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Ainsi, un ancien président de la République est condamné par une Justice aussitôt mise au ban des accusés, elle serait porteuse de haine à l’égard de celui qui jadis accusa les magistrats d’être des petits pois. Son Parti et ses voisins, ceux d’une droite plus extrême qui ont subi des foudres analogues crient au loup, poussent des cris d’orfraie, traînent Justice et magistrats dans la boue. Faute de pouvoir justifier l’injustifiable, il faut abattre le juge comme dire que son chien à la rage quand on veut s’en séparer. Le bruit fait, souvent avec la complicité de médias agissant comme une caisse de résonance, autour de ce jugement par « les amis » du condamné fut tel qu’il avait toute l’apparence d’un brouillage visant à faire oublier le fondement du jugement. Ce n’est là qu’une vieille technique de rhétorique : le détournement de sujet.
Ces politiciens, plutôt ces politicaillons donnent une bien piètre image de leur corporation, de leur sens des responsabilités et du respect des institutions. Ce sont ceux qui chaque jour nous donnent des leçons de République et de « responsabilité ». Dès lors, faut-il revoir les fondements de l’institution judiciaire dans une démocratie ? Ou prendre acte que pour ces partis politiques il y a une volonté certaine que le politique au pouvoir gouverne la justice, au risque de l’émergence d’une dictature.
Au détour de cette affaire lamentable on s’interrogera sur la place de la morale dans une société démocratique et individualiste ainsi que de savoir si les élites seraient dispensées du devoir moral.
Gaza : Trump et les autres
Voilà que l’inénarrable président qui dirige les USA vient de pondre un plan pour mettre un terme au conflit israélo-palestinien. Il a pris l’avis du Premier ministre israélien qui a imposé un certain nombre de ses « désirs », mais il a soigneusement écarté les Palestiniens qui sont priés aujourd’hui d’accepter ou de risquer les flèches de l’enfer. Notons au passage que seul le Hamas semble concerné par ce plan car l’Autorité palestinienne n’est pas conviée aux discussions ; pour Trump la Palestine s’arrête à Gaza. Sachant son inculture en matière tant de géographie que d’histoire on peut comprendre son incurie et ce n’est ni réjouissant ni réconfortant.
Alors, s’agit-il d’un plan de paix qui ne fait pas mention d’un État palestinien, ou plus simplement qu’un accord de cessez-le-feu pour calmer la montée des récriminations populaires par le monde ? Plus simplement sans doute n’est-ce qu’une révision, à la baisse, du projet trumpien de création d’une « Riviera » sur la bande de Gaza dont la gestion serait confiée à Tony Blair ? Tony Blair décrit, au moment du déclenchement de la guerre en Irak (2003) comme le caniche du président américain, est le moins compétents surtout le moins pertinent des politiciens pour gérer un processus de paix surtout en Palestine. Si la situation n’était pas tellement triste et désastreuse, nous pourrions écrire que la participation d’un ancien Premier ministre britannique est cocasse au vu de la gestion catastrophique et remarquablement partisane que l’Angleterre a faite dans cette région entre 1920 et 1948 en s’appuyant sur la déclaration Balfour[1] (1917) dans laquelle le Royaume-Uni se déclarait en faveur de l'établissement en Palestine « d’un foyer national pour le peuple juif ».
Pourquoi faire appel à une officine privée pour gérer l’avenir d’un peuple ? Les USA en ont fait une expérience lamentable en Irak, et l’entreprise Bechtel Group a pitoyablement échoué dans sa mission de reconstruction du pays. Au-delà, il serait utile d’apprendre au président Trump que son pays a perdu piteusement toutes les « guerres de reconstruction » qu’il a conduite : en Corée, au Vietnam, en Irak, en Afghanistan… Mais, on sait la fascination de Trump pour l’ONU, pourtant son plan prévoit bien, pouvait-il faire autrement, de confier l’aide humanitaire à l’UNRWA.
Le plan présenté aujourd’hui par M. Trump est-il autre chose qu’un cadeau fait à Israël, dans la même veine que la résolution 181 de l’ONU en 1947 ?
