Agrandissement : Illustration 1
Le quartet Sons of Kemet du saxophoniste Shabaka Hutchings m'avait emballé, mais mon cœur est parti sur les chapeaux de roue quand j'ai découvert l'album Singeli Ya Maajabu de Sisso & Maiko que m'indiquait Antonin-Tri Hoang. La noire à 200, ça tue. C'est totalement délirant. Moi qui cherche des trucs étonnants, je suis servi. Il y avait des musiques un peu folles comme ça au début des années 90, comme l'intelligent jungle de Coldcut, mais rien d'aussi dangereux pour le cœur, si ce n'est peut-être le footwork ou juke de Chicago, ou le gabber, un sous-genre néerlandais du mouvement techno hardcore. On pourrait désirer un ou deux morceaux lents pour retrouver sa respiration, mais les deux jeunes Tanzaniens ne débandent pas. De quoi mettre K.O. les danseurs excités les soirs de fête. Ado, j'aurais adoré trembler comme une pile électrique sur ces rythmes impossibles.
Mohamed Hamza Ally (aka Sisso) et Maiko se sont rencontrés à Dar es Salaam. Ils ont adapté le taarab de Zanzibar (îles au large de la Tanzanie), né au début du 20ème siècle, mélange d'influences africaines, arabes, indiennes et européennes, à l'instrumentation proche des orchestres classiques égyptiens avec violon, violoncelle et contrebasse, voire accordéon, oud, qanun et section rythmique, pour leurs instruments électriques et électroniques. Le premier programme sur son MacBook, le second joue sur un piano électrique Yamaha PSS-170 avec un contrôleur FL Studio lui permettant d'ajouter basse et percussion. Sons de synthés 8 Bit des premiers PC, glouglous, cris et autres samples rajoutent humour et dinguerie à la transe. Excusez-moi, je m'arrête là, besoin de reprendre mon souffle.
Comme si cela ne suffisait pas, alors que j'ai terminé mon article, et reposé (entre temps j'ai composé et enregistré le dernier épisode de la série vidéo Patrimoine d'Ile-de-France pour la DRAC), Antonin m'envoie un nouvel exemple de singali tanzanien. Encore plus délirant, si, si, c'est possible, c'est Naona Laaah du DJ Duke (pas celui d'Assassin) avec MCZO & Don Tach. Sur un tempo du diable (le singali oscille généralement entre 200 et 300 à la noire !), une voix qui semble accélérée, me rappelant les barjitudes du Japonais Tony Tani.