Cette guerre a commencé en 14 et continué en 22… Elle finit comme une fuite en avant dans l’impasse Poutine. Oui, le perdant Poutine ne déconflictualise pas. Une autre guerre est possible ?
Si Poutine n’a pas pris connaissance de mon billet Le préempteur Biden ne spécule pas (1), il est temps encore, avant la frappe préemptive. Car Biden, disons son Conseil en sécurité nationale (2) a une confiance absolue dans la qualité du renseignement US et dans les dispositifs de sûreté US empêchant l’usage accidentel voire non autorisé des armes nucléaires tactiques ou stratégiques. Côté US, il n’y a donc plus de facteur "chance" comme en 1962 (3) pour recadrer les errements.
« Poutine a décimé son armée (4) et perdu la guerre hybride (5), mais il va encore frapper ! » Si le renseignement US le dit… Mais il dit aussi que le facteur "malchance" plombe le côté russe (misère techno) en sorte que Poutine & Co. n’a jamais eu le contrôle Qualité de sa guerre perdante. Tant pis pour qui ?
Certes, Biden n’a pas à cultiver la modération pour gagner et n’a que faire de la méthode contrefactuelle pour agir en Préempteur. Non, il n’y a pas plus de si chez Biden & Co. que de pourquoi dans un camp d’extermination nazi ! Aussi le Préempteur peut-il se permettre de dénier à la malchance tout rôle dans l’engagement nucléaire. Qu’elles soient accidentelles, non autorisée ou pleinement délibérées, les frappes nucléaires russes écraseraient… la Fédération de Russie. Raison pour laquelle une politique de protection des populations US n’est pas un souci.
Poutine & Co. sait bien qui est le maître en "intention préalable" (embellir l’Empire) et en "intention dans l’action" (préempter). Mais piégé dans son nid de souris ukrainien, il veut jouer la diagonale du fou. Bon, il est vrai qu’une ligne directe de déconflictualisation (6) existe entre les deux Compagnies, mais elle est à sens unique : forcément vers le Préempteur. Et voilà Poutine faisant le mort et refusant le secours de cette ligne de vie… Est-ce à dire qu’il a donné l’ordre de frapper les US ?
Bien sûr, cet ordre apparemment insensé pourrait ne pas être exécuté, mais comme la Russie n’a jamais déclaré une doctrine de "non emploi en premier", l’ordre est parfaitement légal et passablement moral. Évidemment, le préempteur Biden compte sur cette logique déontique pour être le premier à frapper en second. Car venue de Poutine et simplement tactique, la frappe nucléaire ne signerait pas une "escalade dans la désescalade" (7) mais la fin du mur russe. Oui, depuis la NPR 2018 (8), le seuil d’emploi est si bas que le vol d’un papillon russe… Grâce à la préemption US, toute escalade nucléaire est exclue.
Attendu que la posture nucléaire US (la NPR actuelle) est comme un écran de fumée pour la préemption,
Attendu que "l’intérêt vital" des US est bien connu de tous : un Empire offensif,
Attendu que la crédibilité de la dissuasion nucléaire est aussi nulle que son fameux paradoxe : "la nécessité de concevoir l’impensable" (9),
Attendu que la fatalité de la préemption implique la seule attente du pensable (10),
On se demande encore pourquoi le perdant Poutine ne déconflictualise pas.
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(1) https://blogs.mediapart.fr/jean-guinard/blog/160322/le-preempteur-biden-ne-specule-pas
(2) https://fr.wikipedia.org/wiki/Conseil_de_sécurité_nationale_(États-Unis)
(3) https://aoc.media/analyse/2022/10/27/lecons-du-bord-du-gouffre-nucleaire-de-cuba-a-kiev/
(…) Depuis la fin des années 1960, d’anciens dirigeants politiques et militaires invoquent le rôle de la « chance », ou de la « providence » dans l’issue non-catastrophique de la crise d’octobre 1962. (…) Il ne s’agit bien évidemment pas de les croire sur parole mais d’observer que ceux qui étaient aux affaires à l’époque auraient tout intérêt à faire des déclarations en sens exactement opposé, affirmant au contraire leur contrôle parfait sur la situation ou la qualité de leur gestion de crise. Or, ils ont fait le choix de rendre public leur jugement sur le rôle de facteurs qui échappent au contrôle. Nous n’avons pas connaissance de participant qui aurait changé d’avis dans l’autre sens, c’est-à-dire en minorant le rôle précédemment attribué à la chance.
(4) Pour une rétrospection des forces russes : https://www.cairn.info/revue-les-champs-de-mars-2017-1-page-31.htm
et une prospection : https://desk-russie.eu/2022/10/28/vladimir-milov-les-sanctions.html
(5) https://www.cairn.info/revue-les-champs-de-mars-2018-1-page-109.htm#no34
(6) https://aoc.media/analyse/2022/10/27/lecons-du-bord-du-gouffre-nucleaire-de-cuba-a-kiev/
(10) Virtuel à cette heure, actuel à son heure, le préempteur ne calcule pas, il pense. Il ne pense pas à, il pense signal fort.
https://blogs.mediapart.fr/jean-guinard/blog/160322/le-preempteur-biden-ne-specule-pas