Passage du cinéma, 4992
- 21 nov. 2019
- Par Jean-Jacques Birgé
- Blog : Miroir de drame.org
"Passage du cinéma, 4992" est l'équivalent littéraire des "Histoire(s) du cinéma" de Jean-Luc Godard, une œuvre ouverte et multiforme où l'on entre au petit bonheur la chance pour ensuite y dérouler un fil d'Ariane... Godard a d'ailleurs écrit que c'est « le seul livre à raconter l'histoire du cinéma ». Indispensable aux cinéphiles !

Annick Bouleau a donc passé 19 ans à récolter 4992 extraits glanés au fil de ses lectures jusqu'à ce que ces cailloux de Petit Poucet la mènent à un jeu de l'Oie, magique pour qui se targue de cinéphilie. Son site Ouvrir le cinéma est un autre labyrinthe où se perdre jusqu'au vertige. Ici, il suffit d'ouvrir le livre à une page et de se laisser aller. On peut préférer la table des centaines de matières, d'abandon à zoom, où les mots vous font de l'œil, à vous et personne d'autre. C'est un livre blanc, un gros livre tout blanc, sans images imposées puisqu'elles viennent toutes seules, avec des mots qui dansent et font la ronde. On n'a pas fini d'en faire le tour. Je commence à peine. C'est un livre de montage sans index de réalisateurs, mais où chaque "article" est référencé, renvoyant souvent à un autre. C'est un des livres les plus étonnants de ma bibliothèque cinématographique avec Bonjour Cinéma de Jean Epstein et Cover To Cover de Michael Snow. Ce dernier ne possède que des photographies noir et blanc pleine page sans aucun mot ! Orson Welles racontait qu'il suffit de retirer un paramètre à la réalité pour entrer en poésie. Si les livres figurent parmi les plus beaux objets interactifs, Passage du cinéma, 4992 en justifie le terme.
→ Passage du cinéma, 4992. 992 pages, ed. Ansedonia, 35€
Le Club est l'espace de libre expression des abonnés de Mediapart. Ses contenus n'engagent pas la rédaction.