
Depuis plusieurs mois, la caste des médiatocrates a décrypté avec sa finesse habituelle les raisons profondes du soutien apporté par Jean-Luc Mélenchon et le mouvement de la France Insoumise aux populations palestiniennes, à Gaza et en Cisjordanie, face aux représailles criminelles décidées par le gouvernement d’extrême droite israélien après les attaques terroristes du 7 octobre 2023.
Ainsi, d’après eux, ce ne serait pas par solidarité avec les 30 000 victimes innocentes de ces massacres, ni par conviction sur les solutions pacifiques à apporter à un conflit colonial ouverte il y a plus de 70 ans.
Non, ce serait par un vil calcul électoraliste en vue de capter à leur profit les voix des électeurs musulmans ou d’origine arabe des quartiers populaires pour les prochaines élections européennes.
Il est vrai que les dirigeants des autres partis politiques, quels qu’ils soient, n’ont jamais fait, et qu’ils ne font pas d’électoralisme, c’est bien connu.
Si Macron est ses vassaux font systématiquement la guerre aux pauvres depuis 2017 en cassant le code du travail, en contraignant les allocataires du RSA à des travaux obligatoires, en faisant basculer dans la pauvreté et la précarité de centaines de milliers de chômeurs par la réduction de la durée d’indemnisation et le durcissement des conditions d’éligibilité, en forçant des millions de salariés à prendre leur retraite plus tad que prévu, … c’est bien sur pour le bien du pays et pour le bien du « peuple »
Ce n’est pas pour flatter l’électorat du « bloc bourgeois » qui constitue l’essentiel de la base sociale qui a permis leur maintien au pouvoir en 2022.
Comment oserait-on les soupçonner, eux, ces purs esprits, d’électoralisme ?
De même, leur propension à envoyer systématiquement les force dites « de l’ordre » pour réprimer presque toutes les contestations, qu’elles soient sociales, écologistes ou politiques, résulte seulement de leur volonté constante d’assurer la sécurité des biens et des personnes, et non pas de montrer, par la violence de leur répression, aux couches réactionnaires et conservatrices de la société leur détermination à satisfaire leur exigence « d’ordre ».
Bizarrement, les manifestations du monde agricole, même les plus violentes, sont traitées avec beaucoup plus de compréhension : mais ce n’est évidemment pas de l’électoralisme non plus …
Il ne serait pas très compliqué de trouver des exemples de même nature, bien sûr au Rassemblement national, mais aussi dans les partis de la gauche traditionnelle. (par exemple les clins d’œil de Fabien Roussel aux chasseurs et autres pourfendeurs de l'écologie, ou les soutiens de certains dirigeants "socialistes" aux projets d’infrastructures promus par les géants du BTP ...)
En réalité, les partis politiques visent forcément à prendre en compte les intérêts et les souhaits des composantes de la population qu’ils ont décidé de représenter.
C’est la conséquence normale du système électoral au suffrage universel.
Il n’est donc pas logique de leur reprocher d’en tenir compte dans leur programme et dans leurs stratégie.
Mais l’électoralisme, ce n’est pas ça.
C’est la tendance d'un parti à subordonner sa politique essentiellement à la recherche des succès électoraux.
On peut évidemment constater que les partis de droite et d’extrême droite prennent des positions, sur des question politiques, économiques, sociales, écologiques ou sociétales, non pas par réelle conviction, mais avec l’objectif de flatter telle ou telle partie de l’opinion (par exemple les franges du monde rural plus attachées à l’agriculture intensive et à l’agro-industrie).
Mais la France insoumise peut-elle être accusée d’une telle pratique alors que, depuis plus de deux ans, elle affronte l’opprobre de la quasi-totalité de la classe médiatico-politique au sujet de ses positions à l’égard de la guerre d’Ukraine ?
Quelle clientèle électorale penserait-elle pouvoir satisfaire avec cette position ?
Et comment penser que les accusations d’ambiguïté vis à vis de la lutte contre l’antisémitisme pourraient lui accorder les faveurs des électeurs musulmans des banlieues ?
Sauf à vouloir insinuer que ceux-ci seraient majoritairement antisémites ?
En réalité, Jean-Luc Mélenchon n’a pas besoin de cela pour que la jeunesse des quartiers populaires en fasse leur responsable politique préféré.
Ils l’ont abondamment démontré par leur mobilisation et leur vote lors de l’élection présidentielle de 2022.
Mais l’enjeu des élections européennes est d’une autre nature : ils sont moins enclins, on le sait, à s’y mobiliser.
Et c’est pour cette raison que la France Insoumise a lancé une importante campagne de terrain pour combattre l’abstention des quartiers populaires.
Celle-ci, cela est abondamment prouvé, ne profite qu'aux partis du système, qu'ils soient de droite, d'extrême droite, ou de la vieille gauche.
Ils en font même un élément de leur stratégie, réinventant en quelque sorte le suffrage censitaire d'autrefois, où seuls les "nantis" disposaient du droit de vote.
C'est pour cela qu'ils accusent la France insoumise d’électoralisme, illustrant une fois de plus l'adage selon lequel "les mauvaise intentions sont comme l'argent ; on ne peut en prêter aux autres que lorsqu'on en a soi-même".
En fait, ils ont surtout peur que le peuple s'exprime sans entrave.

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