Le mois dernier j'ai cherché vainement où j'avais garé ma voiture dans le garage du Centre Pompidou. Nous avons arpenté je ne sais combien de fois les différents niveaux sans la trouver. Elle était simplement dans un autre garage, dit Beaubourg, si je me souviens bien, question de mémoire évidemment, pour ne pas avoir noté le chiffre peint, garage dont l'entrée est à quelques mètres de l'autre. Cela n'aurait pu m'arriver dans celui qui abrite aujourd'hui le
Musée Transitoire, parce que celui de la Villa du Clos Malevart dans le 11e arrondissement de Paris est tout en hauteur. De toutes manières il est désaffecté en attendant de devenir un immeuble de bureaux. Le contraste de ces 4000 mètres carrés entre la vie passée et l'exposition d'œuvres plutôt minimalistes est saisissant, créant de temps en temps une ambiguïté entre le ready made architectural et les installations des artistes choisis par
Romina Shama et
Amandine Casadamont, d'autant que cette première exposition intitulée
I would prefer not to est évolutive, se nourrissant d'elle-même jusqu'au 31 octobre. Ici peu de résistance passive face au rationalisme comme chez le
Bartleby d'Herman Melville, mais le choix d'en faire peu au milieu du vide. Shama dont l'image feedback de la mise en abîme est le moteur et Casadamont dont les sons se veulent ici exogènes signent ensemble
Le Bocal de l'entrée, recréation factice de l'ancienne réception du garage. Plus loin on peut suivre le fil de soie bien mince de
David Miguel, se retrouver encerclé par le son des radars de
Philip Samartzis, s'enfermer avec
Les fantômes de l'autorité de
Philippe Mayaux, s'interroger sur les chaises vides d'
Olivier Bardin, partout le vide, sans que le syndrome Duchamp soit trop appuyé...
Je m'y retrouve plus facilement dans les sculptures de
Reeve Schumacher (mes deux photos), œuvre matérielle qui n'exige pas qu'on lise un mode d'emploi pour la saisir, deux pièces dont la perception des ficelles sont dans mes cordes. J'aurais été curieux d'assister à sa performance
Sonic Braille où il utilise des disques vinyles qu'il a lui-même incisés au cutter pour créer un son fait main à partir de boucles sans fin, mais, déjà engagé, je devais reprendre ma voiture garée dans la rue puisque j'avais eu la chance de trouver tout de suite une place dans un quartier qui en manquera forcément à l'avenir.
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