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Billet de blog 27 mai 2024

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VOUS PENSEZ VIVRE EN 2024 ? BIENVENUE EN 1984 ! (partie 2)

Quand on observe l’évolution de la politique française et internationale, on se demande à juste titre si nous ne sommes pas en train de vivre dans le monde décrit par l’écrivain britannique George Orwell dans son roman dystopique paru en 1949 sous le titre Nineteen Eighty-Four c’est à dire, pour sa version française, « 1984 ».

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Jean-François PIN - 25 mai 2024

Quand on observe l’évolution de la politique française et internationale, on se demande à juste titre si nous ne sommes pas en train de vivre dans le monde décrit par l’écrivain britannique George Orwell dans son roman dystopique paru en 1949 sous le titre Nineteen Eighty-Four c’est à dire, pour sa version française, « 1984 ».


Une des innovations d’Orwell, dans 1984, est d’avoir établi le système de propagande étatique du régime d’Océania par la création d’une langue dégradée, la NOVLANGUE.
Elle est destinée à favoriser la parole officielle du régime et à empêcher l'expression de toute pensée critique.

L'idée fondamentale de la novlangue est de supprimer toutes les nuances de la langue antérieure, afin de ne conserver qu’un discours manichéen, de sorte que celui-ci permette d'éliminer toute réflexion sur la complexité d'un problème ou d’une situation.
Cette méthode rend ainsi impossible de décrire honnêtement la réalité, réalité que la tendance à utiliser les slogans dissimule en imposant des idées fausses par la simple répétition.

Les exemples les plus significatifs de ces pratiques dans le roman de George Orwell, ce sont les slogans répétés à l’envi :

LA GUERRE EST LA PAIX

LA LIBERTÉ EST L’ESCLAVAGE

L’IGNORANCE EST LA PUISSANCE

Illustration 1

De nos jours, le jargon pseudo-scientifique ou managérial tend de même à donner un air de neutralité à des arguments qui sont en réalité idéologiques.
Bref, à banaliser l’usage malhonnête des mot.

Nombreux sont les exemples où les mots sont ainsi systématiquement détournés de leur sens :
- garantir notre modèle social pour démanteler le système de protection sociale
- assurer l’égalité des chances à l’école pour organiser la concurrence privé/public
- réduire le nombre de chômeurs
pour multiplier les radiations de demandeurs d’emploi
- mettre les SDF à l’abri
pour les transférer de force loin de Paris
- faire respecter les principes républicains
pour encourager les discriminations
- promouvoir le dialogue social
pour imposer ses décisions aux syndicats

Cette stratégie de masquer la réalité, et la vérité s’exprime en Océania par l’existence d’un ministère de la Vérité (Miniver en novlangue).
Comme son nom ne l’indique pas, il a pour mission de remanier les archives historiques afin de faire correspondre le passé à la version officielle du moment.
Ainsi, lorsque l'Océania déclare la guerre à l'Estasia alors qu'elle lui était alliée auparavant, les membres du ministère de la Vérité doivent veiller à ce que plus aucune trace n'existe de cette ancienne alliance.
Jusqu’à la prochaine fois, où il sera nécessaire de réécrire l’histoire pour afficher une vérité alternative, ou une post-vérité, pour la faire correspondre au changement d’orientation des dirigeants.

Les membres de notre classe politique actuelle adoptent allégrement et sans vergogne cette pratique de modification du passé.
Ainsi, Carole Delga, membre éminente du Parti Socialiste, présidente de la région Occitanie, répondait sans aucune ambiguïté en octobre 2023, à un journaliste qui lui demandait s’il fallait interdire toutes les manifestations propalestiniennes: « Oui, il faut interdire toutes les manifestations propalestiniennes en France ».
Elle validait ainsi la répression totale de ces mobilisations par le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin, ce qui est un cas unique dans le Monde.
Mais il y a quelque temps, elle osa prendre à partie la candidate insoumise Rima Hassan, qui lui avait reproché cette déclaration, en l’accusant de manipulation de l’information et de diffamation, en ajoutant « Chacun connaît mon attachement viscéral à la liberté d’expression, donc de manifester ». Comme si ses déclarations du mois d’octobre n’existaient pas, n’étaient que des fake news.

De son côté, Yaël Braun-Pivet, présidente macroniste de l'Assemblée Nationale, avait affiché son « soutien inconditionnel à Israël» lors d'une tournée médiatique en Israël pour aller soutenir le gouvernement d’extrême droite en compagnie de députés d’extrême radicalement sionistes, en enfilant, littéralement, un équipement de l’armée israélienne devant les caméras.
Un mois plus tard, la même Yaël Braun-Pivet assurait sur le plateau de France 3 : « En aucun cas je n’ai apporté mon soutien, le soutien de l’Assemblée Nationale, au gouvernement israélien ». Comme d’autres, elle ment tellement tout le temps qu’elle pense que nous n’avons pas de mémoire.

Dans un tout autre registre, le président Macron a osé, le 8 mai, affirmer qu’il « n’a jamais défendu un agresseur face à des victimes » à propos des accusations contre l’acteur Gérard Depardieu.
Alors même que, en décembre dernier, dans le cadre d'un discours présidentiel officiel, retransmis sur plusieurs chaînes de télévisions, il avait entièrement pris la défense du comédien en le qualifiant d'«immense acteur » qui « rend fière la France » et en dénonçant «la chasse à l’homme» dont il serait victime.
Macron jure donc qu'il n'a jamais dit quelque chose dont il existe pourtant des preuves largement vues et commentées. Voilà comment s'écrit un récit alternatif, en-dehors de toute vérité, en dépit des faits.

Pour les cyniques qui nous gouvernent et ceux qui les servent, notamment dans le système médiatique, le réel n'existe plus.
Ce qui compte c’est le discours et les apparences.
Bienvenue au Miniver, constitué aujourd’hui par la caste des médiatocrates.

En 2024, les mots n'ont plus aucune valeur, les opinions non plus. Le réel n'a plus aucune importance, les faits objectifs plus aucune place dans le débat public.
Les dirigeants de la caste médiatico-politique peuvent affirmer tout et son contraire en dépit de la réalité objective, mentir éhontément, dans une stratégie de confusion mentale volontaire.
Et recommencer ad libitum : rien ni personne ne semble pouvoir les arrêter.

Comme, par exemple, asséner en permanence que protester contre un génocide serait antisémite, en vue d’imposer un récit occultant le réel et rendre tout débat impossible.

Le recours à la post-vérité à la mode trumpiste est devenu un mode de gouvernement pour la caste oligarchique et médiatique.

Illustration 2

C'est une stratégie délibérée.
Il s'agit de briser tous nos repères, de réécrire notre mémoire, de nier ce que nous voyons et ce que nous vivons. Quand personne ne croit plus en rien, alors le pire est possible. Comme en 1984 !

Ce pire pourrait arriver en 2027 : tout est manifestement prêt pour installer définitivement un régime totalitaire inspiré du roman d’Orwell.
Celui-ci, rappelons-le, n’incite guère à l’optimisme quant à la possibilité de vaincre le totalitarisme une fois qu’il est installé.
Le héros du roman, Winston Smith, agent du Ministère de la Vérité, a eu des velléités de résister à l’oppression, mais, après avoir été torturé et sombré dans la déchéance, il finit par devenir un partisan dévoué de Big Brother.
Ce qui ne l’empêche pas en définitive d’être exécuté pour l’exemple.

Saurons-nous agir avant qu’il ne soit trop tard et que la dictature ne devienne irréversible ?

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