Le MEDEF et les riches sont en embuscade ! Du moins les ultras riches, ceux qui proportionnellement à leurs avoirs (ce qui va au-delà des simples revenus) sont relativement moins imposés que les plus modestes. Si nous sortons des pourcentages bruts pour nous intéresser au reste après impôts dans une sorte de fiction nous verrons la réalité de la vie. Si je gagnais 45000€ par an ce qui me mettrait largement au-dessus du revenu médian, et que je payais 30% d’impôts, il me resterait 31500€ soit 2650€ par mois ; si je gagnais 1000000€ par an et que je payais 50% d’impôts il me resterait 500000€ soit 41666€ par mois. C’est ce calcul que font les gens pour qui il n’est pas question de ramener les très hauts revenus à un reste après impôts équivalent à celui des bas revenus, ils veulent très simplement que dans un moment de crise les très hauts revenus contribuent un peu plus.
Alors, la Taxe Zucman est une possibilité, parmi d’autres, d’amener les plus riches à mieux participer à l’effort national. C’est tout simplement un acte de justice fiscale donc sociale. La proposition de Gabriel Zucman est sans doute à discuter sur son ampleur, sur les produits à taxer mais ni elle ni son auteur ne méritent les invectives stupides du patron du MEDEF ou du milliardaire B. Arnault : pour le premier qui faute d’être économiste se targue d’être un pragmatique en économie et dit que la taxe Zucman est « une proposition lunaire », quant au second il accuse « Gabriel Zucman d’être un « militant d’extrême gauche » qui « met au service de son idéologie (qui vise la destruction de l’économie libérale, la seule qui fonctionne pour le bien de tous) une pseudo-compétence universitaire qui, elle-même, fait largement débat ». Ça me plaît bien l’idée de détruire l’économie libérale car, contrairement à ce que dit Bernard Arnault l’économie libérale n’œuvre pas pour le bien de tous, elle sert avant tout et surtout à enrichir les plus riches sans qu’il y ait le fameux ruissellement évoqué dans sa jeunesse politique par son copain Emmanuel Macron. Au-delà du débat purement économique venir calomnier Gabriel Zucman en racontant des billevesées comme l’a fait Bernard Arnault relève soit de la petitesse d’esprit soit de la terreur et de l’angoisse dans lesquelles la théorie de Zucman, soutenue par deux prix Nobel d’économie, met le chantre du capitalisme par ailleurs soutien de Trump dont on ne peut pas dire qu’il soit un philanthrope. Faute d’être un brillant chercheur M. Arnault, entre deux bulles de champagne, dénigre Gabriel Zucman qui a enseigné à Harvard… Mais, de nos jours la science pèse peu face à l’argent. On peut critiquer toute théorie économique d’autant que l’économie n’est pas une science « exacte » et qu’aujourd’hui elle sert surtout de justificatif à des idéologies pas toujours glorieuses, mais alors on se bat avec des arguments académiques pas avec des insultes et des calomnies.
Finalement c’est peut-être Thomas Piketty qui voit juste lorsqu’il dit que la Taxe Zucman : « Ça ne réglera pas tout, évidemment, mais c’est l’étape nécessaire pour éviter les flambées populistes, que les gens continuent de consentir à l’impôt. » Car ce que les « pauvres » » reprochent aux riches ce n’est pas leur richesse, c’est leur » mépris !
Lecornu du Macron tout net et du Barnier et du Bayrou bis ou Tartufe au pouvoir
Au moment où les syndicats ont entamé une nouvelle journée de mobilisation pour tenter de peser sur le prochain budget, Sébastien Lecornu étudie plusieurs pistes de baisses des prélèvements en faveur des salariés. Il propose différentes mesures comme « une défiscalisation et un allègement des charges sociales » sur les heures supplémentaires, une réduction de l’impôt sur le revenu pour les couples payés chacun « légèrement » au-dessus du SMIC.
La quadrature du cercle a été découverte à Matignon : le Premier ministre, largement cornaqué par Emmanuel Macron, propose de réduire les recettes de l’État pour remplir les caisses vides ; génial ! Ils appliquent là leur recette favorite, équivalente à celle utilisée pour calmer les Gilets Jaunes : distribuer une poignée de cacahuètes aux gens les plus modestes pour essayer de capturer sinon leur vote au moins leur « soumission volontaire » et éviter de nouvelles manifestations de mauvaise humeur. En outre en « bonifiant » les « heures supplémentaires » ils satisfont la Droite et le patronat les plus réactionnaires, les plus archaïques et les plus cupides.
C’est tout de même de la politicaillerie plutôt que de la bonne gestion. Mais si les gens sont contents de gagner 200 ou 300€ de plus par an en étant heureux de travailler plus d’heures… Advienne que pourra des finances de l’État et de la Sécurité sociale !