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Si la palette de Vassily Kandinsky est étendue, il le doit à son désir d'art total. Le son et la musique, la lumière et le décor, le mouvement et le relief font partie du spectacle qu'il donne à voir et à entendre. L'exposition Kandinsky, la musique des couleurs à la Philharmonie de Paris, réalisée avec le Centre Pompidou, offre un va-et-vient très réussi entre la musique et la peinture, une sorte de voyage synesthésique. Pour une fois l'usage des casques audio prend tout sons sens. Il serait dommage d'effectuer la visite sans baigner dans ce nuage musical qui nous fait flotter dans le temps, du Lohengrin de Wagner aux pièces de Schönberg en passant par Les tableaux d'une exposition de Moussorgski ou Le sacre du printemps de Stravinski. Y sont exposés nombreux tableaux aux couleurs éclatantes et aux formes plus ou moins abstraites, mais aussi des partitions de Russolo, Scriabine (on rêverait de voir son clavier à lumières), Schönberg (proche du peintre) et Kandinsky lui-même, ses œuvres picturales étant fondamentalement musicales. Elles portent d'ailleurs des titres s'y rapportant comme ci-dessous les Improvisations 3 et 14. Ailleurs une Fugue ou celles de Klee, Kupka ou Macke...


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Le magnifique catalogue de l'exposition recèle des textes passionnants. Kandinsky s'intéressait d'ailleurs aussi aux mots dont on peut admirer les xylographies ou matrices en bois du recueil Klänge. Il est dommage que l'on n'y trouve pas la liste des œuvres diffusées dans les casques pour là aussi le lire en musique. Si l'exposition dépasse celles souvent fétichistes de la Philharmonie, on y trouve aussi des disques de la collection du peintre et de son épouse, montrant son éclectisme avec Scarlatti, Bach, Beethoven, Schubert, Verdi, Debussy, Milhaud, Bartók, Weill, La midinette de Manuel Jovés ou Bells of Hawai de Billy Heagney !


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Kandinsky jouait du piano, de l'harmonium et du violoncelle. Le Salon de musique (réplique au MAMC de Strasbourg) est seulement en photo, mais les compositions scéniques ont été reconstituées, soit en animation vidéo, soit avec un triple écran synchronisé avec les Tableaux d'une exposition. Sa complicité avec le Bauhaus se retrouve dans les films d'Oskar Fischinger, et j'y reconnais l'influence sur certains travaux de mon camarade Eric Vernhes ! L'exposition dure jusqu'au 1er février 2026. En définitive, la fermeture du Centre Pompidou permet des collaborations et des décentralisations bénéfiques.