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J'ai eu beau avoir comme professeur d'histoire-géographie, et chacun deux ans de suite, le communiste Jean Gacon et l'écrivain Louis Poirier, plus connu sous le nom de Julien Gracq, en particulier pour avoir refusé le Prix Goncourt en 1951 pour Le rivage des Syrthes, je n'ai pas particulièrement brillé dans ces matières au Lycée Claude Bernard à Paris. Bon élève, on m'avait astucieusement collé le latin, puis l'allemand en seconde langue, avant de m'orienter vers la section scientifique, ce qui ne fut certainement pas une idée géniale, même si j'en garde un esprit mathématique utile en musique. J'eus en effet mon Bac C avec 2 en maths et 5 en physique, repêché miraculeusement par des notes faramineuses en français, philo, langues... et gymnastique ! C'est dire si je jubile de comprendre un peu mieux l'Histoire de "ce que nous sommes habitués à appeler la France" en suivant sur le web-media Blast les épisodes contés par Pacôme Thiellement, d'autant que je partage en général son analyse pour ce que j'en sais et ce que j'en suis. Beaucoup de choses que mon esprit critique soupçonnait y trouvent leur explication. J'avais déjà évoqué ici sa série Infernet, et la première saison de L'empire n'a jamais pris fin, or débute le premier épisode de sa troisième et dernière saison (ou quinzième épisode en l'état), De Napoléon à Macron : l’arnaque (totale) des "grands hommes" dont on peut également trouver le texte sur Blast.
Épaulé par une équipe dévouée, dont les réalisateurs Mathias Enthoven et Ameyes Aït-Oufella, et évidemment les historiens Marie-Aimée Romieux, Raphaël Carbonne et Karl Zimmer, Thiellement ne prétend pas l'être. Sans non plus revendiquer objectivité et exhaustivité, il se proclame exégète et, en excellent conteur, multipliant les références youtubesques en clins d'œil aux plus ou moins jeunes générations, revoit avec une impertinence nécessaire et un humour très rock 'n roll l'Histoire qu'on nous a cachée, puisque celle apprise à l'école privilégiait toujours celle des puissants au détriment de celle du peuple. Souvent lorsque j'essaie d'expliquer les tenants et aboutissants des conflits, révolutions ou génocides, on me répond que c'est compliqué, façon de surtout ne pas s'engager. Ce n'est pas compliqué, mais complexe, et Thiellement décortique les rouages infernaux qui nous ont menés là où nous en sommes. La logique, fut-elle parfois vêtue d'attributs poétiques, est imparable. Thiellement en irritera forcément certains, en particulier les défenseurs du roman national, mais il en fascinera beaucoup d'autres, parce que les mécanismes du pouvoir sont les mêmes depuis César et probablement bien avant, et parce qu'il n'y a pas de fiction plus délirante que le réel.
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Pour ceux qui n'ont encore rien vu ni lu de cette saga, je conseille de commencer par le premier épisode de la saison 1, De César à Macron. La publication des tomes 1 et 2 corrige ou précise les textes des épisodes, expurgés des inserts facétieux façon coccinelle de Gotlib (et parfois spécieux) qui ponctuent les émissions dont la durée est chaque fois celle d'un long métrage. Chapitres courts, simples à lire. Le livre permet de revenir facilement sur tel ou tel passage de notre Histoire, voire de les annoter pour la version papier, parce que c'est du lourd. Le tome 2 offre un long bonus biographique sur le Marquis de Sade.
→ L'empire n'a jamais pris fin - Tome 1, Massot Éditions & Blast, 20,90€ (ePub 9,99€)
→ L'Empire n'a jamais pris fin - Tome 2 De Rabelais à la révolution suivi de Quid de Sade ?, Massot Éditions & Blast, 22,90€ (ePub 9,90€)