Jean-François PIN (avatar)

Jean-François PIN

altermondialiste insoumis

Abonné·e de Mediapart

49 Billets

0 Édition

Billet de blog 27 juin 2024

Jean-François PIN (avatar)

Jean-François PIN

altermondialiste insoumis

Abonné·e de Mediapart

NUPES – NFP : BIS REPETITA etc. ?

On connaît l’aphorisme inspiré d’un vers du poète latin Horace : « BIS REPETITA PLACENT » qui exprime que, plus une chose est répétée, plus elle plaît. Il s’inspire de la pratique de la narration antique des mythes, au cours de laquelle certains détails étaient répétées plusieurs fois. Cette répétition plaisait aux spectateurs car elle leur donnait le sentiment de partager une culture commune.

Jean-François PIN (avatar)

Jean-François PIN

altermondialiste insoumis

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

On connaît l’aphorisme inspiré d’un vers du poète latin Horace : « BIS REPETITA PLACENT » qui exprime que, plus une chose est répétée, plus elle plaît.
Il s’inspire de la pratique de la narration antique des mythes, au cours de laquelle certains détails étaient répétées plusieurs fois. Cette répétition plaisait aux spectateurs car elle leur donnait le sentiment de partager une culture commune.

Illustration 1

Une toute récente chronique du quotidien Le Monde (25 juin 2024 – Solenn de Royer) qui se prétend encore « de référence », considère que Jean-Luc Mélenchon serait devenu un épouvantail pour son camp, le Nouveau Front Populaire.

Cette « idée » ( ?) vient donner le point d’orgue à une campagne de dénigrement de Mélenchon entreprise depuis plusieurs mois, de droite comme de gauche, en vue d’effacer le rôle déterminant qu’il a eu, et qu’il a encore, pour qu’il existe encore dans notre pays une gauche authentique influente.  

Épouvantail, le mot semble fort
Puisqu’il sous-entend que Mélenchon ferait fuir certains des électeurs qui envisageraient de voter pour le Font populaire et qu’il ferait ainsi, consciemment ou non, perdre son camp.

Cette critique, bien des commentateurs l’ont faite dans les années 70-80 à l’ancien secrétaire général du PCF, Georges Marchais, lorsqu’il répétait, lors des campagnes électorales de l’époque :« il faut des ministres communistes au gouvernement ! »

Cette exigence signifiait en réalité qu’il considérait que la présence de représentants au gouvernement du parti qui était encore à l’époque le plus important à gauche était nécessaire, en cas de victoire électorale de la gauche, pour garantir, que le programme commun de gouvernent signé entre le PCF et le PS soit pleinement appliqué.
On sait ce qu’il en est advenu à partir de 1984 lorsqu’il n’y a plus eu de ministres communistes dans les gouvernements de François Mitterrand jusqu’en 1995.

Selon ses détracteurs, c’est volontairement que Marchais provoquait ainsi les électeurs « modérés » (c’est à die « modérément de gauche »), ceux qui craignaient (ou faisaient semblant de craindre), comme la propagande réactionnaire de l’époque l’annonçait, que les chars soviétiques arrivent à Paris quelques semaines suivant après une éventuelle victoire électorale de la gauche.
Il le faisait, selon eux, parce qu’en réalité le PCF ne souhaitait pas cette victoire, pour des raisons restées obscures (des ordres de Moscou ?) 

Illustration 2

Mais la très distinguée chroniqueuse du Monde oublie la définition complète, au sens figuré, du mot « épouvantail » : la personne ou la chose qui inspire de vaines ou d'excessives terreurs, ce qui fait horreur ou qui inquiète fortement, le plus souvent sans raison.

Cette définition est du reste conforme à celle du mot au sens propre : objet ayant le plus souvent la forme grossière d'un mannequin vêtu d'oripeaux, placé en évidence dans les champs ou les jardins pour détourner les oiseaux et les empêcher de s'attaquer aux semences et aux cultures

On peut retenir trois éléments principaux de ces deux définitions :
- tout d’abord, s’il semble effrayant, l’épouvantail est la plupart du temps totalement inoffensif
- ensuite, son apparence repoussante tient aux oripeaux dont il est affublé par ceux qui l’utilisent
- enfin son existence est destinée à faire fuir ceux qui seraient attirés par l’espace qu’il occupe

En utilisant la métaphore de l’épouvantail, la journaliste du Monde nous indique donc, à coup sûr involontairement, que :
1° Mélenchon, en réalité, n’est guère dangereux pour les électeurs
2° s’il apparaît si repoussant, c’est que certains l’on « habillé pour l’hiver »
3° ses détracteurs tentent ainsi d’éviter que ses propositions remportent une large adhésion populaire

D’où les questions
Qui a planté ce décor ?
Et à qui cela peut-il bien profiter ?
Et, surtout, qui sont ceux qui, par intérêt, par calcul ou par jalousie, font semblant de croire à la réalité de ce leurre si grossier, et tentent d’y faire croire les électeurs ?

On voir bien en tout cas l’objectif de cette basse manœuvre : tenter d’affaiblir électoralement et moralement, au travers de son principal porte-parole, le mouvement politique qui est le meilleur garant de la mise en œuvre du programme du Nouveau Front Populaire (NFP), la France insoumise.

C’est ainsi que, pour les hérauts de la bien-pensance, Mélenchon est devenu l’homme à abattre.

Comme l’ont été avant lui des dirigeants politiques porteurs d’un projet de transformation démocratique, sociale et économique avancée, Jean Jaurès et Léon Blum en France, Salvador Allende et Evo Morales en Amérique du Sud, Patrice Lumumba et Thomas Sankara en Afrique, …
Avec le sort que chacun d’entre eux à connu.

Illustration 3

On n‘ignore pas bien sûr que, comme pour l’accord de la NUPES en 2022, certains beaux esprits considèrent que le NFP ne serait qu’un accord électoral et qu’il n’engagerait pas vraiment les partis qui y sont réunis à mettre en œuvre ensemble le programme de rupture qu’ils ont signés.

Quelques-uns spéculeraient même, dans le cas où aucune majorité absolue ne se dégagerait après le 2ème tour, qu’une partie des élus du NFP pourraient accepter de s’allier avec le centre droit, sur le modèle de la Macronie d’origine.
Encore faudrait-il qu’ils se soient montrés suffisamment critiques vis-à-vis de Mélenchon et de LFI pour devenir « fréquentables » : inutile de trop les chercher …

Ce serait un calcul très dangereux, pour le pays comme pour eux-mêmes.

Une formule politique de ravaudage de la Macronie avec une partie de la social-démocratie ne pourrait, à terme, compte tenu de la politique qui en résulterait, comme cela a été le cas depuis 2017, qu’à amplifier l’influence de l’extrême droite avec le risque majeur de sa victoire à la présidentielle de 2027.

Sans compter que, malgré leurs efforts pour prendre des distances avec la FI, ils sont aujourd’hui victimes, comme tous les insoumis, des attaques calomnieuses des éditocrates et des ministres sortants.

Par ailleurs, on sait bien que ceux qui ont saboté la NUPES dans les mois qui ont suivi les élections de 2022 seraient jugés très sévèrement, notamment par la jeunesse, s’ils s’aventuraient à faire connaître le même sort au Nouveau Front populaire.

Avant d’envisager une telle aventure, ils devraient songer que la répétition, surtout quand il s ‘agit de reniement des engagements pris, ne plaît pas toujours.

Illustration 4

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

L’auteur n’a pas autorisé les commentaires sur ce billet