Agrandissement : Illustration 1
Mes petits-enfants sont loin des écrans, épargnés d'un côté comme de l'autre. Comme Jil fait le clown derrière le livre Vroum et qu'il est impossible de la reconnaître, je me permets de publier exceptionnellement la photo de samedi dernier. Ses parents jouant à Paris, je me suis retrouvé grand-père de garde. Jil est particulièrement espiègle, elle rit tout le temps, montre du doigt tout ce qu'elle découvre et teste systématiquement les instruments de musique du studio. Son approche est évidemment peu conforme aux usages en vigueur. À quinze mois, on tape sur tout ce qui est à portée de main avec tout ce qui nous tombe sous les doigts. Les boîtes à meuh sont évidemment très appréciées, quitte à les secouer comme des maracas. Son acharnement sur les grandes toupies à musique reste vain et je dois l'aider à les faire siffler. Je sélectionne évidemment des percussions qui ne sont pas trop fragiles, mais elle réussit à souffler dans de minuscules flûtes en plastique. Et puis tout à coup la fatigue a sonné l'heure de la sieste.
À nos âges, le sien et le mien, le grand écart n'est pas simple. J'ai tout de même du mal à jouer à quatre pattes. À prendre des pauses de travers, je me fais régulièrement un tour de rein ou un petit torticolis. Et lorsque les éboueurs sonnent à la porte pour les étrennes avec leurs calendriers je dois descendre avec onze kilos dans les bras, puis les remonter si nous étions en train de jouer là-haut. En dehors de ces aléas et sans évoquer les innombrables consignes parentales concernant les repas, le sommeil, les activités ludiques, les déplacements en poussette, etc., c'est un régal de voir pousser cette jeunesse vive et rigolote. Comme le remarquait son grand frère qui sait subtilement en profiter avec notre complicité, les grands-parents ont beaucoup moins de règles et d'interdits que les parents. C'est notre rôle. Nous avons le meilleur, épargnés par le pire.
Je me souviens tout de même d'un soir où Eliott avait eu un saignement de nez et que j'ignorais totalement comment l'arrêter. Je fis même tout le contraire de ce qu'il fallait. Au lieu de lui pincer le haut du nez, je lui mettais la tête en arrière, et sans coton je cherchais à endiguer le flot avec du papier hygiénique roulé. Il y avait du sang partout, par terre, sur les murs, à tel point que je nous entraînai dans la cabine de douche. Ma fille était injoignable et le répondeur de SOS Médecins avait répondu de rappeler cinq heures plus tard ! Nous avons fini par échapper à cette scène très gore au bout d'une trentaine de minutes. Donc tout va bien, sauf en cas de maladie, voire d'accident, où, comme tout le monde, nous nous sentons démunis, surtout face à des enfants ne pouvant s'exprimer verbalement.
Ce week-end, rien de tout cela, mais une partie de plaisir nouvelle, car j'avais franchement tout oublié. Le soir, comme je désirais profiter de la fête chez mes voisins, ma fille eut l'excellente idée de laisser un téléphone ouvert dans la chambre de Jil connecté au mien tandis que je conservais une oreillette au milieu du tintamarre ambiant. Le baby-phone eut été inopérant et probablement trop éloigné. Une oreille à la fête, l'autre dans sa chambre, jusqu'à ce que ses parents prennent la relève, leur spectacle terminé, j'assurai mon rôle, me rappelant la dénomination dont on nous affuble avec raison, les chicoufs, pour "Chic ils arrivent ! Ouf ils s'en vont !".
Agrandissement : Illustration 2