatican : elle avait seulement un caractère religieux, à l’initiative du cardinal d’Ajaccio dont les ambitions au sein de la hiérarchie vaticane ne sont un mystère pour personne.

C’est pourquoi le déploiement aux frais de la République, des moyens de toutes sortes pour assurer la bonne organisation de cette visite, notamment sur le plan sécuritaire, y compris celle de la grande messe en plein air, ne peut que choquer les authentiques partisans de la laïcité à la Française.

D’autant plus que le Pape s’est permis dans son discours de nous demander de promouvoir une laïcité plus tolérante et plus ouverte, c’est-à-dire, en clair, de réformer la loi de 1905, comme cela est le rêve des évêques de France depuis plus d’un siècle.
Il a pu énoncer ce qui ressemble bien à une provocation sans être le moins du monde contredit par qui que ce soit, pas même le président Macron venu expressément le rencontrer pour l’occasion, ni encore après coup par certains commentateurs …

Mais le plus invraisemblable s’est produit lors de l’échange entre le Pape et le ministre de l’Intérieur français.
On savait déjà que Bruno Retailleau, comme ancien dirigeant du Puy du Fou et élu de la Vendée conservatrice, se veut fidèle à l’héritage ultra catholique des chouans.

Mais de là, en tant que ministre des Cultes de la République laïque, à s’entre tenir avec le Pape un genou à terre, cela dépasse les bornes.

Avez-vous entendu, entre autres, Philippe Val, Raphael Enthoven, Rachel Kahn, Elisabeth Lévy, Caroline Fourest, Michel Onfray, Jean-Michel Blanquer, Manuel Valls, Elisabeth Badinter, … s’offusquer de cette génuflexion ?

Bien sûr que non, tant il est vrai qu’en matière de défense de la laïcité, comme dans d’autres domaines, il y a toujours : deux poids deux mesures.