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Il ne s'agit évidemment pas des émois d'Oulala qui eut tant de chatons, mais des souvenirs de la chape de plomb que nous avions portée sur les épaules.
Le plus ancien remonte à 1968 où ma petite sœur et moi étions descendus au fond du Grand Canyon. Chaque fois que nous essayions d'affronter la pente, nous faisions machine arrière pour regagner l'unique abri ombragé. L'éblouissant soleil chauffait le sable à blanc. Après je ne sais combien de tentatives infructueuses j'avais finalement réussi à rejoindre sans aide le Greyhound Bus, un grand de dix-huit ans ayant heureusement tiré Agnès jusqu'en haut. Nous n'en avions que treize et quinze. Je remarque qu'elle ne lâche pas son sac à main pour autant ! Comme nous n'avions par contre emporté aucune gourde, à part nos deux carcasses, nous étions totalement déshydratés, les lèvres gercées, éclatées, nous traînant comme deux zombies. Arrivés à El Paso, nous nous étions écroulés tout habillés sur nos lits et nous avions dormi vingt-quatre heures d'affilée.
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L'année suivante nous sommes partis au Maroc avec nos parents. Ce fut le dernier voyage que nous fîmes en famille. Sur la route de Ouarzazate à Zagora, une pluie salvatrice fit arrêter mon père qui coupa le moteur de la voiture de location. Mais les gouttes s'évaporaient avant de nous atteindre. Mon père, qui avait plongé le premier dans la piscine de l'hôtel, faillit avoir une syncope. L'eau était bouillante. La nuit nous avons déliré tous les quatre, malgré les cinq litres d'eau ingérées. On nous avait raconté qu'il faisait froid dans le désert après la fin du jour. Je crois me souvenir que le thermomètre n'était pas descendu en dessous de 51°C.
Plus tard je connaîtrai la Grèce, le sud de l'Italie, la Sicile, et l'Asie du Sud-Est où nous options chaque fois pour une chambre avec ventilateur plutôt que l'air conditionné qui vous colle la crève. Le vent produit par les pals avait aussi l'avantage de faire fuir les moustiques. À Paris je préfère dormir sous une moustiquaire, ce qui me permet de traiter par le mépris les insectes voraces qui en ont après mon AB+. À l'avenir, si jamais la température continue à monter, ce qui est plus que probable, je descendrai un matelas à la cave ! De toute manière je dors mieux dans l'obscurité.