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Billet de blog 1 octobre 2025

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Une anche passe, autographie bio de François Jeanneau

Plein d'humour et d'apartés qui réfléchissent les périodes traversées par ce jeune homme aujourd'hui nonagénaire, le saxophoniste fait souvent fi de la chronologie parce que la mémoire a ses règles et qu'il est indispensable de les enfreindre lorsqu'on aime raconter des histoires. Il insère des dialogues amusants ou livre ses idées majeures sur l'enseignement du jazz...

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Illustration 1

Pendant les trente-deux ans où j'ai travaillé quotidiennement avec Bernard Vitet j'entendais mon camarade évoquer de temps en temps ceux et celles avec qui il avait partagé un bout de chemin et qui avaient compté pour lui. Je l'ai d'ailleurs enregistré au sujet de ses débuts (il existe déjà un Cours du Temps publié sur le Journal des Allumés du Jazz, mais qui concerne essentiellement la période située entre ces débuts et Un drame musical instantané) ; il faudra donc que je m'y colle un de ces jours à en faire le relevé tant les temps ont changé et que la perspective historique est toujours passionnante et instructive.


C'est la raison pour laquelle j'ai dévoré Une anche passe, l'autobiographie du saxophoniste et compositeur François Jeanneau qui avait enregistré son premier disque en 1960 pour le pianiste Georges Arvanitas avec Bernard à la trompette. Jusqu'en 1965 on les retrouve tous les deux dans le grand orchestre de Jean-Claude Fohrenbach, dans le quintet de Jack Diéval, avec Jef Gilson (Enfin !, Big Band), Jean-Luc Ponty (The Beginning), François Tusques (Free Jazz) et plusieurs tournées avec Claude François, sans compter de nombreuses sessions pour des chanteurs à la mode. Bernard avait abandonné le jazz en 1974, deux ans avant notre rencontre, alors que François s'en réclamait toujours (avec une incartade pour le groupe de rock Triangle), premier chef de l'Orchestre National de Jazz (1986), créateur du département de jazz du Conservatoire de la Réunion (1987-91), puis premier chef du département « Jazz et Musiques improvisées » au CNSMDP (1991-2000), sans compter les innombrables formations qu'il dirige ou auxquelles il participe (Pandémonium, l'opéra Desmodus Minor, le Quatuor de saxophones avec Jean-Louis Chautemps, Philippe Maté et Jacques Di Donato, le trio Humair-Jeanneau-Texier, l'orchestre de soundpainting Le Spoumj, le Bernica Octet, etc.).


Je partage avec François Jeanneau l'influence de Sidney Bechet (j'ai joué du soprano sur ses genoux !), le goût pour les instruments électroniques, en particulier le synthétiseur ARP 2600, et je suis né comme lui Cité Malesherbes au haut de la rue des Martyrs, mais dix-sept ans plus tard ! En lisant les 280 pages illustrées je retrouve évidemment le nom de musiciens avec lesquels Bernard avait joué toute la première partie de sa vie. Mais c'est le style de François qui m'embarque, plein d'humour et d'apartés qui réfléchissent les périodes traversées par ce jeune homme aujourd'hui nonagénaire. Il fait souvent fi de la chronologie parce que la mémoire a ses règles et qu'il est indispensable de les enfreindre lorsqu'on aime raconter des histoires. Il insère des dialogues amusants entre Elle et Lui, deux coccinelles à la Gotlieb, ou livre ses idées majeures sur l'enseignement du jazz telles qu'il les a transmises à ses nombreux élèves devenus pour certains les meilleurs de leur génération. Mon expérience et mon credo sont très différents (je ne suis pas jazz pour deux sous, même si le marché m'y range parfois), mais il est passionnant de connaître ses méthodes. Dans tous les cas, c'est frais et généreux.


→ François Jeanneau, Une anche passe, 21 x 21 cm, ed. Anima Persa, 36,50€

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